L’organisation belge APOPO héberge dans ses locaux de Siem Reap le travail du photographe Roun Ry.
C’est lors d’une rencontre avec le photographe Roun Ry que Benjamin Carrichon (photo) entrevoit tout le potentiel d’un reportage sur le terrain
Sur la paroi de briques s’alignent 16 clichés, qui témoignent d’un séjour effectué par l’artiste au cours du mois d’août 2018 en compagnie d’une équipe de déminage. Le photographe livre sa vision du travail titanesque accompli par ces démineurs pas comme les autres, comptant parmi ses membres des rongeurs surentraînés.
Un sous-sol truffé de mines
Les photos exposées, prises dans la campagne de Siem Reap, s’intéressent autant à l’action des démineurs qu’aux villageois confrontés à la présence des mines antipersonnelles. Disposés de manière aléatoire, ces engins de mort provoquent encore chaque année des dizaines d’accidents : en 2018, cinquante personnes ont eu le malheur de croiser sur leur chemin ces dispositifs dont la charge reste toujours active. Si le nombre d’accidents tend à se réduire au cours des années, le problème des mines antipersonnelles reste au Cambodge une question prioritaire. Conséquence de trois décennies de guerre, 4 à 6 millions d’engins explosifs, mines et bombes, resteraient enfouis, sur les 26 millions propagés sur tout le territoire.
Le cricétome des savanes, ce héros
Le développement de certains villages reste encore contrarié par la présence récurrente de ces mines, qui contraignent à ne pas s’éloigner des chemins balisés et empêchent le travail dans les champs ou l’accès à l’eau. C’est alors qu’interviennent, en coordination avec la CMAC , les équipes de l’ONG APOPO.
Le cricétome des savanes, ce héros
Fondée en Belgique, le principe de l’organisation est imaginé par Bart Weetjens, grand voyageur et spécialiste des rongeurs. Confronté en Afrique au problème des mines, cet entrepreneur social décide en 1997 de mettre l’odorat exceptionnellement développé du rat au service de la détection d’explosifs. Le cricétome des savanes, espèce la plus apte à remplir ce type de mission, s’illustre vite par ses compétences et permet à APOPO de s’implanter dans 8 pays, dont le Cambodge en 2015.
Apopo : Des photos contre les mines
De l’Angkor Photo Festival aux champs de mines
C’est lors d’une rencontre avec le photographe Roun Ry que Benjamin Carrichon entrevoit tout le potentiel d’un reportage sur le terrain. Le dynamique chef de projet officiant au sein d’APOPO cherche alors à sensibiliser le public au travail de déminage effectué par ses équipes. Talent émergent de la photographie cambodgienne, Roun Ry a quant à lui participé aux ateliers de l’Angkor Photo Festival sous la tutelle d’Antoine d’Agata et de Sohrab Hura. Il y acquiert une solide base technique et un sens du récit qu’il met à profit dans cette série de photographies, qui resteront exposées durant quelques mois. Aller les admirer sera aussi l’occasion de découvrir le travail de l’organisation belge et de faire connaissance avec ses rats-démineurs. Grace à cette technique, 12 champs de mines ont été nettoyés en 2018, soit l’équivalent de 115 hectares rendus enfin à la vie.
Les locaux d’APOPO se situent à Siem Reap, non loin de la pagode Wat Thmei, en direction des temples, et peuvent se visiter du lundi au samedi de 8h30 à 17h30, Tel : 08159 9237
Texte et photographies par Rémi Abad
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