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Textile – ONG : Mettre fin au harcèlement sexuel dans les usines

Dernière mise à jour : 27 nov. 2019

« Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail pourrait avoir un coût indirect de 89 millions de dollars US par an pour l’industrie du vêtement », a déclaré Jan Noorlander, directeur pays par intérim de L’ONG Care Cambodia lors du récent forum sur le thème « Femmes au travail »

Défis

Le secteur du textile a déjà une forte actualité sociale avec la Commission européenne qui a entamé depuis février le processus de retrait de l’accès du Cambodge au régime préférentiel Tout Sauf les Armes. Dans ce secteur en particulier, les femmes sont celles qui souffriraient le plus de cette mesure.

Mais, cette menace n’est pas le seul défi.

Chhun Srey Sros, ouvrière du textile à Sangkat Chaom Chao (à droite), à la cantine de son usine textile

Chhun Srey Sros, ouvrière du textile à Sangkat Chaom Chao (à droite), à la cantine de son usine textile


Attention

Secteur en pleine expansion mais vulnérable, le textile fait logiquement l’objet de beaucoup d’attention de la part du gouvernement et des associations internationales telles CARE, le Bureau International du Travail (BIT) et l’ONU. Si le programme Better Factories Cambodia – BFC (1), – De meilleures usines au Cambodge – mis en œuvre par le BIT, et destiné à améliorer les conditions de travail des employés du textile est le plus connu, il existe également un programme visant à créer des environnements de travail transparents, sans discrimination ni harcèlement.

Enhancing Women’s Voice to Stop Sexual Harassment (STOP)

Renforcer la voix des femmes pour mettre fin au harcèlement sexuel : Le projet est financé par le gouvernement australien par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères et du Commerce, de la plate-forme d’action pour l’égalité des sexes et du programme de coopération des ONG australiennes.

Le kit proposé par l’ONG CARE comprend un ensemble de recommandations générales sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail ; un guide de mise en œuvre pour les usines et une formation multimédia complète à l’intention du personnel afin de prévenir et de signaler le harcèlement sexuel.

Le package a été développé en consultation avec le gouvernement, l’industrie et les travailleurs du vêtement. CARE continue de travailler en partenariat avec les usines cambodgiennes pour mettre en œuvre et tester le progiciel.

La campagne de prévention du harcèlement sexuel de CARE a été élaborée avec le soutien du gouvernement australien et aussi du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies contre la violence à l’égard des femmes.

Le gouvernement australien soutient l’extension de ce projet à un plus grand nombre d’usines au Cambodge. L’OIT et H & M appuient également l’accès du programme à de nouvelles usines. La Fondation Levi Strauss soutient financièrement le projet dans plusieurs usines de ses fournisseurs.

Une journée avec Chhun Srey Sros, ouvrière du textile à Sangkat Chaom Chao

Chhun Srey Sros, âgé de 24 ans, vit à Sangkat Chaom Chao et travaille dans une usine cambodgienne où le Fonds d’affectation spéciale de l’ONU et son partenaire CARE ont développé du matériel éducatif et instauré un règlement visant à réprimer le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

Sixième parmi dix frères et sœurs, Srey Sros a quitté l’école quand elle était en dixième année pour soutenir financièrement sa famille. Elle travaille dans l’usine de vêtements depuis six ans et gagne parfois plus de 200 $ par mois avec les heures supplémentaires.

Chhun Srey Sros, âgé de 24 ans, vit à Sangkat Chaom Chao

Chhun Srey Sros, âgé de 24 ans, vit à Sangkat Chaom Chao


« Je mange ici tous les jours car ”Tatie” sait comment rendre le bobor délicieux », Srey Sros s’arrête ici pour le petit-déjeuner, près de sa petite chambre louée à Phnom Penh, qu’elle partage avec ses frères et sœurs. Elle mange chaque jour le même petit-déjeuner qu’elle paie 1500 riel (0,3 USD).

Elle commence à travailler chaque matin à 6h30 et termine vers 15h30, sauf lorsqu’elle effectue des heures supplémentaires.

La sortie de l’usine

La sortie de l’usine


« La culture cambodgienne dit que les hommes sont considérés comme de l’or et que les femmes sont considérées comme des étoffes. Ce n’est pas juste. La vie en tant que femme est un défi », explique Chhun Srey Sros. Le harcèlement sexuel dans les rues ou au travail est encore courant au Cambodge. Dans le cadre du projet concernant ce problème sur le lieu de travail, Srey Sros et beaucoup de ses collègues ont appris à se prononcer contre le harcèlement.

Agir ensemble

« Je travaille ici depuis six ans. Après la mort de mon père, mes neuf frères et sœurs et moi-même avons dû travailler pour soutenir la famille. Mes sœurs travaillent toutes dans cette usine ou dans des usines à proximité », explique la jeune femme. L’usine de Sangkat Chaom Chao où travaille Srey Sros prétend être à l’avant-garde de la lutte contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

Le projet a contribué à créer une campagne efficace dans l’usine. Et celle-ci a adopté une politique qui encourage les travailleurs à signaler le harcèlement, et veille à ce que des mesures soient prises contre les auteurs.

«…Depuis que le projet contre le harcèlement sexuel a débuté, j’ai beaucoup appris. J’ai compris comment nous pouvions empêcher cela en agissant ensemble…», confie Srey Ros.

Srey Sros, aime déjeuner avec sa soeur Srey Roth, âgée de 23 ans : «…J’ai beaucoup d’amis à l’usine, et je m’entends bien avec ma sœur. Le déjeuner est un moment très social, même si c’est un peu court. Khmer Sour Soup est mon plat préféré…». Après le travail, Srey Sros se promènera dans un marché de Sangkat Chaom Chao. Elle rentrera ensuite à la maison pour préparer le dîner en écoutant la radio, elle n’a pas encore les moyens de s’acheter un téléviseur.

L’expérience de Sorya

A 34 ans, Sorya a déjà 16 ans d’expérience dans l’industrie du vêtement. Elle travaille dans des usines depuis l’âge de 18 ans. Au cours de cette période, elle a eu plus que sa part de harcèlement sexuel au travail. « Parfois, mes collègues me prenaient dans les bras par derrière et me traitaient de « chérie ». Parfois, ils me taquinaient verbalement. J’ai essayé de l’accepter mais dans mon cœur j’étais tellement en colère, et je voulais vraiment qu’ils s’arrêtent. “

À l’époque, elle ne savait même pas que c’était du harcèlement sexuel – elle savait juste que cela la rendait folle de colère et lui donnait envie de ne pas aller au travail. Mais Sorya est le seul soutien de sa famille. Son mari est un père au foyer et s’occupe de leurs trois enfants âgés de 6, 12 et 15 ans. Toute la famille dépend d’elle.

Lorsque CARE a lancé son projet Renforcer la voix des femmes pour mettre fin au harcèlement sexuel sur le lieu de travail de Sorya, les choses ont changé. Le projet a contribué à créer des environnements plus sûrs pour les travailleuses dans les usines de confection en réduisant le harcèlement sexuel grâce à la formation, à l’élaboration d’une politique efficace et à la mise en œuvre de mécanismes de signalement sécurisés.

Grâce à son implication dans le projet de CARE, Sorya comprend maintenant que le comportement de ses collègues était du harcèlement sexuel. « Avant, il n’y avait aucune politique réprimant le harcèlement sexuel dans mon usine de confection, mais maintenant, nous en avons une, et CARE s’est engagé avec nous. Cela nous aide à résoudre les problèmes rapidement. Les travailleurs se sentent maintenant en sécurité. »

Le programme de CARE s’étend jusqu’en juin 2021 et concerne 18 usines au Cambodge.

Autres défis

Une étude récente de l’initiative des Nations Unies, Better Factories Cambodia – BFC (1), montre que la situation dans les usines de confection du pays s’améliore largement. Mais, plusieurs problèmes montrent clairement que les entreprises du secteur doivent créer de nouveaux mécanismes de responsabilité et de transparence.

Améliorations

Le récent rapport de Better Factories révèle que les lois internationales relatives aux salaires des heures supplémentaires, aux discriminations à l’encontre des employés, au travail des enfants, aux exercices d’évacuation de routine ; et aux représailles contre les membres du syndicat ont été mieux respectées.

L’enquête a révélé que 44% des usines étaient totalement conformes aux normes internationales du travail et aux législations nationales du travail dans ces domaines, contre 33% lors de leur précédente enquête.

C’est une amélioration substantielle, mais cela signifie néanmoins que plus de la moitié des usines enregistrées au Cambodge doivent encore faire des efforts. Entre novembre 2017 et mai 2018, BFC a constaté 234 violations parmi les quelque 500 usines interrogées.

57 usines ont clairement montré des cas de discrimination, neuf usines ont commis des violations du travail forcé et 155 usines ont violé le droit des travailleurs à la liberté syndicale. S’agissant du travail des enfants, l’enquête n’a révélé que 11 violations des lois internationales sur le travail des enfants parmi 600 000 travailleurs, soit beaucoup moins que les 74 infractions constatées en 2014.

Selon de nouvelles mesures gouvernementales, les femmes enceintes sont désormais autorisées à quitter leur travail 15 minutes à l’avance et bénéficient d’une prime de 400 000 riels (environ 100 dollars américains) par nouveau-né.

(1) Better Factories Cambodia est un partenariat entre l’Organisation internationale du travail et le gouvernement royal du Cambodge, ainsi que l’International Finance Corporation (IFC) et les gouvernements australien, néerlandais, suisse et américain, sans oublier Levi Strauss et Gap.

Mise à jour – Par Christophe Gargiulo. Sources : CARE – BFC – ILO – UN Women Cambodia

Photographies par Charles Fox – UN Women Cambodia (cc)

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