Le chef du gouvernement cambodgien espère une réponse positive de la Chine à sa demande concernant la création d’une zone de libre-échange entre les deux pays.
Le Premier ministre souhaite créer une zone de libre-échange avec la Chine
Le Premier ministre Hun Sen a exprimé son optimisme dans une interview accordée hier aux médias chinois depuis sa résidence de Takhmao. Il a également loué les bienfaits du partenariat avec la Chine.
Louanges
Le Premier ministre a souligné que les nouvelles routes de la soie offraient de grandes opportunités et de nombreux avantages aux pays participants : « Je vois de plus en plus de pays adhérer au projet chinois. » Il a ajouté que l’initiative permettait au Cambodge d’accélérer l’amélioration des infrastructures telles que les routes, les ports et les aéroports, et de créer des zones économiques spéciales ».
S.E. Hun Sen a indiqué que la Chine avait aidé le Cambodge à construire plus de 3 000 kilomètres de routes et huit grands ponts dans le royaume. Une contribution qui, selon lui, a largement favorisé la croissance économique du royaume, et renforcé les liens avec la Thaïlande, le Laos et le Vietnam.
S.E. Hun Sen a également saisi cette occasion pour critiquer les accusations selon lesquelles le Cambodge tomberait dans le piège de la dette. Il a confirmé que la dette du royaume envers la Chine ne représentait aujourd’hui que 23 % du produit intérieur brut.
« De nombreux pays ont des emprunts avec la Chine. Je ne crois pas que le Cambodge aille vers le surendettement, car nous avons mis en place un mécanisme clair de gestion. Je ne laisserai pas nos emprunts dépasser la limite », a-t-il déclaré.
Zone de libre-échange
« Nous bénéficions actuellement du mécanisme de la zone de libre-échange ASEAN-Chine (ASEAN–China Free Trade Area), et j’ai bon espoir qu’un cadre de zone de libre-échange entre le Cambodge et la Chine sera établi dans un proche avenir », a-t-il déclaré.
Avec une zone de libre-échange Cambodge-Chine, a-t-il expliqué, le Cambodge aurait directement accès à un immense marché d’environ 1 300 millions d’habitants. Cela pourrait accroître le volume des exportations cambodgiennes, et attirer davantage d’investissements et de touristes chinois au Cambodge.
« Maintenant, les Chinois ont les moyens d’acheter des produits importés et de faire le tour du monde », a dit le Premier ministre ajoutant qu’en 2018, 200 millions de Chinois, dont deux millions au Cambodge, ont pris leurs vacances à l’étranger.
ASEAN — Chine
La zone de libre-échange ASEAN-Chine est une zone de commerce hors-taxes entre les dix États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et la République populaire de Chine.
À l’échelle mondiale, il s’agit de la plus grande zone de libre-échange en termes de population, de la troisième en termes de produit intérieur brut (PIB) nominal et du troisième plus important volume d’échanges après l’Espace économique européen et la Zone de libre-échange nord-américaine.
La création de cette zone a permis de supprimer les droits de douane sur 7 800 catégories de produits. Depuis, la part de la Chine dans le total des échanges avec l’ASEAN est passée de 8 % à 21 % en 2018. Cela fait de la Chine aujourd’hui le plus grand partenaire commercial de l’ASEAN.
Augmentation des échanges
Lors de la récente réunion des ministres de l’Économie de l’ASEAN à Bangkok, les participants ont particulièrement salué l’augmentation du commerce entre leur association et la Chine. Selon les données préliminaires de l’ASEAN, les échanges commerciaux ont atteint 479,4 milliards de dollars US en 2018, soit 17,1 % du commerce total du bloc asiatique régional.
De surcroît, les investissements directs de la Chine vers l’ASEAN se sont élevés à 10,2 milliards de dollars US en 2018. Ils représentaient 6,6 % du total des investissements directs étrangers vers l’ASEAN.
Observant cette tendance, le Premier ministre cambodgien se déclare convaincu que la création d’une zone de libre-échange entre le Cambodge et la Chine renforcera encore davantage les performances économiques du royaume.
Quels seraient les avantages d’un accord direct de libre-échange alors qu’il existe un déjà cadre global avec l’ASEAN ? Le Premier ministre ne le précise pas dans son interview. Il est probable qu’avec cette requête, il s’agit pour le Cambodge d’accélérer des procédures parfois lourdes avec la zone ASEAN-Chine et d’éviter les contentieux. En effet, si l’accord est fructueux au niveau commercial, il n’est pas toujours le résultat de discussions sereines. L’Indonésie, en particulier, qui représente 40 % de la population totale de l’ASEAN, n’a jamais été un partenaire enthousiaste dans les débats.
D’autre part, l’accord global exige certaines harmonies de tarifs et de conditions d’entrée sur le marché pour lesquelles certains produits cambodgiens ont tout intérêt à négocier à l’extérieur du cadre formel et de créer directement avec la Chine un cahier des charges plus adapté.
La valeur totale des échanges commerciaux bilatéraux entre le Cambodge et la Chine a atteint 6 457 millions de dollars américains en 2018. Ce chiffre représente une augmentation de 15 % par rapport à 2017.
CG avec C. Nika _ AKP Phnom Penh, le 19 septembre 2019 —
Comments