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Arts – Siem Reap : Un foyer, perdu et retrouvé chez Batia Sarem

La Galerie Batia Sarem est l’aboutissement d’un projet que développent depuis trois ans Lyvann Loeuk et Yves Zlotowski, deux galeristes parisiens. Ce lieu ouvrira le 15 décembre 2018 et se donne pour objectif de promouvoir l’art contemporain cambodgien. La Galerie est située à Siem Reap, dans le quartier de Wat Damnak. Son nom a été choisi en hommage à Batia et à Sarem, les grands-mères respectives de Yves et Lyvann.

De gauche à droite, Yves Zlotowski, Martin Phéline et Lyvann Loeuk

De gauche à droite, Yves Zlotowski, Martin Phéline et Lyvann Loeuk


Première exposition

Pour sa toute première exposition, le Galerie Batia Sarem est heureuse de présenter Un Foyer, perdu et retrouvé. Yim Maline et Svay Sareth, deux artistes majeurs de la scène cambodgienne, se sont établis ensemble à Siem Reap. Svay Gareth utilise des supports variés, tels que les vidéos, les installations, la sculpture, les performances ou le tout ensemble. Dans une période plus récente, Yim Maline privilégie quant à elle le dessin.

Disparition, thème central

Néanmoins, avec des moyens différents, les deux artistes se concentrent sur le même sujet : celui du Foyer, menacé voire détruit, mais que l’on s’efforce de conserver, de protéger, de reconstruire. Pour de nombreux artistes cambodgiens, la question de la disparition est un thème central. Leur travaux s’apparentent souvent à un moyen de préserver ce qui est menacé ou de retrouver ce qui a été perdu. Dans peu d’autres scènes artistiques, on ressent une telle urgence de “recréer”.

Yim Maline et Décomposition Colorées

Dans la nouvelle série de dessins de Yim Maline intitulée Décompositions Colorées, la fragilité habite une nature sous tension, menacée par le feu et la cendre. Tous les dessins de grands formats présentés ici sont remarquables par l’utilisation de couleurs très vives. Mais l’éclat des couleurs est souvent nuancé par une partie, aussi infime soit-elle, de bandes ou formes grises, qui évoquent la calcination ou le vide.

Mix du travail des deux artistes avec les tableaux de Yim Maline et les compositions de Svay Sareth.

Mix du travail des deux artistes avec les tableaux de Yim Maline et les compositions de Svay Sareth.


Dans Décompositions Colorées, plusieurs cercles s’enchevêtrent à la manière de couronnes de fleurs ordonnées comme un jardin à la française (ou d’une couronne mortuaire). Des cercles verts et roses dorment une géométrie organique. Mais une couronne plus sombre vient perturber la luxuriance de l’ensemble. Des champignons ? Un dépôt de cendres ? Dans cette nouvelle série, Maline a poussé plus loin les tensions qui caractérisent son travail, entre les possibilités de la décomposition et la capacité de la nature à reprendre ses droits.

Le Foyer de Maline, c’est un jardin fantasmé, rêvé. Cependant, elle n’oublie pas qu’à côté de la nature réenchantée par l’imaginaire, il y a toujours la possibilité de la perte, même dans ses dessins les plus joyeux et éclatants. La nature coexiste ic avec la possibilité de sa propre destruction.

Svay Sareth

Pour Sareth, la nature chère à sa compagne est présente par l’utilisation fréquente que l’artiste fait du tissu au motif camouflage, qui n’est rien d’autre qu’une imitation grossière d’un paysage donné. Le camouflage incarne pour Sareth les tentatives de survie des Hommes et des Femmes qui luttent pour eux-mêmes. Car chez lui, c’est l’être humain qui est menacé de disparition et qui doit sans cesse se confronter à une telle éventualité.

De gauche à droite : Svay Sareth, Yim Maline, Madame l'ambassadrice de France et Martin Phéline

De gauche à droite : Svay Sareth, Yim Maline, Madame l’ambassadrice de France et Martin Phéline


La sculpture The Heart Healer, une grande femme assise entièrement parée de camouflage, est représentative de la thématique de l’appropriation de l’espace. C’est une des pièces maîtresse de l’exposition : elle incarne au plus fort al thématique du Foyer. Impressionnante par sa taille et par la technique utilisée, elle représente la mère de l’artiste, qui a survécu dans un camp de réfugiés, à la naissance de nombreux enfants et à une dure existence dans un environnement militaire. Recouvrir sa Mère de camouflage, c’est tout d’abord faire acte de mémoire en l’honneur d’une femme capable de s’adapter dans l’adversité. C’est un thème récurrent chez Sareth que celui de démontrer la capacité que certains ont à s’imposer malgré les circonstances.

Oeuvre de Svay Sareth

Oeuvre de Svay Sareth


L’art de Sareth consiste à réorienter son énergie créatrice pour en tirer des œuvres puissantes, à l’instar de cette installation faite de sandales, identiques à celles portées par les communistes chinois et vietnamiens, ainsi que par les Khmers Rouges. Les voir aujourd’hui vendues comme des biens de consommation usuels exaspère Sareth, et de cette exaspération est née l’idée folle d’en faire un usage performatif : dans la vidéo I Say Sareth, eat rubber sandals, l’artiste se met en scène face caméra et mâche, muet et inexpressif. Les indignations de Sareth sont souvent appréhendées avec dérision et il use consciemment de l’absurde comme moyen de communiquer une réflection grave. L’art, ici, naît d’une révolte, d’une douleur, d’une plaie à panser.

Les Warning Houses relèvent elles-aussi de ce chemin qui part de la récolte et parvient à l’articulation de celle-ci. Ces maisons sont des installations éphémères, in situ, faites de déchets trouvés dans les environs mêmes du lieu d’exposition. Elles représentent une réponse cinglante à l’autorité qui impose sa surveillance et ses règles absurdes, qui fait sentir à l’étranger qu’il n’est pas chez lui. La Warning House, c’est la maison précaire du réfugié dans un camp, le Foyer que chacun peut établir n’importe où et à partir de rien.

Précarité et résistance

Les deux artistes ont en commun de mettre au cœur de leur travail la tension subtile entre précarité et résistance. Maline et Sareth ont été tous les deux sensibilisés au caractère éphémère de ce qui nous est donné. La possibilité de la perte est chaque présente dans leur œuvre. Mais les deux ont également en commun la faculté de croire en un Foyer, que celui-ci se trouve en chacun de nous, dans nos mémoires, notre imagination, ou incarné par une œuvre d’art.

Courtes biographies

Yim Maline est née en 1982 à Battambang, au Cambodge. Elle est diplômée de l’école d’art Phare Ponleu Selpak et de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Caen. Elle a présenté plusieurs expositions personnelles à la galerie Sa Sa Bassac à Phnom Penh et a participé à de nombreuses expositions de groupe notamment à Yavuz Gallery de Singapour en 2015. Elle a également effectué des résidences d’artistes aux Etats-Unis en 2012 et 2015, en Andorre et en Afrique du Sud en 2016.

Yim Maline

Yim Maline


Svay Sareth est né en 1972 également à Battambang. Il a étudié l’art au camp de réfugié Site 2, en Thaïlande, et il est diplômé de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Caen. Il est également un des fondateurs de Phare Ponleu Selpak, une école d’art à Battambang, où il a également enseigné. Le travail de Sareth a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives au Cambodge, en France, aux Etats-Unis, en Australie, en Chine et en Allemagne. Plus récemment, il a participé aux Biennales de Sydney (Australie) et Guangzhou (Corée du Sud).

Svay Sareth récompensé à Singapour

Svay Sareth récompensé à Singapour


En 2016, il a reçu le prix du meilleur artiste émergent utilisant la sculpture et du meilleur artiste émergent d’Asie du Sud Est (Prudential Eye Award of Singapore). Sers œuvres sont entrées dans les collections du Singapore Art Museum, de la National Gallery of Victoria à Melbourne ou encore du MAIIAM de Chiang Mai en Thaïlande.

YIM MALINE et SVAY SARETH

Galerie Batia Sarem – vernisage samedi 15 à 17h

Exposition du 15 décembre 2018 au 16 mars 2019

Galerie Batia Sarem Bamboo Street, Was Damnak, Sala Kamreuk Siem Reap, Royaume du Cambodge

Galerie Batia Sarem

Galerie Batia Sarem


Instagram : @batiasaremgallery / Facebook : Batia Sarem

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