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Archives & Chronique de Barang : Règles de courtoisie au Cambodge...

Proposé par Thierry Descamps, belge installé au Cambodge, et qui se définit comme un “néo-expat”, quelques chroniques des petits aléas de la vie d’un expatrié débarquant dans le royaume.

C’est bien vu, exprimé comme un candide, sans prétention et probablement utile pour ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur l’expatriation au Cambodge. Aujourd’hui : Règles de courtoisie au Cambodge...

Sourire khmer. Photographie par ND Strupler

Aujourd’hui, nous allons aborder les règles de courtoisie et notamment, très important, le salut khmer. Cela consiste à joindre les mains paumes contre paumes. C’est tout simple. On les porte un peu négligemment à hauteur du menton pour saluer M. ou Mme Tout-­le-­Monde. A hauteur du nez pour des personnes plus âgées, surtout les dames. A hauteur du front avec une inclinaison du buste pour un bonze. Mais surtout vous ne faites pas la bise à une dame (sauf si elle vous le propose), à plus forte raison si vous ne la connaissez pas.

Ma réputation a failli être gravement écornée la première fois que j’ai rencontré l’épouse khmère d’un ami français installé depuis de nombreuses années.

Il m’invite chez lui. J’arrive à l’heure (un exploit) chaussures bien cirées et vêtements sobres et de bon goût. Je sonne et Theary en personne vient m’ouvrir. Les présentations sont un peu hésitantes vu que la jeune femme ne parle que le Khmer et que mon niveau était alors à peine celui d’une classe maternelle. Encouragé par le bon accueil et après m’être débarrassé des fleurs, je commets l’irréparable. J’entreprends un mouvement qui ne laisse aucun doute sur mes intentions :

« je vais lui faire la bise ! Elle fait un bond en arrière et part se réfugier dans la cuisine. On ne la verra plus de tout le repas »

Je me doute que j’ai fait une boulette et je m’en ouvre à mon hôte qui a cette réplique lapidaire : “t’es pas un peu con, non ?”. Et c’est seulement là que je me rappelle le passage consacré au bisou dans mon manuel du savoir­-vivre à l’usage des rustres et des malpolis au Cambodge. Je me promet de me rattraper et je ne ferai que m’enfoncer plus gravement encore dans l’horreur et l’abjection.

La seconde fois, la maîtresse de maison m’ouvre à nouveau le portail et me tend la main par sécurité. Elle n’avait pas prévu que le pervers que son mari s’obstinait à inviter lui ferait un baisemain ! Je ne sais pas ce qui m’a pris. Silence gêné, incompréhension mutuelle et malaise persistant ; la pauvre Theary redoutant probablement que je me laisse aller à d’autres comportements incohérents ou franchement répréhensibles si son mari nous laissait seuls pour aller chercher l’apéro. Depuis j’ai arrêté mes excentricités et nos relations sont au beau fixe. Il y a plein de petits trucs à faire (ou ne pas faire) pour se comporter correctement.

« Ne jamais toucher ou pire, tripoter, la tête d’un enfant. Je ne sais plus pourquoi mais c’est verboten ! »

Toujours se déchausser pour entrer chez les gens sauf bien entendu si les convives sont en majorité occidentaux. Prendre les objets qu’on vous tend à deux mains. Pareil quand vous remettez quelque chose à quelqu’un. Si vous déjeunez ou dînez, avec une dame, ne pas vous ruer sur l’addition. Il était de tradition que la note soit remise à votre invitée pour qu’elle puisse vérifier les comptes. Ne vous inquiétez pas. Après un regard de principe (ou pas) elle vous laissera payer volontiers. Il y a aussi autre chose que la courtoisie ; les règles simples de bon voisinage et du “vivre ensemble” comme on dit maintenant dans ce qui était chez nous. Deux exemples :

« J’entendais les gens s’apostropher à coups de “bong” par ci, “bong” par là. Ça sonnait bien et j’ai compris que c’était un salut amical doublé d’une marque de respect. Du coup je me suis mis à appeler tout le monde “bong” même les enfants (?) »

C’est Yonn, le bras droit d’un ami, qui m’a éclairé. Comme maintenant on se connaît bien et que je crois qu’on s’apprécie je lui ai demandé d’arrêter de me donner du “Monsieur Thierry” et de m’appeler simplement par mon prénom. Il m’a expliqué qu’il ne pouvait tout simplement pas y arriver parce que j’étais plus âgé que lui et l’ami de son patron. Je suis donc devenu “bong” (oncle) et lui “paoun Yonn” (neveu). Tout le monde est content.

Au restaurant, dans les transports ou au marché, les khmers font l’effort, dès qu’ils le peuvent, de parler anglais. Le problème c’est que nos accents varient (to say the least). Entre mon patchwork texan / londonien avec une pointe de sud af’ et la “french touch” de mon ami Roger, il y a un abyme. Donc nos interlocuteurs font ce qu’ils peuvent mais ça peut entraîner des confusions.

Et comme la “face” est primordiale chez les khmers, ils ne vous diront jamais qu’ils n’ont pas compris mais feront “pour le mieux”. Le plus simple, si vous le pouvez, est d’apprendre le khmer. Comme çà, si on vous amène du poisson à la place de vos nouilles vous ne pourrez plus ronchonner mais vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous même.

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