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Chronique : Mes chers parents, je suis entré dans la quatrième dimension

Vous souvenez-vous de cette série télé en noir et blanc intitulée « la quatrième dimension » ? Un type en costume apparaissait au début des épisodes et expliquait que le monde normal venait soudain de basculer dans un univers parallèle. Où tout était différent !

Mes chers parents, je suis entré dans la quatrième dimension

Mes chers parents, je suis entré dans la quatrième dimension. Illustration de Stephff


Un autre monde

Le Cambodge est situé dans une autre dimension. La quatrième dimension. J’y suis ! Pas tous les jours, non, mais par moments, je me sens glisser inexorablement dans cet autre monde. Un monde où je ne maîtrise plus rien. Où tous les repères s’inversent.

Alignements

Au début, je mettais cette sensation sur le compte de l’exotisme, sur la barrière de la langue. Il existe au contraire mille et un détails qui prouvent que ce pays dispose de son propre ordre dans l’univers et ce dernier n’est pas toujours aligné avec le nôtre.

Un ami cambodgien m’expliquait qu’il existait différentes sortes de « bon sens », celui des pays occidentaux et le sien, qu’on trouve d’ailleurs partout en Asie. En fait, chacun aurait son bon sens ! Et ce qui fonctionne normalement à dix mille kilomètres, ne fonctionnera pas ici. Ce qui est érigé en norme pour les uns est souvent l’exception pour les autres. Et ce qui semble universellement logique pour l’Occidental peut apparaître comme une ineptie pour le Cambodgien.

Chocs culturels

La plupart des étrangers qui vivent ici rangent alors ces détails dans la section « chocs culturels » de leur cerveau. Mais d’autres tentent, souvent à l’heure de l’apéritif entre amis, de trouver des réponses. Les étrangers passent un temps fou à chercher à comprendre tout ce qui les entoure. A décrypter tous ces mystérieux comportements, ces étonnantes réflexions.

Pourquoi utiliser des paniers en osier pour charrier la terre alors que la brouette a été inventée par les Chinois (ou les Grecs) il y a bien longtemps ? Pourquoi les potiers de Kompong Chhnang tournent-ils physiquement autour du pot ? Au lieu d’utiliser un tour comme partout ailleurs ?

Colère et sourire

Au Cambodge, on sourit quand on est en colère ; on dit « oui » quand on ne veut pas faire quelque chose ou quand on n’a pas compris. « Avoir mal à la tête » ne veut pas dire avoir la migraine mais cela signifie que le flux d’information énoncé est trop important. « Attendez un peu » est la formule de politesse pour dire qu’on peut rentrer chez soi. Et « demain » se traduit toujours par « quand on aura le temps ». « C’est compliqué » signifie souvent qu’un petit billet permettrait que tout devienne simple. Voilà pour la base mais il faut avouer que, d’une manière générale, beaucoup de questions restent des énigmes insolubles malgré les nombreuses pistes envisagées.

Les chants du coq

A la campagne, il n’y a pas que les pagodes qui hurlent ! Chaque foyer dispose de son mini karaoké de salon, une simple enceinte surpuissante, vendue avec un micro. Relié à une batterie de voiture, l’engin permet de propager le massacre d’une chanson à des centaines de mètres à la ronde, le volume toujours au maximum. Etonnant, mais, autre pays, autres mœurs ! Non, ce qui choque, c’est que ce vacarme qui démarre toujours en fin de soirée ne dérange absolument personne ! Aucune plainte ! Aucun voisin pour demander à l’autre de baisser le volume. Aucune réaction violente ! La nuit venue, les chiens hurlent à la mort (toujours à cause des fantômes) et jamais quelqu’un pour leur jeter une paire de Tong ! Rien. Le chien aboie et rien ne passe. Partout dans le monde les coqs chantent au lever du soleil. Pas au Cambodge. Ici, ils chantent tout le temps. Sauf au lever du jour !

Ces choses ne sont imaginables que dans la quatrième dimension.

Ordre naturel

L’ordre naturel de l’univers veut que les poignées d’un guidon de moto se tiennent par le dessus, paume des mains vers le bas. Pas pour de nombreuses jeunes filles qui préfèrent les tenir paume des mains vers le haut, c’est à dire à l’envers. Outre que la position n’est pas naturelle et qu’elle est dangereuse, elle ne permet pas de tourner ni d’accélérer très facilement.

Certains ont mis des années avant de découvrir la réponse, mais au moins, il existe une explication à ce mystère. Cette méthode permet d’éviter que le soleil ne fasse brunir le dessus des mains et leurs avant-bras lors du trajet. Il fallait y penser. Quand à savoir pourquoi les jeunes filles qui tiennent leur guidon correctement enfilent par contre leur gilet à l’envers, ouverture dans le dos, la question reste encore entière… Mais rassurez-vous : des tas d’étrangers, le soir à l’heure de l’apéro, travaillent sur la question ! Nous devrions donc avoir prochainement la réponse…

A bientôt,

Frédéric Amat

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