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  • Histoire & Parcours : Jean Commaille, l'aventurier conservateur du groupe d’Angkor

    Bon nombre de ceux qui visitent le temple d’Angkor Thom ne savent pas qu’il existe une tombe discrète, dissimulée dans les buissons et arbustes au sud-ouest de la route contournant le Bayon. Pourtant, il s’agit de la sépulture de Jean Commaille (1868-1916), premier conservateur d’Angkor pour le compte de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO). Le 30 avril 1916, Jean Cormaille était assassiné par des voleurs sur la route d’Angkor Wat. Si son nom est moins connu que celui de Georges Groslier, il fut pourtant l’un des premiers à apporter une contribution significative à la conservation d’Angkor. Henri Parmentier, qui fut chef du service archéologique de l’EFEO, lui rendait alors hommage dans le bulletin de l’EFEO : Grande perte Le 29 avril 1 916, notre collaborateur Jean Commaille, conservateur du groupe d’Ankor, mourait assassiné, victime de quelques bandits alléchés par l’argent qu’il rapportait de Siem Reap pour la paie des coulis. C’était une grande perte pour l’École et pour l’œuvre même entreprise à Angkor, œuvre à laquelle il s’était dévoué du plus profond de son âme. Une vie des plus mouvementées Je rappellerai en quelques mots le peu que je sais de lui avant son entrée à l’École ; je m’étendrai davantage sur le temps où nous avons compté parmi nous cet ami précieux. Il disait lui-même qu’il n’avait trouvé sa véritable voie que du jour où il avait pris sa part de notre tâche. Fils de soldat, il fit ses premières études au Prytanée de la Flèche et il aimait à en évoquer le souvenir ; mais il était de caractère trop indépendant pour soumettre toute sa carrière à l’inflexible discipline militaire, et d’ailleurs l’art le sollicitait trop pour qu’il pût résister à son appel. Il renonça donc à Saint-Cyr, et ce fut alors la dure existence de l’artiste-né à qui sont refusés les moyens de travailler. Il acquit cependant malgré son labeur cahoté une sérieuse connaissance du dessin, et il avait d’ailleurs à un degré intense le don naturel de la couleur. Pendant plusieurs années, sa vie fut des plus mouvementées, un dernier avatar le jeta dans la Légion étrangère. C’est ainsi qu’il vint en Indochine, puis passa dans les services civils. L’École française d’Extrême-Orient En 1900, Commaille entrait à l’École française d’Extrême-Orient comme secrétaire-trésorier, elle devait le garder plusieurs années et trouver en lui un collaborateur extrêmement dévoué. Si la nomination, à la même époque, d’un architecte-pensionnaire réduisait un peu le rôle qu’avec son talent de dessinateur et de peintre il pouvait espérer jouer parmi nous, par contre ses fonctions dans notre toute jeune École n’étaient pas encore très absorbantes et il trouva dans l’installation de notre petit Musée à Saigon un emploi parfait de son activité. D’ailleurs une fouille intéressante, celle de Bassak, ne tarda pas à lui être confiée et il s’en tira a son honneur, bien qu’un tel travail fût entièrement nouveau pour lui II rendit également de grands services lors du transport de nos collections à Hanoï et de leur mise en place à l’Exposition de 1902. Embarras d’argent Malheureusement de cruels embarras d’argent auxquels ses tendances fastueuses devaient fatalement l’acculer, l’obligèrent à quitter l’École pour se mettre en quête d’une occupation plus lucrative. Il la trouva, très conforme encore à ses goûts, dans la direction de l’imprimerie Schneider, dont le chef partait en France prendre quelque repos. Au retour de celui-ci, Commaille ne tarda pas à rentrer dans les Services civils, et c’est là qu’en 1907, la rétrocession des provinces septentrionales du Cambodge mettant Angkor sous notre surveillance, l’École put venir le chercher de nouveau pour lui confier le poste de conservateur du groupe d’Angkor qui, malgré de rudes fatigues et un pénible isolement, lui offrait l’idéal même de vie qu’il rêvait. Il y fut exactement le « right man in the right place » et il y vécut près de huit ans, sans autre interruption qu’un congé d’un an en France, congé mérité certes, car il avait, je crois, quand il partit, plus d’une dizaine d’années de colonie. Ces monuments, qu’il connaissait déjà fort bien et qu’il aimait, lui devinrent familiers jusque dans leur plus petit détail et son excellent Guide ďAngkor montre avec quel amour il s’en occupait. Il s’était consacré avec une ferveur sans cesse croissante à leur sauvetage souvent si angoissant. Angkor Ce fut d’abord Angkor qui lui demanda un travail long et souvent fastidieux. Il y employa près de quatre années, qu’il vécut la plupart du temps, soit dans la misérable case construite autrefois pour les voyageurs, soit dans une autre paillote élevée au moment de la visite de S. M. Sisovath et qui bientôt ne fut guère plus confortable, entourée par la réverbération de l’éblouissante chaussée dallée, assaillie par les tourbillons des moustiques qui naissent des mares d’Ankor et que les feux les plus asphyxiants n’écartent jamais entièrement. Le départ de sa femme, dont la santé ne put résister à des conditions de vie si pénibles, le laissa seul en ces solitudes mortes les trois quarts de l’année. Abandonné à lui-même, il lui fallut prendre le temple étage par étage et le débarrasser des tonnes de terre que le vent y avait amoncelées. Puis, l’opération faite pour les étages supérieurs, il fallut la renouveler pour les grandes cours des étages intermédiaires et inférieurs ; et l’on se rendra compte de l’importance du travail quand on saura que les avenues latérales du sanctuaire, qui, à elles trois, font plus d’un kilomètre sur une hauteur moyenne d’un mètre environ, furent reconstituées uniquement avec ces déblais. Travail gigantesque Commaille dut déplacer presque partout les énormes pierres des soubassements pour en arracher les souches des buissons qui les avaient envahies et, chose plus fastidieuse encore, répéter ce nettoyage plusieurs années de suite, tant est vivace la végétation en ces régions tropicales. Enfin cette besogne lassante put être considérée comme terminée et il lui fut permis de réaliser son plus ardent désir : le dégagement du Bayon, dont la mystérieuse beauté hante tous ceux qui, ne fût-ce qu’un jour, ont approché des ruines d’Angkor. Il eut le bonheur de conduire à bien cette entreprise, sans éboulement dans un édifice aussi chancelant, aussi ruiné, et il put l’étudier, au cours même de ces travaux, dans le plus minutieux détail. Il rêvait d’en faire une monographie complète, qui mettrait le public savant au courant de toutes les bizarreries de ce monument, qui est une des plus étranges conceptions humaines, et d’expliquer tous les mystères qu’il y avait reconnus au cours de ses longues heures de recherches. Études remarquables Par malheur, confiant dans son excellente mémoire, il n’a pris aucune note, ou du moins n’a-t-on rien trouvé de tel dans ses papiers. En revanche il avait préparé quelques dessins à grande échelle. Ces relevés devaient former la partie essentielle de cette œuvre importante, destinée, dans sa pensée, à perpétuer son souvenir. Bien qu’au crayon et sur papier quadrillé, par suite impossible à reproduire dans cet état, ces remarquables études sont si nettes et si précises, — je puis ajouter, si remarquablement exactes, les ayant vérifiées en partie moi-même, — qu’on peut espérer les faire paraître un jour : ainsi le rêve qu’il avait caressé et les efforts qu’il avait consentis pour le réaliser ne seraient pas entièrement perdus. D’autres temples Les dégagements du Bayon achevés, il entreprit ceux du Baphuon et de la Terrasse dès Éléphants, et les avait déjà menés fort loin lorsqu’une mort brutale est venue interrompre ses travaux, mort d’autant plus cruelle et injuste que rien dans ses relations avec les autochtones ne pouvait expliquer l’attentat. Il était très aimé d’eux ; il savait les conduire sans brutalité, quoiqu’avec cette fermeté qu’ils comprennent, et peut-être même désirent, chez le chef qui a charge de les mener et qui leur garantit ce qu’ils veulent avant tout : la justice. Parlant couramment la langue du pays, il pouvait expliquer ses ordres et y mêler cette verve humoristique qui galvanise les hommes et qui leur fait donner de bonne humeur, et presque sans s’en apercevoir, l’effort attendu. La meilleure preuve de son influence, en dehors du témoignage de tous ceux qui le virent à la besogne, c’est que jamais le recrutement des coulis ne fut une difficulté pour lui ; et cependant il avait fallu faire passer ces bûcherons du travail de la forêt à la tâche toute différente, et qu’ils n’aiment guère, de remueurs de pierres. Sa mort fut un véritable deuil pour les ouvriers de ses chantiers, et c’est avec une sincère indignation qu’ils repoussèrent tout soupçon de connivence avec ses assassins. Sa mort prématurée a privé d’un dévouement passionné notre école au service de laquelle il avait trouvé cette liberté et cet intérêt au travail — qui lui étaient indispensables ; et bien plus que par le petit monument qu’on lui élève près du Bayon qu’il a tant aimé, l’œuvre même qu’il a réalisée à Angkor, au prix de tant de fatigues et de désintéressement, maintiendra sa mémoire, aussi longtemps que subsisteront ces vieilles pierres elles-mêmes auxquelles il s’est sacrifié. Henri Parmentier Jean Commaille a publié quelques études d’archéologie cambodgienne dont nous croyons utile de donner la liste : 1. Les ruines de Bassac (Camboage). (BEFEO, II [1902], p 260-267.) 2. Les monuments ď Angkor. I. Vue rapide sur les remparts et l’ensemble de l’ancienne ville royale. — H. Le Bayon. — III. Le Baphuon. — IV. Le groupe du Phimeanakas. — v — La Terrasse dite du Roi lépreux. (Revue indochinoise, XIII [1910, 1], p.363-373 ; XIV [1910, и], p. 7-14. 141-151, 340-353 —) 3. Les ruines ď Angkor (Cambodge) ; conférence [faite à Marseille le i8 » février 1912]. (Bull, de la Soc. de géogr. de Marseille, XXXVI, 1912, p. 36-47.) 4. Guide aux ruines ď Angkor. Paris, Hachette, 1912, in-12. 5. Angkor, avec 44 illustrations. I. Angkor Vat. II. Angkor Thorn. (Ostasiatische Zeitschrift, Jahrg. II, Hefti-2. Berlin, 1913, in-4*.) 6. Notes sur la décoration cambodgienne. BEFEO, XIII [1913], in, p. 1–38.) XVI. 5

  • Le tamarin dans la cuisine des villages d’Angkor : des Mémoires de Zhou Daguan à aujourd’hui

    Cette recherche part des Mémoires de Zhou Daguan portant sur la société angkorienne de la fin du xiiie siècle et de leur apport à l’anthropologie sociale et culturelle. L’auteur met ainsi en perspective plusieurs remarques faites par le voyageur chinois sur la culture culinaire des gens d’Angkor avec les pratiques qu’il a pu observer en milieu familial dans la région de Siem Reap de nos jours. Cette note revient en particulier sur la place du tamarin dans la préparation des sauces et des condiments dans la cuisine cambodgienne. Cet article se veut une mise en perspective des pratiques d’assaisonnement ayant cours actuellement dans la région de Siem reap avec deux courts passages des fameux « mémoires » de Zhou Daguan (Tcheou Ta-Kouan) sur Angkor et ses habitants, le seul document d’une certaine consistance que l’on connaisse sur la vie quotidienne des Khmers vers la fin du XIIIe siècle. Les passages en question relatent l’absence au Cambodge de deux sauces connues comme essentielles dans la cuisine chinoise : la sauce de soja et le vinaigre. En aucun cas, il ne s’agit, dans le cadre de la présente note de lecture, de voir un quelconque essai de reconstitution des pratiques culinaires de ces temps-là, bien qu’a priori une telle entreprise ne soit pas totalement impossible, par le biais d’une véritable ethnologie historique. Des publications en langues occidentales sur Zhou Daguan et son écrit sur l’ancien Cambodge, deux au moins font autorité : celle du grand sinologue Paul Pelliot datant de 1951 et celle de Peter Harris publiée en 2007. Ces deux auteurs ont chacun mis en garde et invité à la prudence les lecteurs face aux déformations, passages ou chapitres manquants, tronqués, ou bien aux rajouts plus ou moins volontaires dans cette source incontournable. Qu’on se reporte à leurs ouvrages respectifs. Je me permettrai ici de rappeler très simplement la structure du texte tel qu’il apparaît dans une version du xvie siècle, la plus ancienne connue, alors que l’original à jamais perdu lui est antérieur de presque trois siècles. Il débute par une introduction générale suivie de quarante rubriques de longueurs inégales, dont la progression ou l’agencement n’obéit pas toujours à une logique immédiatement saisissable. À peu près tout l’ensemble consiste en descriptions ou remarques ethnographiques sur la vie de la cité d’Angkor et de ses habitants. Depuis quelque temps, je fais une recherche en sociologie culinaire des villages d’Angkor d’aujourd’hui. L’étude concerne six villages essentiellement ruraux, trois villages que l’on pourrait qualifier rapidement de périurbains, et plusieurs situations culinaires extra-villageoises. Dégager une profondeur ou une dimension historique, dans le sens fort du terme, à partir des pratiques actuelles n’était, au départ, inscrit ni dans l’objectif ni dans la démarche d’investigation. C’est seulement au cours de la recherche que certaines données du terrain se sont révélées intéressantes à confronter avec les rares témoignages historiques disponibles. J’ajouterai, d’une part, que le séjour approximatif d’un an de Zhou Daguan se résume à la région d’Angkor, d’autre part, que mes affirmations ne concernent que les villages d’Angkor que j’ai étudiés et ne préjugent pas de l’évolution des habitudes culinaires à venir. Laissons parler l’observateur chinois en renversant quelque peu l’ordre de la progression des passages : « Les indigènes ne savent pas non plus préparer le soy, faute d’orge et de haricot ». Dans l’aire ou, plus précisément, dans toutes les maisonnées et les diverses situations couvertes par mon étude, pas une seule fois je n’ai rencontré l’utilisation ni même la présence dans la cuisine de sauce de soja. C’est dire combien, sur ce point précis, la constatation de Zhou Daguan reste d’actualité. Je m’empresse cependant de préciser que l’étude concerne les repas quotidiens, domestiques en premier lieu et, en second lieu, ceux préparés et pris en commun dans différents chantiers de restauration des monuments d’Angkor, mais toujours hors contexte commercial. En sont exclus, par conséquent, les repas et collations servis soit dans les restaurants, soit dans les échoppes des villages, où, effectivement, on vous propose plutôt le non-quotidien au sens strict du terme. Cela étant, il va sans dire que dans les zones urbaines, ou même seulement semi-urbanisées, la sauce de soja s’impose assez fréquemment dans les cuisines. Bien des marques sont fabriquées au Cambodge même. Son utilisation semble être ancrée dans les habitudes culinaires des villes depuis bien longtemps. On peut même imaginer qu’assez tôt, le soja a pénétré dans les campagnes des berges du Grand Fleuve et de ses affluents, là où se sont installés de préférence les immigrants chinois de différentes ethnies. Cela n’est d’ailleurs qu’une idée générale, car il serait évidemment imprudent d’aller plus loin en conjecture. Remarquons simplement qu’à plusieurs reprises Zhou Daguan laisse entendre que, de son temps, les Chinois étaient déjà nombreux à Angkor, et que des produits de Chine y étaient négociables. Certains, comme la table basse, introduisaient carrément une nouvelle « technique du corps » chez les Khmers de l’époque. Pourtant la sauce de soja – pour revenir à notre sujet – était encore inconnue d’après le témoignage de Zhou Daguan. Il ajoute à propos d’un autre condiment, cette fois porteur non plus de la saveur salée mais acide : « Les indigènes ne savent pas faire de vinaigre. S’ils désirent rendre une sauce acide, ils y ajoutent des feuilles de l’arbre hien-p’ing (? Ampil). Si l’arbre bourgeonne, ils emploient les bourgeons ; si l’arbre est en graines, ils emploient les graines.» Bien qu’incomplète en ce qui concerne l’usage des éléments naturels acides, l’assertion ci-dessus est criante de vérité. Dans le cadre de cette note, j’essaierai de la confronter rapidement avec les données du terrain déjà présenté. On sait que le vinaigre est bien connu et assez largement utilisé des Cambodgiens d’aujourd’hui. À la différence de la sauce de soja qui est toujours manufacturée, le vinaigre, dont on connaît une grande variété, est assez souvent fabriqué individuellement pour le besoin de la maisonnée. En d’autres termes, sa fabrication est relativement facile. À la campagne, il est assez fréquent qu’il soit fait à base de jus de palme. Et pourtant pas une seule fois, là non plus, je n’en ai rencontré au cours de ma recherche (entendre : dans la région couverte par celle-ci). Pour le goût acide, les gens recourent à une multitude de feuilles et de fruits dont je suis incapable de produire la liste complète. Dans cette gamme, comme l’indique Zhou Daguan, figure évidemment le tamarin (ampil) : ses jeunes feuilles, ses fruits à différentes étapes de la croissance. Quelles sont les préparations khmères où l’acidité intervient comme saveur particulièrement marquée ? Grosso modo elles relèvent de deux catégories de mets et des sauces d’une manière générale. La première catégorie est celle des « mets liquides » (mhaup teuk) dont la saveur dominante tire vers l’acidité, précisément : les samlâ mchou. Le second type, relevant du groupe « mets solides » (mhaup kôk), est représenté par la catégorie bok, « (mets) pilé ». Comme accompagnement de certains plats – par exemple une grillade de poissons –, la plupart des sauces ou condiments se dotent d’une composante acide. Concrètement, voyons maintenant l’usage que l’on fait du tamarin, puisque l’on en trouve mention dans Zhou Daguan. Les exemples suivants viennent tous de la seule aire bordant immédiatement le marché de Roluoh, la plus « urbanisée » par rapport à tout le reste de la zone étudiée. On l’a choisie à dessein pour son caractère relativement ouvert vers l’extérieur. En principe, dans un tel milieu, mais cela reste un a priori, les ressources de l’environnement deviennent soit plus pauvres soit peu exploitées. Le potager de la maison apparaît souvent comme moins vital qu’en rase campagne et l’économie domestique quotidienne fait appel à davantage de transactions commerciales. Plaçons les exemples relevés dans le cycle des moussons, étant donné qu’il commande celui de la végétation, en particulier du point de vue de l’exploitation culinaire. Jeune tamarin (fruit) Le premier exemple illustre l’utilisation de jeunes fruits du tamarinier – le tamarin. Plusieurs tamariniers poussent sur le grand terrain de la maison qui nous concerne ici, sans que celle-ci dispose d’un potager véritablement digne de ce nom. Nous sommes vers la fin du mois d’août, la mousson s’est installée depuis un peu plus de trois mois déjà. Un poisson andèng grillé est l’un des deux mets que l’on prépare pour le repas de ce soir. Il faut, bien sûr, un condiment pour l’accompagner. En ville, sans même parler des restaurants où le réflexe est, pour ainsi dire, automatique, on recourrait volontiers au teuk trei. Une telle sauce serait agrémentée de différents ingrédients, y compris d’un fruit acide quelconque – et pourquoi pas de tamarin – du moment que le très salé teuk trei commande le goût général. Tel n’est pas le cas ici, où le goût dominant recherché doit être, au moins, équilibré entre le salé et l’acide, sinon plutôt tiré vers l’acide. Jeunes feuilles de tamarinier Nous sommes à la mi-septembre, encore en pleine mousson d’été. Les fruits restant du même tamarinier se sont quelque peu raréfiés et surtout, deviennent mûrs. Mais ce qui intéresse notre cuisinière, ce sont les jeunes feuilles toutes vertes, abondantes, dont elle cueille une certaine quantité. En effet, le mets liquide du repas du soir est un samlâ mchou aux crabes. Il faut dire que le crabe, en saison des pluies, bien que relativement facile à trouver, est moins apprécié qu’en saison sèche où certes il faut alors le sortir péniblement à coup de bêche de son trou, à environ 80 cm dans un sol très dur, mais la récompense est que, étant resté en estivation des mois durant, il devient bien gras. Les principaux ingrédients sont (photo ci-dessus) les feuilles de tamarinier, de la citronnelle arrangée en botte, qu’on laisse seulement infuser pour ses qualités olfactives avant de la retirer du produit fini, du galanga (rumdéng), indispensable à nombre de mets, de l’ail, du prahok (pâte de poisson salé et fermenté) et du gros sel pour le goût salé, du sucre de palme, du basilic sacré (mreah preou) à mettre en dernier, lorsque tout est prêt. L’ail, le galanga découpé en tranches et les feuilles de tamarinier sont ensuite aussi pilés Tamarin adulte Nous sommes dans une autre maisonnée du même village de Roluoh Lech. On y prépare un plat particulier, à mi-chemin entre un vrai mets et un amuse-gueule, sorte de mets d’agrément pris hors des repas : un bok l-hong connu sous l’appellation « salade de papaye ». Il convient de rappeler ici qu’un bok l-hong khmer, préparé hors commerce, est très différent du som tam thaï ou du tam mak houng lao. L’utilisation du prahok à la place du kapi (pâte de crevette en thaï) ou du padèk (lao) est l’une de ses caractéristiques. On voit aussi un poisson phtuok entier mis à cuire de la même façon, dont la chair cuite est ensuite pilée avec l’ensemble des ingrédients. Autre trait remarquable : pour la salade khmère, le citron n’est pas indispensable et systématique comme pour ses congénères thaï et lao. On cherche souvent à le remplacer par un autre élément acide qui ne soit pas trop neutre. Dans le cas qui nous concerne, on recourt aux tamarins. Les jeunes fruits seraient l’idéal, mais il est impossible de s’en procurer en ce début de janvier. Il faut se contenter des fruits adultes, car il en reste encore, bien que la plupart aient déjà atteint la maturité. La préparation n’en est pas si simple. Il faut d’abord, à l’aide d’un couteau, enlever la peau, puis découper chaque fruit pelé dans le sens de la longueur pour, enfin, les débarrasser des graines. On pile dans un premier temps les ingrédients contenus dans le mortier,, avant de les mêler, toujours dans le même mortier, avec la chair émiettée du poisson grillé, puis enfin avec la papaye râpée. Le tout sera servi avec des cacahuètes et un ensemble de légumes dont certains viennent du potager, tout comme la papaye elle-même. Il n’est pas inopportun de revenir un court instant dans la première maisonnée pour voir, à la même époque de l’année, une autre forme d’utilisation du tamarin au même stade de croissance. L’un des mets du repas est un ph-âk kreum tonsay, c’est-à-dire de minuscules poissons fermentés d’une certaine manière. Parmi les légumes d’accompagnement, on relève des tranches de tamarin non débarrassées ni de l’écorce ni des graines. C’est donc le goût de ce fruit dans sa globalité qui est ici recherché, l’âpreté et la pointe d’amertume des graines corrigeant l’acidité de la pulpe… Tamarin mûr On a vu qu’on peut trouver du tamarin mûr ici ou là, en pleine saison des pluies, certes en petite quantité. Mais c’est en saison sèche et chaude qu’il règne en maître sur les arbres. Son aspect et sa constitution changent drastiquement : le cortex s’enlève presque tout seul, en tout cas sans difficulté, les graines deviennent très dures et ne servent plus. Seule la pulpe est utilisée, présentant un goût autre, mais tout aussi apprécié que quand elle est plus jeune. L’avantage est qu’on peut la garder longtemps et, de ce fait, on peut en avoir à longueur d’année. Sans tamarinier chez soi ou chez les voisins, il n’y a qu’à s’en procurer dans n’importe quelle échoppe du village. Le prix en est tout à fait modique. Le village de Ta Prak est contigu au marché de Roluoh qui s’étend et se modernise de jour en jour. Située en zone urbanisée, la maisonnée qui nous concerne ici conserve pourtant un mode de vie rural encore à peine perturbé. Le potager offre une variété importante d’arbres fruitiers et de plantes culinaires. Pour ce soir, l’un des mets du repas est un samlâ mchou de papaye des plus simples. Deux poissons phtuok ont été achetés au marché tout proche, ce matin. Les deux papayes, dont une seulement va être utilisée, viennent du potager. Sont successivement mis dans la marmite sur le feu : une botte de citronnelle et un morceau de galanga écrasés (qu’on laisse seulement infuser), de l’ail haché, du sucre, du sel et un morceau de prahok. Dès les premières ébullitions, on incorpore les tranches plates de papaye verte, suivies des morceaux de poisson. Ce n’est qu’ensuite qu’on s’occupe du mchou (élément acide), en l’occurrence du tamarin mûr. Tout le liquide est ensuite versé dans la marmite. L’opération est renouvelée plusieurs fois dans le but de tirer le maximum du tamarin. Puis on jette toute la matière grossière. C’est ainsi que le produit fini peut tromper la vue sous l’apparence d’un plat plutôt pauvre. Voilà quelques exemples d’utilisation du tamarin à l’époque actuelle qui montrent combien le deuxième passage déjà cité de Zhou Daguan reste d’actualité. Il faut dire et répéter que l’intention de l’émissaire chinois n’était point de parler du tamarin, mais d’informer ses compatriotes en Chine qu’au Cambodge on ne trouvait ni sauce de soja ni vinaigre. Le détail est d’importance pour les Chinois car ce sont là deux sauces ou condiments absolument indispensables dans leur cuisine. À partir de cette glose ou commentaire sur le tamarin, la réflexion devrait, dans une étape ultérieure, s’orienter sur l’influence que la cuisine chinoise (encore faible ? voire même nulle ?) pourrait avoir exercée sur la cuisine khmère au xiiie siècle. Vu l’utilisation assez fréquente aujourd’hui de ces deux sauces en milieu urbain, nous commençons à disposer là d’une vue diachronique, timide il est vrai. Sur l’autre plateau de la balance, mais cette fois en synchronie, nous venons de voir qu’à Angkor aujourd’hui, même en milieu relativement urbanisé, on continue de recourir au tamarin dans les différentes étapes de sa croissance. Bien sûr, il ne saurait être question de tirer une conclusion définitive à partir d’un seul exemple. Le tamarin, du reste, n’est qu’un ingrédient dans la vaste gamme de ceux qui fournissent l’acidité : le krasaing, le tromoung, le pongro, le sandan, le mkak (cultivé ou spontané), le kralanh, le thnoeng, le kréng, la mangue verte et bien d’autres plantes encore que j’ignore. Non seulement on recourt aux plantes pour leur acidité, mais encore, et très souvent, aux ângkrâng, grosses fourmis rouges qui font leurs nids sur des branches d’arbre. Si l’on étend la description à tous ces ingrédients, on aura traité ou abordé un pan important de la cuisine rurale khmère, à savoir les sauces et condiments culinaires. Ainsi, on comprendra sans doute un peu mieux les différents degrés de pénétration d’éléments et de modes culinaires étrangers au Cambodge, selon les régions et les types de srok (« pays »). Par Ang Chouléan - Ethnologue, Université Royale des Beaux-Arts (Phnom-Penh), conseiller de l’autorité APSARA et fondateur de l’association Yosothor.

  • Environnement : Rencontre avec les grands-pères protecteurs des forêts du Cambodge

    À la lisière d’une forêt, dans les plaines du nord du Cambodge, une communauté autochtone met en place son propre système de surveillance. Il s’agit d’un petit avant-poste construit avec du bois confisqué à des bûcherons opérant illégalement. Pour cette toute nouvelle patrouille forestière, il s’agit d’une stratégie nécessaire. La plupart des communautés autochtones sont trop souvent réduites à l’état de spectateurs devant la destruction de leurs forêts ancestrales. « Nous pouvons difficilement compter sur la loi, elle est trop lente », déclare Ruos Lim, le chef de patrouille, âgé de 67 ans. Son groupe est principalement composé des aînés des communautés. Ils se considèrent comme un groupe chargé de protéger les forêts qui leur fournissent nourriture et revenus. « Jour et nuit, nous apprendrons à nos enfants et à nos petits-enfants à protéger nos moyens de subsistance », explique Lim, qui estime que si les forêts sont détruites, la communauté, ses traditions, son langage et potentiellement tout leur mode de vie ne survivront pas. Investir dans les forêts La forêt a des fruits sauvages, du bois et du miel. « Cet endroit est un type de banque assez particulier », explique Lim. « Nous investissons en entretenant la forêt et il y a toujours plein de choses à en retirer ». Lim a passé toute sa vie dans le petit village de Bang Khanphal, derrière la forêt de Chom Penh, qui fait partie de la réserve naturelle de Beng Per (242 500 hectares). La forêt de Chom Penh fournit au village des matériaux de construction, de la nourriture et des produits de plus grande valeur tels que le miel et la résine, deux produits qu’ils peuvent commercialiser. « Les arbres, les ruisseaux et les montagnes sont le cadeau que nous offrons à nos enfants », déclare Lim, tard dans la nuit, alors qu’il se balance dans un vieux hamac en fumant du tabac sauvage enroulé dans une feuille. « La forêt est leur héritage et nous devons la protéger des voleurs ». Selon ses grands-parents, membres de la minorité indigène Koi, présente dans le nord du Cambodge et à la frontière avec la Thaïlande, la forêt était la seule source de richesses de la communauté. Mais, à mesure que la déforestation s’accentue, les peuples autochtones sont obligés de s’aventurer davantage dans la réserve naturelle de Beng Per pour trouver des produits de la forêt, faisant de Chom Penh, au cœur de la réserve, une zone de plus en plus menacée. En 2013 seulement, Beng Per a perdu 12,4 % de sa surface boisée, selon les données satellites de la Licadho, un groupe de défense des droits cambodgien. Et elle en a perdu au moins 33 % depuis 2000. « Nous sommes les seuls patrouilleurs actifs, ici » Depuis plus de deux décennies, les communautés autochtones luttent contre une vague d’investissements étrangers et locaux, qui ont obtenu l’autorisation de défricher des surfaces cultivables du Cambodge.  Les parcs nationaux et les réserves naturelles, où l’exploitation forestière est interdite, sont devenus des zones convoitées par les bûcherons. Et comme les arbres les plus anciens et les plus précieux ont été abattus, ces zones ont été reclassées en « forêts dégradées », et transformées en plantations. Le ministère de l’Environnement déclare que le gouvernement soutient les patrouilles dans les communautés et donnera suite à tout signalement d’exploitation forestière illégale. Il ajoute que la coupe des forêts protégées est nécessaire pour « développer le pays et créer des emplois » et qu’une évaluation de l’impact environnemental est réalisée avant la remise de chaque concession. « Nous avons constaté qu’il n’y aurait aucun impact sur la réserve », dit-il. Défendre les richesses Lim et ses hommes ont transformé leurs escapades régulières en patrouilles effectuant des roulements. Leur mission est d’empêcher le pillage de Chom Penh, et ils combinent éducation, réprimandes et menaces. Par un beau jour d’août, deux équipes de patrouilles quittent le village de Bang Khanphal avant l’aube, à pied, à la recherche de bûcherons.  L’expédition commence réellement quelques heures plus tard, sur un ko yun, une longue remorque plate attachée à un moteur diesel sur roues. Ils transportent du carburant, des hamacs et quatre semaines de rations : 30 kg de riz, 10 litres d’alcool de riz, des boissons énergisantes et du sel. Tout le reste viendra de la forêt. La planification et le départ sont effectués avec une précision militaire. Plus tard dans la journée, la patrouille atteint l’extrême sud de Chom Penh, Lim bouillonne. « C’est la zone de guerre », déclare-t-il. À l’âge de 21 ans, Lim a rejoint les Khmers rouges, passant de petit espion de village à chef d’une unité de sécurité locale dont la zone couverte englobait des parties de Chom Penh. À 67 ans, il affirme n’avoir jamais tué personne au combat ni avoir perdu le contrôle de sa forêt. Aujourd’hui, sa ligne de front est marquée par des arbres marqués à la tronçonneuse et des piles de bois fraîchement coupé — les restes de batailles gagnées et perdues. « Si nous trouvons des voleurs ici aujourd’hui, déclare Lim, cela me rendra très heureux ». Toutefois, les pillards que la patrouille rencontre sont principalement des opportunistes. 90 %  des « voleurs » découverts sont de la communauté Koi, dont les forêts se sont raréfiées, les forçant à se rapprocher de Chom Penh pour essayer de se faire un petit peu d’argent. « Certains jours, ils ne trouvent qu’un seul morceau de bois, d’autres jours, ils ne trouvent rien », explique Lim plus tard, alors qu’il se repose dans son hamac. « Ils ne savent pas comment trouver un emploi. Ils ont perdu leurs forêts, leurs fermes — tout a été balayé. C’est pourquoi ils viennent quêter ici ». Un après-midi, après avoir suivi le bruit des tronçonneuses vers un camp de bûcherons improvisé situé juste à l’extérieur de Chom Penh, Lim appelle : « Les rangers sont là… venez nous faire face ». Trois jeunes hommes en sueur et pleins de sciure de bois émergent et font alors face à un groupe de grands-pères portant des pioches et des couteaux. Ils s’assoient dans la boue pendant que Lim se tient au-dessus d’eux et les réprimande : « Comprenez-vous à quel point la forêt est importante pour votre peuple ? », déclare-t-il. « Avez-vous oublié qui vous êtes ? ». Les bûcherons déclarent avoir entendu des rumeurs selon lesquelles la forêt serait bientôt défrichée et replantée avec du caoutchouc, et avoir décidé qu’ils pourraient eux aussi récupérer une part du butin. « C’est une astuce pour vous faire abattre votre propre forêt », déclare Lim. « Vous écoutez des étrangers et ils vous rendent avides d’argent ». Parmi une douzaine de rencontres avec des bûcherons, durant les quatre jours de patrouille, un seul groupe a tenté de s’échapper. Les patrouilleurs les ont retrouvés plus tard dans leur village et les ont remis à la police. Les autres ont accepté leur punition, une forte réprimande d’un ancien, qu’ils connaissent, craignent et respectent. L’un d’eux a compris la leçon puis a rejoint la patrouille. Texte et photographies par  Matt Blomberg  – Mekong Eye (cc) – Pour des raisons de clarté, le texte original a été réduit

  • Phnom Penh & Arts : (re)découvrir la symphonie chromatique de Stef au restaurant Khéma La Poste

    Dessinateur de bandes dessinées accompli, illustrateur et peintre, Stéphane Delaprée illustre depuis 26 ans la joie de vivre cambodgienne. Ses œuvres sont toujours exposées au Khéma La Poste de Phnom Penh, l'occasion de redécouvrir cet artiste talentueux et plein de bonheur. En 1994, Stéphane Delaprée foule pour la première fois le sol cambodgien. Ce dessinateur-voyageur impénitent ne compte alors y rester qu’une poignée de mois, juste le temps de saluer ses deux frères qui se sont établis dans la capitale. Le billet retour finira, fatalement, dans une poubelle, et l’artiste fera du royaume son pays d’adoption. 26 ans plus tard, il continue de célébrer, à travers ses œuvres, une certaine idée du bonheur. « Peins ce que tu chéris » Ses peintures sont immédiatement reconnaissables tant son style est personnel. Aucune ombre dans ses tableaux, mais au contraire une lumière vive et éclatante, omniprésente, tout comme les couleurs et les sourires. Des scènes tirées de la vie quotidienne, transports, moines, enfants, vendeurs, sans oublier les femmes élégantes et ravissantes, descendantes des gracieuses apsaras d’antan. Avec, toujours, ce même visage rond, cet imperturbable sourire et ces yeux sur le côté, « ces yeux croches qui sont comme les miens, un peu de travers » Des maisons sur pilotis, des forêts, une rivière servent souvent de toile de fond, et les dômes d’Angkor Wat ne semblent jamais loin. Dans cette mélodie de couleurs où prédominent le rouge, le bleu et l’or, le printemps semble éternellement durer. Un paradis terrestre, en somme, vision pas si fantasmée d’un pays de cocagne où tout est merveille pour qui sait admirer. « C’est un peu le regard d’un enfant qu’est le mien, et si je devais me donner un âge mental, je pense que je serais bien plus proche des 12 ans que de mon âge véritable. Et vous, quel âge vous donneriez-vous ? ». L’artiste est ainsi, invitant à chaque instant son interlocuteur à se découvrir en lui retournant les questions. Très vite, en sa compagnie, l’habituel l’interview-monologue se transforme en un échange forcément haut en couleur. Happy Painting, hommage à la joie de vivre Ce courant pictural qu’il a lui-même fondé sera baptisé bien plus tard « Happy Painting », une peinture faussement naïve mais véritablement réconfortante, imprégnée de poésie et de joie de vivre. « Faire croire que je me suis un jour réveillé en “inventant” ce style serait un gros mensonge, déclare le peintre. Honnêtement, je ne pense pas que les artistes puissent avoir d’emblée une idée claire du style qui sera le leur. Celui-ci vient étape par étape, et c’est seulement après-coup que des tendances se dégagent, une cohésion, assez pour définir l’ensemble d’une œuvre ». Paradoxalement, il aura fallu que l’artiste traverse une période sombre pour que cet hymne à la joie voie le jour. « J’étais empêtré dans une situation délicate et difficile à vivre. Sans vraiment m’en rendre compte, mes tableaux sont devenus comme une sorte de refuge, un antidote à la douleur. Je peignais la lumière que j’avais du mal à trouver dans ma vie. D’ailleurs, dessiner n’est pas pour moi une passion, il s’agirait beaucoup plus d’un besoin » « J’étais le gamin qui dessine » Toute sa vie, Stef l’aura consacrée au dessin, qu’il apprend en autodidacte. « Mes parents étaient des intellos, ils m’emmenaient au musée et achetaient beaucoup de livres, y compris des livres d’art. Je recopiais tout ce que j’y trouvais d’intéressant, notamment les illustrations du dictionnaire. Il m’arrivait même de faire semblant d’être malade afin de pouvoir rester à la maison et faire tranquillement mes croquis. J’étais “le gamin qui dessine”, et je pense que mes parents ne se faisaient pas trop d’illusions sur mon avenir. S’ils ne m’encourageaient pas particulièrement, ils ne tentèrent jamais non plus de me dissuader ». Adolescent, il réalise pour son école une sculpture sur bois qui se vend immédiatement. Ses dessins aussi trouvent très vite acquéreurs, même s’il préfère les donner ou les échanger plutôt que de les vendre. « J’étais bien trop timide pour aborder le thème de l’argent ! », déclare l’artiste avec un léger sourire, comme s’il était gêné de cette particularité dans un monde où chaque objet, chaque œuvre se voit octroyer une valeur marchande. La vie comme un roman graphique Pendant longtemps, Stef avoue n’avoir vécu que pour la BD, dévorant les numéros de L’Écho des Savanes, À Suivre, Hara Kiri, Pilote et Tintin. Sans se douter que des années plus tard, ses dessins rempliraient les cases de quelques-uns de ces magazines devenus cultes. Il franchit un pas de plus lorsque, résidant au Canada, il fonde la revue Bambou, un bimestriel dont le tirage ira jusqu’à atteindre les 5 000 exemplaires. Une belle réussite dans le Québec du milieu des années 1980, qui lui rapportera une moisson d’incroyables souvenirs et de soirées dantesques. Électron libre et rêveur invétéré, la soif de découvertes le pousse à partir vers de nouveaux horizons. Car avant de peindre les splendeurs du Cambodge, Stef aura traîné ses cartons à dessins dans d’innombrables contrées. Alors qu’il n’est encore qu’un enfant, ses parents quittent la région parisienne pour les frimas québécois, avant de gagner la côte sénégalaise. « J’y ai passé une adolescence fabuleuse, c’était une période vraiment heureuse. Et, bien sûr, je dessinais tout le temps. Je me souviens même avoir commis, avec Normand Baillargeon au scénario, un petit ouvrage intitulé “Astérix chez les Wolofs”, dont un ami a retrouvé un exemplaire il y a peu de temps ». L’attrait du voyage et du dépaysement se porte bien dans la famille, comme le prouve cette téméraire traversée du Sahara entreprise en Méhari. À bord, Stéphane est entouré de son père et de l’un de ses frères. Quelques années plus tard, à 17 ans, Stef quitte l’école et décide de s’embarquer pour un périple solitaire le menant jusqu’en Inde. Puis ce sera le Salvador d’avant la guerre civile, dont il garde le souvenir d’une montagne russe émotionnelle, où des joies ineffables se retrouvent entrecoupées d’épisodes sanglants. À chaque fois, Stéphane parvient à vivre de son art, créant tantôt des affiches, des story-boards, des pochettes de 33 tours, des couvertures de livres… Il illustre des hommages à Prévert, dont l’un des poèmes, Le Cancre, semble avoir été écrit pour lui. Sans oublier les dessins et les peintures, qu’il vend parfois dans la rue. Cette vie de bohème ne dérange alors pas cet artiste bien peu intéressé par la réussite financière. « Ce n’est qu’au tournant de la trentaine que j’ai commencé à réellement me soucier du futur. Auparavant, seul importait le fait de pouvoir m’acheter de quoi dessiner ». « Je n’ai pas choisi le Cambodge, c’est lui qui m’a pris » En 1994, le voilà donc au Cambodge, « Juste le temps de passer l’hiver ». Il trouve immédiatement un engagement auprès de la LICADHO, et le voilà chargé d’illustrer un fascicule sur la nouvelle Constitution. L’ambiance qui règne alors dans la capitale n’est pas pour lui déplaire : « Tout le monde se saluait, une sorte de fraternité et une grande solidarité prédominaient. Et puis, comme il y avait très peu de barangs, on était invités à toutes sortes de cérémonies, dont certaines très prestigieuses » « En parallèle, Phnom Penh ressemblait à une ville du Far West. Il n’y avait presque pas de voitures, on marchait au milieu de montagnes de poubelles, entre lesquelles slalomaient des rats énormes. C’était un endroit dangereux, on y croisait des mecs complètement bourrés qui tenaient un flingue à la main. Souvent, à la nuit tombée, des coups de feu retentissaient dans la ville. Les choses ont bien changé depuis ! ». Après deux décennies passées dans la capitale, Stef a décidé de s’installer à Siem Reap, « Un endroit plus calme, à l’aspect un peu campagnard, où on peut tranquillement se balader en vélo au bord de la rivière ». « Je suis un rêveur, pas un businessman » Ces 26 années passées au Cambodge auront vu son art se développer, stimulé par l’amour qu’il porte à ce pays hors du commun. Les commandes, parfois de grande ampleur, se sont succédé, comme cette fresque de 15 mètres de long qui a longtemps orné les murs de l’aéroport de Sihanoukville. Ou encore les 108 couvertures réalisées pour le magazine japonais NyoNyum. Les points de vente et les Happy Galleries ont fleuri un peu partout. « J’ai fait beaucoup d’argent, mais tout cela en coûtait tout autant, en plus du temps qu’il fallait consacrer aux aspects techniques et administratifs. Je ne suis pas un homme d’affaires ni un pro du marketing. Je ne suis pas fait pour ce genre de chose, je suis un rêveur, pas un businessman » La crise provoquée par le coronavirus a accéléré la fermeture des derniers points de vente physiques, mais les œuvres de l’artiste peuvent être admirées et acquises sur son tout nouveau site internet, avec en prime une promotion spéciale qui durera tout le mois de juillet. Créateur prolifique, Stef ne compte plus le nombre d’œuvres qu’il a produites, « Disons simplement qu’il y en a beaucoup ! Je suis un mélange de flemmard et de gros bosseur, l’idéal étant pour moi de ne rien faire et de trouver une manière de ne rien faire », confesse l’artiste en prenant un air malicieux. « Pourtant, au bout d’un moment, ma mauvaise conscience reprend le dessus et me pousse à m’enfermer dans mon atelier ». Mi-amusé, mi-surpris, il se pose à lui-même la question : « Comment un artiste a pu vivre de son art pendant plus de 40 ans, hors du circuit artistique traditionnel et des galeries, sans argent, sans affiliation, sans contact, sans protection et sans marketing ? ». Le talent serait très certainement une réponse satisfaisante. Texte et photographies par Rémi Abad - CG Article en anglais ici... Site internet de l’artiste : https://stefhappygallery.com/ Facebook : https://www.facebook.com/sdelapree/

  • Le coin du sommelier : Le rare et authentique « Feudi Bizantini 8 Limited Edition » disponible à Phnom Penh

    L’art du vin devenant de plus en plus populaire dans le Royaume, nous avons recherché quelques raretés dans la belle cave à vin du restaurant Siena à Phnom Penh. Tellement vaste et sophistiquée qu’il est difficile de faire un choix, mais le maître des lieux, Giussepe Napolitano, admet avoir un petit faible pour un vin italien définitivement unique en son genre. « Il s’agit d’un vin en édition limitée, seulement six mille bouteilles seront produites pour chaque millésime, et le vigneron ne sélectionnera que le meilleur vin qui a été vieilli en barriques. Sur dix barriques, seules huit seront mises en bouteille », explique Giussepe, qui ajoute : « Ce beau vin est issu du cépage Montepulciano, qui produit un vin rouge riche et corsé. Il présente une couleur rouge rubis très intense et élégante et un bouquet large et complexe, avec des notes fruitées de prune, de confiture de cerise et un soupçon de tabac, accompagné d’un piquant subtil. » « Ces caractéristiques en font un vin exceptionnel qui ravit les sens à tout moment de la journée. C’est pourquoi j’aime ce vin qui, selon moi, se marie parfaitement avec les viandes ». Le profil gustatif de Feudi Bizantini 8 Limited Edition est tout aussi impressionnant et original. Les notes prononcées de baies sombres apportent une douceur généreuse équilibrée par une structure claire. Le vin n’est pas trop sucré et sa complexité et sa profondeur de goût en font un excellent choix pour les amateurs qui apprécient un vin unique et différent, offrant à la fois élégance et caractère. Feudi Bizantini 8 Limited Edition 0.75L se distingue non seulement par son goût exceptionnel, mais aussi par sa rareté et le fait qu’il soit possible de le collectionner. Il s’agit d’un vin produit en quantité limitée, ce qui en fait une perle rare pour les collectionneurs et les amateurs de vin. L’exclusivité de ce vin ajoute à son attrait et en fait une bouteille convoitée par les amateurs de vins fins. Qu’il soit dégusté lors d’une occasion spéciale ou ajouté à une collection de vins, le Feudi Bizantini 8 Limited Edition se distingue par ses qualités uniques et sa fabrication exceptionnelle. Version anglaise de l’article ici… Si vous souhaitez goûter ce vin unique, rendez-vous au restaurant Siena. D’autres vins à découvrir dans la lettre d’information de Thalias : https://thalias.com.kh/email-signup/

  • Tourisme & Kampot : Lundy Taing d'Amber Kampot, la passion souriante

    Depuis juillet 2020, le Cambodgien Lundy Taing dirige l’hôtel Amber Kampot. Personnage hyper actif, avenant et plein de bonne humeur, Lundy est aussi un hôtelier passionné qui n’a pas hésité à se remettre en question pour gérer cette destination pas tout-à-fait comme les autres. Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours Je m’appelle Lundy Taing. En fait, je suis né à Battambang, mais j’ai déménagé à Siem Reap en 1995 et je suis toujours résident là-bas. Actuellement, je suis directeur d'Amber Kampot. Mon parcours a commencé par un hôtel de Siem Reap. En 2001, j’ai intégré l’Hôtel de La Paix avant de poursuivre dans d'autre hôtels. Enfin, en 2015, j’ai rejoint le groupe Thalias. J’ai travaillé au Malis Siem Reap et également pour celui de Phnom Penh. Un an après j’ai enchaîné avec le Banyan Tree, mais quand le Covid est arrivé ils ont décidé de fermer, alors j’ai déménagé à Kampot et je travaille à Amber depuis 2020. Comment êtes-vous arrivé ici ? Je connaissais bien l’ancien directeur général de Templation à Siem Reap, car sa fille étudie aussi dans la même école que mes enfants et il m’a demandé si je voulais travailler à Kampot. J’ai dit oui et il m’a envoyé le formulaire de candidature. J’ai postulé, ai été admis, puis je suis venu à Kampot en juillet 2020. Comment définissez-vous Amber Kampot ? Amber Kampot s’adresse à tout le monde parce qu’en tant que centre de villégiature, notre marché est local, local haut de gamme et aussi touristique. Pour les touristes, nous accueillons tout le monde, les Américains, les Australiens, les Français, les Britanniques, les Européens, les Chinois. Tout le monde est donc le bienvenu à Amber Kampot. Quel type d’activités proposez-vous ? Comme nous avons un accès direct à la rivière, nous nous concentrons sur les activités nautiques. Nous proposons donc, à titre gracieux, du kayak, du paddle, du vélo aquatique, du Hobie -cat, du ski nautique et d’autres activité ludiques. Je pense que nous sommes les seuls à faire cela. Ensuite, nous proposons d’autres activités comme la promenade en bateau au coucher de soleil qui est très populaire, et aussi le dîner flottant ainsi que le pique-nique sur une île. Nous proposons aussi des promenades à l’aube en kayak dans la forêt de mangroves à Trapaing Sangke. Bientôt, nous travaillerons avec l’association Marine Conservation et nous pourrons emmener nos clients voir les dauphins. Cela, c’est pour les activités sur site, mais nous organisons également des excursions, des journées spéciales de découverte des endroits emblématiques de la région. Quels sont les challenges dans la direction d’Amber Kampot ? En fait, j’aime beaucoup Amber Kampot parce que j’aime l’eau et qu’il y a beaucoup d’activités liées. « Avant, je ne savais même pas conduire un bateau, ce qu’était le ski nautique ou la planche à voile, mais depuis presque quatre ans à Kampot, je sais tout faire. Pour moi, c’est très excitant de travailler dans cet hôtel. » Après le COVID, la situation est devenue assez difficile, mais je pense que les gens vont venir de plus en plus à Kampot. Le gouverneur est très actif dans la promotion de la région. J’espère donc qu’à l’avenir, Kampot accueillera de plus en plus de touristes. Aujourd’hui, nous avons un défi à relever parce que notre clientèle principale est locale. Et maintenant que les frontières sont ouvertes, bon nombre de Cambodgiens choisissent de se rendre à l’étranger. Les touristes étrangers reviennent, mais très lentement. Aujourd’hui, nous en accueillons quelques-uns, mais cela ne permet pas encore de compenser la perte du marché local. D’autres attractions à mettre en valeur chez Amber Kampot ? En fait, les gens viennent ici pour le dépaysement et aussi la découverte de la région. Notre hébergement est très luxueux et nous nous efforçons de proposer une gastronomie de grande qualité, en phase avec le prestige de notre établissement. Notre chef, Dimanche, est quelque'un de très créatif qui propose des nouveautés « fusion » régulièrement afin de contenter notre clientèle d’habitués. Nous avons en effet 30 à 40 % de nos clients qui sont des habitués, donc il faut les divertir, avec nos activités, mais aussi avec notre carte. En conclusion, vous vous sentez heureux ici ? Tout-à-fait, c’est un travail prenant, mais excitant, qui permet de toucher un peu à tout. Ayant choisi ce métier, je me réjouis de pouvoir l’exercer dans un endroit aussi privilégié.

  • Photographie & Nouvel An Khmer : Derniers moments en Images

    Proposée par nos amis de l'agence AKP, une dernière série des festivités qui ont eu lieu durant les quatres jours de célébration du Nouvel An Khmer. Consulter tout l'album ici...

  • Thalias & Carrière : Khuon Vannara, « La clé du succès, c'est le travail d'équipe et la cohésion »

    Né à Phnom Penh, Khuon Vannara est âgé de 41 ans et déborde d'énergie. Derrière son sourire et sa bonne humeur se cache une incroyable détermination, qu’il a mise à profit au restaurant Malis de Phnom Penh pendant plusieurs années. Aujourd’hui, il travaille au restaurant Siena, depuis son ouverture. « La clé du succès, c’est le travail d’équipe et la cohésion… » Vannara l’a compris très tôt, que ce soit sur le terrain de football ou sur scène en tant que guitariste dans un groupe local. Pour lui, chaque expérience est un enrichissement et une nouvelle perspective. Aujourd’hui, il dirige le restaurant Siena à Phnom Penh, une voie bien différente de son projet professionnel initial. Pendant son temps libre, il consacre son énergie à jouer au football ou à s’adonner à sa deuxième passion : la musique. Premiers pas Khuon Vannara a suivi des études secondaires dans la capitale jusqu’à l’obtention de son diplôme. À cet âge, la musique s’est déjà emparée de lui : « Nous faisions partie d’un groupe avec des camarades de classe et nous nous produisions lors d’événements scolaires. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai décidé de poursuivre dans cette voie, en jouant avec un autre groupe lors de mariages et de fêtes ». « Ces moments sont restés gravés dans ma mémoire et chaque interaction avec notre public a été très enrichissante. » Cependant, ses revenus en tant que musicien restaient maigres. Après de nombreuses discussions avec sa mère, il a décidé de suivre son conseil et de mettre la musique en veilleuse : « J’ai dit adieu à mes longs cheveux et j’ai cherché du travail dans le secteur des services », confie-t-il. De la scène au bar C’est en 2007 que Vannara franchit pour la première fois les portes du Malis à Phnom Penh, où il est embauché comme barman. « Au départ, travailler dans le secteur de la restauration ne faisait pas partie de mes ambitions, je voulais investir un an ou deux pour acquérir une nouvelle expérience, mais j’ai changé d’avis ». Khuon Vannara a ensuite rejoint la salle à manger en tant que serveur. Deux ans plus tard, il devient chef de rang et apprend les méthodes de management. Au bout de trois ans, il est promu superviseur et termine son apprentissage en passant deux ans comme assistant manager. Aujourd’hui, à force de détermination et de persévérance, sans oublier le soutien de son équipe, il dirige le restaurant. La passion Ce Cambodgien passionné dit passer d’innombrables heures à essayer de fournir le meilleur service possible dans l’un des meilleurs restaurants cambodgiens de la capitale. Il consacre la majeure partie de son temps aux opérations. Son rôle principal consiste à coordonner et à diriger le travail du personnel chargé de préparer les tables et de servir les plats. Entre les réunions matinales avec son superviseur et ses collègues, il assure une bonne communication entre la brigade et l’équipe de la salle à manger, en donnant des conseils et des recommandations et en soutenant le moral de l’équipe. Les défis à relever Vannara a pu surmonter les quelques obstacles qu’il a rencontrés grâce à la persévérance qui le caractérise : « Lorsque je suis devenu serveur, l’apprentissage de l’anglais a été un grand défi ». « Devenir bilingue était indispensable, car nous accueillons aussi des clients étrangers. » « Ensuite, dès que je suis devenu chef de rang, j’ai dû apprendre les techniques de management. Comme je suis très proche de mon manager, je lui ai dit que j’avais besoin d’apprendre davantage pour être plus efficace. Sa présence et ses conseils avisés m’ont beaucoup aidé, et j’ai également pu compter sur le soutien du groupe Thalias. L’entreprise propose des formations sur tous les aspects de notre métier, du vin à la gestion ». Pour ce qui est de l’avenir, Vanara reste ambitieux. Pour lui, la vie est une série d’épreuves qu’il faut considérer comme des expériences : « J’ai toujours besoin d’évoluer et j’aimerais devenir manager ou directeur d’un établissement au sein de mon entreprise. J’ai besoin de quelques années supplémentaires pour me perfectionner et acquérir de nouvelles compétences. Je suis heureux et épanoui chez Thalias et je n’ai pas l’intention de partir de sitôt », conclut le jeune homme. Article en anglais ici... S’abonner à la lettre d’information de Thalias https://thalias.com.kh/email-signup

  • Festivités du Nouvel An Khmer : Une population enthousiaste et accueillante

    Les quatre jours de célébration du Nouvel An Khmer ont attiré le plus grand nombre de visiteurs à travers le pays dans l'histoire de cette célébration traditionnelle. L'afflux de visiteurs et la joyeuse atmosphère ont fait de cette célébration un événement exceptionnel. Outre la population cambodgienne, des milliers de touristes étrangers se sont également joints aux célébrations. Pen Bona, le porte-parole du gouvernement, s'est exprimé sur les réseaux sociaux : « La paix, la stabilité politique, ainsi que la reprise de la croissance économique du Cambodge, combinées à la bonne gouvernance de chaque capitale et province, sont les principales raisons qui motivent les gens à participer à cette célébration et à se sentir heureux ». « Cependant, il est important de ne pas négliger la confiance et la chaleur que le peuple cambodgien reçoit de ses dirigeants. Le Cambodge a un nouveau Premier ministre jeune, M. Hun Manet qui a défini une stratégie pour diriger le pays avec de grandes attentes. D'autre part, le Cambodge a également un homme politique expérimenté, M. Hun Sen, qui possède une expérience inégalée. Il est le père fondateur de la politique gagnant-gagnant, qui a apporté la paix et le développement sous toutes ses formes au Cambodge. Il est récemment devenu président du Sénat pour le cinquième mandat. La date de la célébration du Nouvel An khmer n'est donc pas une coïncidence. Elle reflète la confiance et la chaleur du peuple à l'égard des dirigeants, ainsi que l'avenir de la nation, plus optimiste que jamais ».

  • Les exportations de bicyclettes du Cambodge atteignent près de 100 millions de dollars au premier trimestre 2024

    Ces chiffres représentent une baisse de 43% en glissement annuel par rapport aux 170 millions de dollars enregistrés au cours de la même période l'année dernière. Les principaux marchés pour les bicyclettes du Royaume comprennent les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, la Chine, les pays de l'ASEAN, la Belgique, les Pays-Bas, l'Autriche, la Suède, le Danemark, l'Australie, la République tchèque, l'Italie, la Colombie, la Corée du Sud, l'Espagne, la Slovénie et le Canada. Les bicyclettes sont assemblées principalement dans les zones économiques spéciales situées dans la ville de Bavet, dans la province de Svay Rieng, qui partage une frontière avec le Vietnam. Les entreprises actuellement impliquées dans l'assemblage de bicyclettes destinées à l'exportation sont : Evergrand Bicycle (Cambodia), Speedtech Industrial Co Ltd, Smart Tech (Cambodia) Co Ltd, A and J (Cambodia) Co Ltd et XDS Bicycle (Cambodia) Co Ltd. Lingrich Bicycle (Cambodia) Co Ltd a récemment reçu l'approbation du CDC pour un projet d'usine de production de cycles, de bicyclettes électriques et de pièces détachées, dans la zone économique spéciale de Tai Seng Bavet, dans la province de Svay Rieng. L'entreprise projette d'investir environ 7,2 millions de dollars et de créer 6 250 emplois. Les bicyclettes sont devenues l'un des principaux produits manufacturés du Cambodge, avec les vêtements, les chaussures, les articles de voyage, les composants électroniques et les produits agricoles. Elles sont exportées dans le cadre d'accords de libre-échange et du système de préférences généralisées.

  • Luxe et Tourisme : Arunreas, au cœur de l'aube khmère

    Arunreas, littéralement l'aube ou le jour qui se lève, est un concept précieux depuis les temps anciens de la civilisation khmère, un hommage à Surya, le dieu védique du soleil, qui, en harmonie avec la lune, rythme les cycles de la nature et des mortels dans la religion bouddhiste et le calendrier khmer. Dans ce bâtiment, anciennement siège de l'ambassade américaine à Phnom Penh, Arnaud Darc, a voulu créer un concept unique et ambitieux alliant luxe, tradition et art contemporain. Les passerelles du temps L'idée de départ était de créer un projet hôtelier mêlant harmonieusement des éléments contemporains à des symboles de la plus pure tradition khmère, sculptés à la main par des artistes khmers. L'entrée du bâtiment est orientée vers le lever du soleil, symbole du début de la journée. Et surtout, comme le veut la tradition, chaque partie du bâtiment, et donc ses hôtes, sont également protégés par une divinité, comme ici (photo ci-dessous), au-dessus de l'entrée du bâtiment, le dieu Ganesh, divinité qui écarte les obstacles, mais aussi dieu de la sagesse, de l'intelligence, de l'éducation et de la prudence. Ganesh est le fils de Shiva et de Pârvatî, l'époux de Siddhi (succès), Buddhi (intellect) et Riddhî (richesse). C'est le hall d'entrée de l'hôtel qui illustre peut-être le mieux le concept de pont entre les âges. Alors que les murs sont ornés de sculptures et de bas-reliefs taillés dans l'esprit d'Angkor et habilement mis en valeur par un éclairage subtil, le mobilier, les tables et les canapés sont résolument modernes, limités à des tons presque neutres pour mieux contraster avec les sculptures d'ocre, de terre et de cuivre qui les surplombent. L'hôtel joue constamment avec l'esthétique du contemporain et de l'ancien, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais aussi dans les espaces plus neutres, comme les couloirs, qui sont parfois négligés dans la décoration hôtelière. Ici, par exemple, une divinité veille sur les chambres de l'hôtel, avec des peintures de l'artiste cambodgien contemporain Chhim Sothy. Les couloirs de l'Arunreas, décorés dans le respect de l'esprit et de l'âme de l'hôtel de luxe Arunreas. Les chambres reflètent également cette recherche d'harmonie et d'esthétique à la croisée des styles. Aux bas-reliefs et sculptures murales s'ajoutent les soieries qui ornent les lits et les fauteuils, et les mêmes éclairages délicats. Mais la divine surprise est à quelques pas... Les Suites Arunreas offrent tout le confort d'un hôtel de luxe, tout en mettant l'accent sur l'esthétique inhérente au concept : Espace de tranquillité avec une sculpture murale représentant des scènes de bain de l'époque angkorienne, la salle de bain offre deux espaces, l'un pour le bain et l'autre pour la douche, avec la présence récurrente de peintures murales traditionnelles intégrées dans un espace au design moderne qui bénéficie également de l'éclairage naturel. Arunreas n'est pas seulement une expérience originale et unique à Phnom Penh. C'est aussi un hôtel qui est devenu très populaire auprès des voyageurs d'affaires de toute l'Asie. Outre le confort d'un hôtel de luxe, l'Arunreas propose une gamme de services pour que les voyageurs d'affaires se sentent dans un environnement propice au travail et à la détente. Situé au cœur de la ville, à quelques centaines de mètres des principaux boulevards, Arunreas est le lieu de séjour idéal pour ceux dont le temps est précieux. Article en anglais ici... S'abonner à la lettre d'information de Thalias https://thalias.com.kh/email-signup Page Facebook de l'Arunreas : https://www.facebook.com/ArunreasHotel

  • Les échanges du Cambodge avec l'ASEAN en hausse de 19% au premier trimestre 2024

    Un rapport du ministère du Commerce révèle que les échanges commerciaux du Cambodge avec les pays de la communauté ASEAN ont augmenté de 18,64% pour atteindre 4,32 milliards de dollars au cours du premier trimestre de cette année. De janvier à mars, le Cambodge a exporté pour 1,77 milliard de dollars de marchandises vers le bloc, ce qui représente une augmentation de 33,1% en glissement annuel. Parallèlement, les importations du Cambodge en provenance de l'ASEAN ont augmenté de 10,31% pour atteindre 2,55 milliards de dollars. Le Vietnam et la Thaïlande demeurent les principaux partenaires commerciaux du pays, avec des volumes d'échanges respectifs de 2,32 et 1,12 milliards de dollars. Le Cambodge exporte toute une série de produits vers les pays de l'ASEAN, notamment des produits agricoles, des vêtements, des chaussures, des articles de voyage, des produits électroniques et des bicyclettes. Le royaume importe principalement des produits alimentaires, des boissons, des équipements électriques et électroniques, des matériaux de construction, des machines agricoles et des véhicules. Selon le ministère du commerce, les principales exportations du Cambodge vers Brunei sont le riz usiné et les pneus, tandis que le riz usiné et les panneaux solaires sont principalement exportés vers l'Indonésie. La valeur des exportations du Cambodge vers le Vietnam est la suivante : riz paddy (571 millions de dollars), noix de cajou (274 millions de dollars), manioc (264 millions de dollars), caoutchouc (111 millions de dollars), mangues fraîches (28 millions de dollars) et sucre raffiné (18,9 millions de dollars).

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