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Khmers rouges : Im Chaem, cadre zélé de Pol Pot, convertie au christianisme, et toujours sans remord

En tant que jeune partisane des Khmers rouges entre 1975 et 1979, le zèle d’ Im Chaem pour appliquer les principes du maoïsme l’a rapidement propulsée dans les rangs du régime ultra-communiste de Pol Pot. Elle a fini par servir en tant que chef de district pour l’Angkar ; elle aurait supervisé des travaux forcés à grande échelle et commandité de nombreux massacres, selon les procureurs du tribunal des Khmers rouges, qui ont passé des années à essayer de l’inculper, en vain, de crimes contre l’humanité.

Im Chaem, cadre zélé de Pol Pot, convertie au christianisme, et toujours sans remords...

Im Chaem, cadre zélé de Pol Pot, convertie au christianisme, et toujours sans remords…


Ainsi, lorsque l’ancienne acolyte du tristement célèbre Ta Mok est devenu chrétienne à la fin de l’année dernière, elle a érigé une croix blanche de six mètres dans le jardin familial situé dans une ancienne forteresse khmère rouge du nord-ouest du Cambodge. Elle a transformé sa grange de battage de riz en une chapelle où elle accueille les services du dimanche pour ses amis anciens Khmers rouges.

Im Chaem, 75 ans, avait longtemps résisté à la conversion au christianisme, bien que la religion soit largement pratiquée dans sa communauté d’anciens partisans de Pol Pot. Mais, quand elle a finalement embrassé cette foi, elle l’a fait avec ferveur et pense qu’elle a été dûment récompensée. Dans une interview récente à son domicile, elle a déclaré à l’agence VOA que, depuis son baptême en janvier, de bonnes choses lui étaient arrivées :  Son fils a guéri d’une maladie mentale qui l’a tourmenté pendant des années ; Elle ne s’inquiète plus de la perspective d’être poursuivie pour génocide au tribunal des Khmers rouges. Rétrospectivement, le choix d’embrasser Jésus lui semble inspiré : “…Mon fils va mieux aujourd’hui et je suis heureuse…J’ai l’esprit paisible, je n’ai rien fait de mal et maintenant, le tribunal des Khmers rouges a cessé de vouloir m’accuser…”

L’homme qui a finalement réussi à la convertir est Christopher LaPel, un pasteur chrétien plutôt connu pour sa  carrière dans les conversions parmi les anciens khmers rouges. Son plus célèbre converti est le criminel Kaing Guek Eav, plus connu sous son pseudonyme révolutionnaire, Duch. LaPel est devenu chrétien dans un camp de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, camp de réfugiés où il a fui alors que les Khmers rouges tombaient aux mains des Vietnamiens. Il s’est ensuite installé à Los Angeles, où il est devenu pasteur de la Golden West Christian Church, avant de retourner au Cambodge.

Entre Im Chaem et son mari, Christopher LaPel


Lorsque LaPel a entendu une actualité radiophonique sur le cas d’Im Chaem devant le tribunal des Khmers rouges en novembre, il a reconnu le nom du barrage de Trapeang Thmar, où Im Chaem aurait supervisé le travail des esclaves. C’était le site où lui-même avait été forcé de travailler alors qu’il était encore adolescent. Il a sauté sur l’occasion et a décidé de tenter de la convertir. Quand il a entendu que la famille d’Im Chaem avait du mal à payer pour le traitement médical de son fils, il a promis de l’aide si elle l’amenait à Battambang. Elle était réticente au début, mais son fils semblait impatient de partir, alors elle a accepté la proposition tout en précisant qu’elle n’avait aucune intention d’être baptisée.

Mais une fois à Battambang, elle a rencontré un ancien Khmer Rouge nommé Choeun qui l’a persuadée des bienfaits du christianisme. Elle a donc décidé de se convertir, à la grande satisfaction du pasteur LaPel : “…Quand elle a décidé de se convertir, elle savait que seul Jésus pouvait lui donner l’harmonie, la paix, l’amour et l’espoir dans sa vie et sa famille et, Dieu serait en mesure de lui pardonner ses péchés…”, a déclaré LaPel.

Mais Im Chaem est-elle intéressée par l’absolution ? Chaem, qui était la protégée du redouté Ta Mok et secrétaire de district dans la province de Banteay Meanchey dans les années 1970, a été accusée en mars 2015 de crimes contre l’humanité, de meurtre, d’extermination, d’esclavage, d’emprisonnement et de persécution politique. L’affaire est vite devenue un contentieux qui a divisé la cour jusqu’à ce que le gouvernement du Premier ministre Hun Sen exige que les poursuites soient abandonnées.

Im Chaem a déclaré à plusieurs reprises qu’elle était innocente de toutes les accusations, et a exprimé sa satisfaction que le gouvernement cambodgien ait semblé prendre son parti publiquement. En février dernier, le tribunal a abandonné les poursuites, jugeant officiellement que son cas ne relevait pas de sa compétence, car elle n’était ni un haut responsable, ni l’un des dirigeants khmers rouges responsables de ses crimes.

Comme Im Chaem, Duch était autrefois un communiste zélé qui a embrassé avec zèle et ferveur la doctrine ultra-maoïste des Khmers Rouges. Après sa conversion, Duch semblait embrasser le christianisme avec la même ferveur. Malgré les plaintes de nombreuses victimes participant à l’affaire, qui ont dit que son étreinte du christianisme était hypocrite. Im Chaem, cependant, a toujours nié avoir commis des crimes graves pendant l’ère des Khmers rouges. Lorsqu’elle a été interrogée par l’agence VOA sur sa conversion au christianisme, elle a refusé de discuter de ses actions passées en détail : “…J’ai décidé d’aller vers Dieu puisque dans le passé, j’ai aussi commis des péchés – mais pas de péchés graves…”, disait-elle.

L’éminent commentateur social Ou Virak soutient que sans une prise de conscience publique des actions d’Im Chaem entre 1975 et 1979, sa conversion au christianisme n’est qu’un récit vide – et plus attrayant pour les Occidentaux que pour les Cambodgiens. “…Cela semble détourner la discussion de ce qui s’est passé il y a 40 ans et de ce que nous devons faire maintenant…”, a-t-il dit.

De Bouddha à Jésus

Avant sa conversion, Im Chaem était une bouddhiste pieuse qui a aidé à construire une pagode dans son village natal dans la province de Takeo, et une salle de rassemblement bouddhiste à Anlong Veng. Ly Sok-Kheang, directeur du Centre de la paix d’Anlong Veng, une initiative du Centre de documentation du Cambodge pour promouvoir la réconciliation, a déclaré que la conversion d’Im Chaem soulevait des questions : “…Si les conversions comme Im Chaem réussissent, cela soulève des questions troublantes sur le rôle des systèmes monastiques bouddhistes dans l’aide aux personnes ayant besoin d’un soutien émotionnel, psychologique et matériel…”, avait-il déclaré à la presse locale. Le christianisme s’est révélé particulièrement populaire parmi les ex-Khmers rouges dans les provinces occidentales du Cambodge, en partie à cause des services de première urgence et des avantages matériels apportés par les missionnaires chrétiens à leurs communautés, souvent éloignées et profondément appauvries.

Certains ont également suggéré que la théologie chrétienne du pardon et de la rédemption pourrait être particulièrement attrayante pour les anciens soldats et officiels khmers rouges, dont beaucoup ont participé à des tueries ou des atrocités et ont du mal à se réinsérer dans la société cambodgienne.

“…Un ancien cadre KR peut sentir que le christianisme est plus réconfortant que le bouddhisme, étant donné que la doctrine bouddhiste est plus centrée sur “…faire le bien, recevoir le bien ; faire le mal, recevoir le mal…”, a déclaré Sok-Kheang. Mao Lorn, âgée de 64 ans, une ancienne cadre khmer rouge de rang inférieur qui était cuisinière pour Ieng Sary, a dit qu’elle avait rejoint les sessions de prière d’Im Chaem et envisageait une conversion : “…Elle avait l’habitude d’être le leader, donc elle peut exhorter les autres à se joindre à nous…”, a-t-elle indiqué. Mais Im Chaem n’a pas entendu l’appel : “…Si je fais cela, je serai accusé d’organiser une campagne contre le bouddhisme…”, a-t-elle dit.

Ses paroles, consciemment ou pas, faisaient écho à la doctrine des Khmers rouges, qui interdisaient la pratique de la religion pendant leur période de domination, arguant que le bouddhisme était une “religion réactionnaire”, exécutant les moines et profanant les pagodes à travers tout le Cambodge.

Cette déconnexion ironique entre le passé et le présent n’est pas quelque chose dont Im Chaem semble vouloir discuter. Mais, son refus de rendre des comptes à l’histoire ne semble pas déranger la plupart de ses voisins, chrétiens ou bouddhistes. “…Dieu l’aidera et la sauvera si elle a commis quelque chose de mauvais pendant les Khmers rouges…”, a déclaré un autre pasteur, Bunlim proche de la communauté, ajoutant avec ferveur que “…Dieu pardonnera tout…”.

Avec VOA Khmer

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