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Produit du Cambodge : L’arme fatale cambodgienne, le pétiole de Musa par Pascal Médeville

Le pétiole de la feuille de bananier est a priori un déchet que l’on met au rebut après avoir tiré de cette plante herbacée les éléments habituellement utilisés : fruit, « cœur », inflorescence et limbe foliaire. Mais au Cambodge, cette pièce foliaire peut servir à d’autres usages.

Banane « œuf de poule » (photo : Pascal Médeville)
Banane « œuf de poule » (photo : Pascal Médeville)

Le bananier (Musa spp.) est au Cambodge une plante de toute première importance. Il peut être cultivé dans de vastes bananeraies, mais aussi dans les villages, à proximité des maisons, ou même dans les jardins des maisons de ville. Les variétés disponibles sont nombreuses, depuis la célèbre banane « œuf de poule » (ចេកពងមាន់ [chék pong moan]), fruit national du Cambodge, jusqu’à la « banane à pépins » (ចេកគ្រាប់ [chék kroap]), équivalent de la banane plantain, utilisée en cuisine khmère comme légume.

Feuilles de bananier découpées en vue de la préparation de gâteaux de riz cuits à la vapeur (photo : Pascal Médeville)

 

Lors d’une visite du parc archéologique d’Angkor, achetant un poulet grillé sur le bord de la route, j’ai pu observer par exemple que la cuisinière utilisait un pétiole de fleur de bananier dont l’extrémité avait été écrasée, pour s’en servir comme d’un pinceau avec lequel elle badigeonnait de sauce les morceaux de poulet qui étaient en train de griller.

Pinceau en pétiole de bananier (photo : Pascal Médeville)
Pinceau en pétiole de bananier (photo : Pascal Médeville)

Mais c’est dans l’ouvrage La Musique en pays khmer (តន្ត្រីក្នុងប្រទេសខ្មែរ) de Madame Keo Narum que j’ai découvert l’usage le plus inattendu de cette pièce foliaire : le « fusil pétiole de bananier » (កាំភ្លើង​ធាង​ចេក [kam-phleung theang chek]). Cette « arme » est confectionnée par les enfants de la campagne lorsqu’ils veulent jouer à la guerre. La fabrication de l’objet est d’une grande simplicité : on coupe un pétiole sur une longueur d’environ un mètre, on élimine les bords saillants, puis on découpe sur les deux côtés du corps du pétiole des lamelles d’une dizaine de centimètres de longueur et de quelques centimètres de largeur, en laissant l’extrémité de la partie entaillée attachée au pétiole. Lorsque l’on veut faire feu, on soulève les lamelles de façon à former un angle droit, et on passe rapidement la main fermée sur le pétiole. Lorsqu’elles se rabattent, les lamelles claquent et produisent un bruit qui évoque celui d’une rafale d’arme automatique.

Mais le plus simple est encore de regarder la vidéo ci-dessous, trouvée sur Youtube, qui illustre parfaitement le mode de fabrication de ce fusil et la façon de s’en servir :

Cet article a été publié sur Tela Botanica sous licence CC BY-SA (2.0).

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