Victime d’un choc électrique qui lui a fait perdre l’usage de ses deux bras, Morn Chear s’est découvert de nombreux talents artistiques.
L’une des facettes de son oeuvre est à découvrir à l’occasion de « The Space Between », l’exposition qui lui est consacrée à la galerie TRIBE Cambodia de Siem Reap.
Morn Chear accueillant son public venu nombreux
C’est la première fois qu’une exposition lui est entièrement consacrée. Debout devant l’entrée, Morn Chear accueille les visiteurs, les gratifiant d’un large sourire dissimulant l’anxiété qui le taraude. Anxiété vite évanouie devant l’enthousiasme du public, venu nombreux pour admirer les 14 œuvres exposées, toutes réalisées au cours de ces derniers mois.
Employant la technique de la linogravure, encore rare au Cambodge mais utilisée par Matisse et Picasso, l’artiste illustre les moments de la vie quotidienne dont il est le témoin. Natures mortes, instantanés familiaux et autoportraits constituent les sujets de ses estampes, réalisées en série limitée et mises en vente lors de l’exposition.
L’artiste et une de ses oeuvres en arrière plan
L’art comme thérapie
Si Morn Chear s’épanouit dans ses activités artistiques, la vie de ce jeune homme de 31 ans a pourtant été jalonnée de drames. Natif d’un village rural de la province de Kampot, Morn Chear se plie très tôt aux travaux des champs et trouve un emploi sur un chantier de construction. Alors qu’il est âgé d’à peine vingt ans, une électrocution le blesse grièvement, entraînant l’amputation de ses deux avant-bras.
S’ensuit une période de profonde dépression, aggravée par l’attitude cruelle que certains n’hésitent pas à adopter envers lui. Affrontant insultes et plaisanteries déplacées, Morn Chear effectue durant les années suivantes quelques petits métiers de subsistance, avant de croiser par hasard le chemin de l’association Epic Arts. Spécialisée dans l’insertion professionnelle des personnes souffrant de handicap, l’ONG dispense aussi des formations artistiques qui fascinent Morn Chear.
Ce dernier se découvre non pas une, mais plusieurs passions, dessin, chant, danse et peinture lui permettant d’exorciser son mal-être.
Morn Chear
Talents multiples
En 2018, une autre rencontre le confirme dans ses choix. Lauren Iida, fondatrice du collectif Open Studio Cambodia, remarque ses talents et l’encourage à persévérer dans son art. C’est sous son égide que l’exposition « The Space Between » a été organisée, marquant la toute récente installation de l’Open Studio dans la cité des temples.
Aujourd’hui, Morn Chear pratique la linogravure, mais aussi la danse contemporaine, le dessin et le chant, comme il l’a démontré en entonnant a cappella deux classiques de la chanson khmère lors de la soirée de vernissage. Se consacrant dorénavant entièrement à ses activités artistiques, Morn Chear reviendra sur ses oeuvres et son itinéraire hors du commun le 8 août prochain, à l’occasion d’une rencontre qui se déroulera dans les locaux de la galerie TRIBE.
Oeuvre de l’artiste
Informations
« The Space Between », jusqu’au 31 août à la galerie TRIBE Cambodia.
Textes et photographies par Rémi Abad
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