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Société : Le système carcéral au cœur de plusieurs tensions

Suite à diverses revendications et appels à l’aide de la part de citoyens incarcérés, ainsi que d’observations de différentes associations de protection des droits humains, la situation des personnes en détention carcérale au Cambodge soulève aujourd’hui des questions sanitaires.

État de santé de Chao Veasna

En octobre dernier, l’ancien chef adjoint de la commune de Poipet, représentant du CNRP de la province de Banteay Meanchey, est condamné à cinq ans de prison pour incitation à la violence, et transféré à la prison Prey Sar de Phnom Penh. Élu en 2017 aux élections communales, alors que son procès est en cours, il est congédié lors de la dissolution du parti quelques mois plus tard.

Depuis son transfert à Phnom Penh, l’état de santé de Chao Veasna s’est détérioré. Souffrant de fièvres, d’urticaire chronique, de problèmes de foie et d’estomac, son état n’est pas amélioré par les conditions de détention de la prison surpeuplée. Sa femme, ne pouvant faire le déplacement pour des raisons financières, indique que les nombreux fumeurs dans son entourage sont également nocifs pour son état.

Les deux époux ont à plusieurs reprises demandé la prise en charge du détenu dans un service médicalisé en dehors de la prison, ou d’être autorisé à revenir dans sa province d’origine. En effet, la prison ne dispose pas de suffisamment de médicaments, à l’exception d’antidouleurs. L’avocat du détenu précise notamment que les documents de transfert ont correctement été remplis, mais aucune réponse n’a encore été donnée.

Un traitement contesté

Récemment, plusieurs ONG ont exprimé leurs craintes quant au traitement privilégié de certains riches prisonniers. En effet, le propriétaire du Rock Entertainment Center, arrêté en mars dernier pour trafic de drogues, a récemment été transféré à l’hôpital.

Selon le directeur de la prison, Kith Theang, il ne peut réintégrer l’établissement dans son état actuel.

Le porte-parole d’un groupe de travail indépendant précise qu’il est fréquent que les détenus aisés voient leur séjour en prison diminué pour raisons médicales. À l’inverse, les plus vulnérables n’ont pas accès aux médicaments et traitements.

Malheureusement, cette injustice est le corollaire des faits de corruption et pourrait mener à la multiplication des violences et des crimes. En effet, selon Seung Sengkarona, porte-parole de l’association ADHOC, “en raison de ce système inégalitaire, les personnes protégées par leurs connexions ne seront pas effrayées, et plus à même de commettre des infractions“.

Mouvement de protestation contre les conditions de détention

Depuis la semaine passée, le jeune activiste Kong Raiya, condamné pour incitation à commettre un crime, est entré en grève de la faim pour protester contre les conditions de détention.

La semaine passé, le condamné a demandé aux autorités l’autorisation de lire, écrire, méditer, ainsi que l’accès à une chambre décente. Ignoré des gardiens, et souffrant de problèmes d’estomac, sa famille a fait part de son inquiétude face à la situation.

Le porte-parole pour le département des prisons au Ministère de l’Intérieur, Nuth Savana, qui n’était pas informé de la situation, a rappelé le problème de  surpopulation carcérale dans le pays.

Priorité pour les détenues

Si le gouvernement a fait part de son souhait d’améliorer les conditions des détenus, la priorité a d’abord été donnée aux femmes.

En février dernier, le Premier ministre a encouragé le ministère des Affaires féminines à coopérer rapidement avec le ministère de la Justice afin d’accélérer les procès et de réduire les peines des détenues.

Il a également insisté sur le cas de celles confrontées à des problèmes de maternité, de divorce ou autre. “Les femmes détenues sont confrontées à de nombreux problèmes familiaux. De plus, certaines ont des enfants dont elles doivent s’occuper et d’autres ont été abandonnées par leur mari…”, avait-t-il déclaré, soulignant que l’heure était à la tolérance et à la compassion.

Cet appel du Ministère des Affaires féminines devrait être suivi de la création d’une équipe d’avocats mise à disposition gratuitement pour les femmes vulnérables étant incarcérées.

Privilégier la liberté provisoire

Avec la campagne de répression contre la drogue ayant vu la population carcérale augmenter de façon drastique, le pays se trouve confronté à un problème de surpopulation dans ses prisons. En effet, une large majorité des détenus est incarcérée en préventive (69,1%).

Le rapport de l’ONG locale LICADHO avait soulevé la sous-utilisation de la liberté provisoire sous caution, entraînant des périodes de détention préventive excessivement longues et une surpopulation. L’heure est désormais à la fin de la détention de masse inutile, causant des problèmes sur la vie des personnes, des familles et des communautés.

Fin 2018, le ministère de l’Intérieur a mis en place fin un groupe de travail afin d’accélérer les procédures judiciaires et ainsi remédier à la surpopulation carcérale dans tout le Royaume.  Dans ce cadre d’étude, le porte-parole du Département général des prisons, San Keo, a déclaré que la population carcérale est actuellement supérieure à la capacité des prisons. À titre d’exemple, le centre pénitentiaire de Phnom Penh 1 accueille le triple de sa capacité.

La construction de nouveaux établissements

Les autorités ministérielles et gouvernementales ont construit de nouvelles prisons en utilisant le budget du gouvernement et du ministère de l’Intérieur. Les prisons des provinces de Takeo et de Kratie ont ainsi vu le jour, tout comme dans deux ou trois autres provinces. “Huit bâtiments ont également été construits au Centre pénitentiaire 4“, indiquait le porte-parole.

Enfin, depuis 2017, un programme du Haut-Commissariat des Droits de l’homme s’attache à remédier aux carences des prisons cambodgiennes et à améliorer la vie des prisonniers. Avec la formation du personnel pénitentiaire, le contrôle des 29 centres de détention et la mise en place d’ateliers internes pour des travaux de restauration, certains établissements ont amélioré leurs conditions de détention. D’autres ont encore beaucoup de travail…

La rédaction avec VOA Khmer

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