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Economie : Alors que le tourisme diminue, les conducteurs de tuk-tuk restent en panne

Lorsque Poeun Da a quitté son emploi dans une usine de confection de Phnom Penh pour conduire un tuk-tuk en 2019, son investissement de 3000 dollars américains dans le véhicule semblait porter ses fruits.

Da confie qu’il pouvait gagner au moins 100 000 riels (25 $) par jour, et entre 500 et 600 $ par mois, en transportant les locaux et les touristes à travers la capitale avec l'aide des applications mobiles de transport.

Dans l'attente du client. Photographie Panha Chorpoan VOD
Dans l'attente du client. Photographie Panha Chorpoan VOD

Tout allait donc bien jusqu’à la mi-mars 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 est apparue au Cambodge — avec des cas confirmés passant d’un à plus de cent — et a porté un sérieux coup à ses moyens de subsistance. À présent, il gagne à peine entre 2,50 $ et 5 $ par jour… comme il l’explique :

« C’est vraiment difficile ! Pour être franc, en un jour, je ne fais plus qu’un seul trajet. Aujourd’hui, je n’ai eu qu’un client dans la journée, et j’ai des frais à payer avec la société de transport et le gaz »

Les conducteurs de tuk-tuk comme Da voient leurs revenus diminuer de façon drastique alors que les arrivées de touristes au Cambodge chutent et que les résidents évitent de sortir. Ces travailleurs informels n’ont pas tous accès la protection sociale et aux aides accordées aux employés du secteur formel durant cette récession.

Le Cambodge a enregistré 122 cas de COVID-19 depuis janvier 2020, avec la quasi-totalité des patients ayant récupéré et quitté la quarantaine. Le ministère de la Santé n’a signalé aucun nouveau cas de coronavirus depuis le 12 avril et aucun décès lié au COVID-19 n’a été recensé.

Restrictions

Alors qu’à l’échelle mondiale, on comptabilise plus de 4 millions de personnes ayant contracté le virus et près de 300 000 décès, de nombreux pays limitent les voyages à l’intérieur et à l’extérieur de leurs frontières.

Le Cambodge a ordonné une interdiction de voyager aux personnes venant d’Espagne, d’Italie, de France, d’Allemagne, des États-Unis et d’Iran. Le gouvernement a également fermé les écoles, les cinémas, les musées, les discothèques, les gymnases, et interdit provisoirement les grands événements religieux ou autres rassemblements publics.

Bien que la plupart des magasins, cafés et restaurants de Phnom Penh restent ouverts, les conducteurs de tuk-tuk affirment que les gens sortent beaucoup moins souvent depuis que ces restrictions ont été établies en mars dernier.

Vorn Pao, président du groupe syndical Independent Democracy of Informal Economy Association (IDEA), affirme que les travailleurs informels comme les chauffeurs de taxi et de tuk-tuk ont ​​subi une forte baisse de revenus depuis que le coronavirus a frappé le Cambodge. Beaucoup ont contracté des emprunts pour financer leurs véhicules. Si le virus et ses impacts économiques persistent, Pao pense que les conducteurs pourraient abandonner leur activité dans la capitale et retourner dans leurs foyers provinciaux.

Morosité et endettement

Dans son magasin de véhicules dans la commune de Stung Meanchey, Ry Silay déclare qu’il rachète des tuk-tuks de seconde main en bon état, à un prix oscillant entre 200 $ ou 300 $, un tarif courant avant la pandémie. Cependant, Silay admet qu’il n’a acheté aucun tuk-tuks au cours des deux derniers mois :

« La différence entre le nombre d’acheteurs et de vendeurs est grande. En ce moment, il y a cinq, six ou sept chauffeurs par jour qui tentent de vendre leur véhicule, mais il n’y a presque pas d’acheteurs, peut-être un ou deux par jour ».

Hout Ieng Tong, président de l’institut de microfinance Hattha Kaksekar Limited (HKL), explique que son entreprise est prête à aider les chauffeurs de tuk-tuk, rappelant que la Banque nationale du Cambodge a exhorté les institutions de microfinance à proposer des facilités de remboursement à ses clients en difficulté en raison de l'impact du COVID -19 sur leur activité professionnelle.

File d'attente à Phnom Penh. Photographie Panha Chorpoan VOD
File d'attente à Phnom Penh. Photographie Panha Chorpoan VOD

Pas de touristes à transporter

Alors que l’économie cambodgienne commençait à ressentir l’impact de la récession mondiale, le Premier ministre Hun Sen a déclaré début mars que le tourisme serait l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie. Le porte-parole du Secrétariat de l’aviation civile, Sinn Chanserey Vutha, a annoncé aux journalistes en avril dernier que les visiteurs internationaux avaient diminué de 20 % en janvier, de 50 % en février, puis de plus de 70 % en mars et enfin de 90 % en avril.

Garé à l’extérieur de l’aéroport international de Phnom Penh, Mao Yorn, un chauffeur de 40 ans, explique qu’il gagnait environ 25 $ par jour en transportant des touristes. Les revenus étaient suffisants pour rembourser les 300 $ de mensualités du prêt de 5 000 $ accordé par la Cambodia Post Bank. Mais avec le coronavirus, les choses ont changé :

« Aujourd’hui, je n’ai pas effectué une seule course et demain, je ne sais pas si j’en aurai. Trouver un emploi dans la construction est peut-être une meilleure solution »

Dans un rapport d’avril, la Banque mondiale prévoyait que le taux de pauvreté parmi les travailleurs du secteur des services au Cambodge — y compris le personnel des transports, du tourisme et de la restauration — pourrait atteindre plus de 20 % si le revenu moyen du secteur était réduit de moitié pendant deux trimestres. Le rapport annonçait également que l’impact sur les travailleurs informels serait le plus significatif. En mars, les professionnels du secteur ont déclaré que le tourisme ressentirait les conséquences de la pandémie pendant au moins deux trimestres, sinon plus.

Soutien gouvernemental

Parallèlement à une série d’initiatives économiques pour aider le secteur du tourisme en difficulté, le Premier ministre Hun Sen a annoncé en mars que les travailleurs sans emploi de l’industrie touristique qui avaient perdu leur emploi pouvaient avoir accès à une formation professionnelle. Cependant, le Premier ministre a noté que les travailleurs de l’économie informelle n’auraient pas accès aux mêmes aides que celles accordées aux employés du textile. S.E. Hun Sen a déclaré le 7 avril 2020 :

« Pour ceux qui sont inscrits au programme IDPoor (Carte d’équité), l’État interviendra ».

Selon Vorn Pao, président d’IDEA, sur la base des recherches de son association, environ 50 000 tuk-tuks fonctionnent grâce aux applications de téléphonie mobile.

Luy Lary, responsable marketing de la société de transport de passagers basée au Cambodge PassApp, admet la pression ressentie par les chauffeurs de l’entreprise et déclare que la direction cherche une solution pour les aider. En 2019, les conducteurs avaient protesté contre la décision de PassApp de réduire les tarifs tout en augmentant la commission de l’entreprise de 13 % à 15 % pour chaque trajet.

Pour Da, le chauffeur, l’échéance de son prêt de 2 000 $ auprès de HKL devient de plus en plus inquiétante. Plutôt que d'attendre un soutien de la part des entreprises de covoiturage ou du gouvernement, Da a envisage de vendre son tuk-tuk et de chercher du travail sur un chantier de construction, ou de retourner travailler dans une usine de confection.

Toutefois, ces derniers mois, le secteur du textile a vu plus de 130 usines demander des suspensions de production, affectant ainsi environ 100 000 travailleurs.

« Si la situation perdure, nous ne saurons pas quoi faire. Si nous ne gagnons pas assez d’argent, nous pourrons vendre nos tuk-tuks uniquement pour couvrir les dépenses quotidiennes et quelques mensualités de nos prêts. Mais, si nous ne faisons pas de ventes, nous ne pourrons pas rembourser les prêts en globalité », conclut Da.

CG & Taing Keoratanah — Global Voices & VOD News

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