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Photo du rédacteurRémi Abad

Siem Reap & École Paul Dubrule : les chemins de l’excellence

L'école fêtera le 2 décembre 2022 ses 20 ans d'existence, l'occasion de revenir sur l'histoire de cet établissement emblématique de la formation professionnelle dans le secteur du tourisme au Cambodge.

En 20 années d’existence, l'école d'hôtellerie Paul Dubrule est riche d’une longue histoire et fourmille de projets. Son directeur, François Schnoebelen, nous offre une visite guidée de cet établissement phare de Siem Reap, dont sont d'ores et déjà issus 3700 diplômés.

Dans les couloirs retentissent des éclats de rire tandis que les salles de cours se vident en bon ordre. L’heure du déjeuner a sonné, comme le laissent deviner les effluves gourmandes s’échappant des cuisines, dans lesquelles s’activent les chefs de demain. Avec son armée de près de 200 élèves, c’est tout un microcosme qui évolue dans les immenses locaux de cette institution singulière à plus d’un titre.

François Schnoebelen, directeur de l’école d’hôtellerie et de tourisme Paul Dubrule
François Schnoebelen, directeur de l’école d’hôtellerie et de tourisme Paul Dubrule

Un emploi assuré au sortir de la formation

Une singularité affirmée dès son inauguration lorsque, ce 24 octobre 2002, Paul Dubrule arrive à la cérémonie au guidon de son vélo, après avoir effectué un périple de 8 mois et plus de 15 000 kilomètres depuis Fontainebleau. Lorsqu’il découvre le Cambodge en 1998, le cofondateur du groupe Accor mesure le potentiel touristique du pays tout en constatant le manque de formations proposées dans ce secteur. Il décide alors de financer une école d’hôtellerie visant les plus hauts standards d’enseignement. Dès la première année de son fonctionnement, 67 étudiants ont bénéficié d’une formation et ont immédiatement décroché un travail.

Depuis, les locaux se sont agrandis, tout comme le nombre d’élèves et de professeurs, ainsi que des cursus proposés. En deux décennies, les problématiques ont changé et l’école s’est adaptée : « Il s’agissait au début de partir quasiment de zéro, résume François Schnoebelen. Les compétences de base n’étaient pas maîtrisées et leur enseignement était une priorité. Aujourd’hui, alors que le niveau s’est élevé, il s’agit de proposer de solides formations professionnelles dans le secteur de l’hospitalité, qui est encore relativement peu enseigné à l’échelle du pays. Cette formation se veut la plus complète qui soit et aborde tous les aspects des nombreuses professions touchant à ce vaste domaine. »

Dans le hall d’accueil, impossible de ne pas remarquer le vélo suspendu au mur et entouré de maillots issus du Tour de France. Si la petite reine trône ici en si bonne place, c’est que l’histoire de l’école est inéluctablement liée au cyclisme.
Dans le hall d’accueil, impossible de ne pas remarquer le vélo suspendu au mur et entouré de maillots issus du Tour de France. Si la petite reine trône ici en si bonne place, c’est que l’histoire de l’école est inéluctablement liée au cyclisme.

Placer les élèves au centre des décisions

Marquée par la pandémie et les interruptions de cours qui s’en sont suivies, l'école a su s’adapter aux nouveaux besoins et a pu, durant les restrictions sanitaires, offrir un enseignement en ligne innovant qui lui a permis de maintenir le niveau qui la caractérise.

« Tout le monde s’est investi dans la mise en place de ces cours à distance, les élèves comme les professeurs. D’une manière plus générale, l’implication de tous les acteurs de l’école, qu’il s’agisse du personnel ou des étudiants, est primordiale dans l’esprit de l’établissement. »

« Une très large part décisionnelle est accordée aux élèves, tant dans les cours que dans la vie quotidienne. Quelques exemples parmi tant d’autres : des clubs ont été créés, permettant de mettre en valeur des activités sportives ou culturelles. Des élèves les président, gèrent un budget, organisent des sorties… Il en va de même pour les questions environnementales, comme lorsqu’il s’agit de cultiver notre potager ou d’effectuer un inventaire des plantes et arbres présents sur notre terrain. Tout le monde a fait montre d’un bel enthousiasme et nous avons recensé 70 espèces végétales, toutes dûment répertoriées, décrites et cartographiées avec le plus grand soin. Ce sont aussi les élèves qui ont réfléchi aux différents moyens d’économiser l’énergie et qui les ont ensuite mis en pratique. »

L’écologie sera d’ailleurs un sujet prépondérant pour ces prochaines années, l’école visant à obtenir le statut d’Eco Campus. « Lorsque nous avons demandé la certification, nous nous sommes rendu compte que celle-ci n’avait pas encore été créée pour les établissements d’enseignement professionnel. Cela s’est transformé en une remarquable opportunité, celle de devenir un établissement-pilote et d’élaborer les futurs standards mondiaux. Nous en sommes tous très fiers, même si cela demandera plusieurs mois, voire plusieurs années d’efforts. »

Un jardin organique a vu le jour en partenariat avec Agrisud, première étape pour l’obtention du label Eco Campus.
Un jardin organique a vu le jour en partenariat avec Agrisud, première étape pour l’obtention du label Eco Campus.
« Ce n’est pas la première fois que je fais quelque chose pour la première fois »

En prenant ses fonctions en septembre 2021 pour un mandat de 5 ans, François Schnoebelen écrit un nouveau chapitre dans une vie professionnelle qui tient du roman. Issu d’une famille alsacienne catholique, il envisage dans sa jeunesse de devenir prêtre et effectue pour cela 2 années de séminaire en Bavière. 2 années au cours desquelles il s’interroge sur sa vocation, décidant finalement de partir étudier la philosophie à Paris. « Je n’ai eu pour cela aucune aide de la part de mes parents, il a fallu que je me débrouille tout seul. J’avais 19 ans, je sortais du séminaire, n’avais pas une grande expérience de la vie et me retrouvais soudain en plein cœur de la capitale. C’était assez déroutant, mais aussi passionnant. Je me suis inscrit à la Sorbonne et à l’Institut Catholique d’Assas, ce qui m’a permis de bénéficier de points de vue radicalement différents. »

« Curieusement, les profs les plus progressistes se trouvaient à l’Institut Catholique, et les plus conservateurs à la Sorbonne ! »

« Je logeais dans le quartier du Marais et ces années ont été très révélatrices pour moi, elles m’ont aidé à mieux me connaître et à construire la personne que je suis. Comme il fallait bien financer les études, j’ai effectué quantité de petits métiers, bien souvent en rapport avec l’hôtellerie/restauration. Groom, barman, gardien de nuit… Pour finalement décrocher un poste de steward dans la Compagnie des wagons-lits. C’était l’emploi rêvé : 12 000 francs par mois et des voyages dans toute l’Europe, qui m’ont permis de visiter la Suisse, Vienne, Rome, Florence, et surtout Venise, que j’adore. J’ai compté m’y être rendu 52 fois durant cette période ! Pour quelqu’un qui a soif de découvertes et qui aime le voyage plus que tout, je ne pouvais espérer trouver mieux. Une fois finies mes études de philosophie, j’ai pu enseigner cette matière qui me tient toujours à cœur, jusqu’à ce que je bifurque vers les ressources humaines. Il a fallu pour cela retrouver le chemin de l’école, en passant un DESS en cours du soir. Mais cela en valait la peine, car les R. H. exigent souvent d’aller sur place, de rencontrer et de discuter, de poser des questions, de tâcher de comprendre toute la complexité des métiers. Lorsque l’on est curieux, on est servi. »

Les femmes sont ici particulièrement représentées et constituent cette année 72 % des effectifs des élèves.
Les femmes sont ici particulièrement représentées et constituent cette année 72 % des effectifs des élèves.

« Une immense satisfaction »

Se forgeant une solide réputation dans le dialogue avec les syndicats, François Schnoebelen alterne les postes à haute responsabilité tout en enchaînant les voyages aux 4 coins du monde. La rencontre avec sa moitié, de nationalité cambodgienne, le pousse à apprendre à lire et écrire le khmer, puis à rechercher un emploi au Cambodge, ce qui se concrétise en 2017. 4 ans plus tard, il prend les rênes de l'École Paul Dubrule, un poste qu’il exerce avec le plus grand enthousiasme.

« J’ai 50 ans et cela fait longtemps que je côtoie le milieu associatif, mais c’est la première fois que j'en suis salarié et que j’effectue un travail à temps plein dans ce secteur. Cela me remplit d’une immense satisfaction, que j’éprouve chaque jour en me rendant au bureau. C’est un métier qui permet d’aborder plusieurs domaines, l’éducation, la gestion, l’informatique, le relationnel, les ressources humaines… Tout cela au service d’une ONG qui est, et je le pense sincèrement, la meilleure école d'hôtellerie du royaume. »

Ouvert pour le déjeuner, le restaurant d’application est une excellente occasion de découvrir le talent des élèves. Cette année, un cours d’Arts plastiques a été intégré au cursus des cuisiniers et des pâtissiers.
Ouvert pour le déjeuner, le restaurant d’application est une excellente occasion de découvrir le talent des élèves. Cette année, un cours d’Arts plastiques a été intégré au cursus des cuisiniers et des pâtissiers.

Vocation sociale avant tout

Accusant une légère baisse de fréquentation due à la pandémie, l’école retrouve son rythme de croisière, accueillant cette année 185 étudiants. « Nous sommes proches de notre niveau d’autrefois, mais nous prévoyons pour les prochaines années un effectif de 300 élèves dans les cinq cursus proposés. La crise sanitaire nous a obligé à réfléchir à de nouveaux modèles de financement, car auparavant la majorité des donations provenaient de l’international. Si Paul Dubrule participe chaque année à un tiers de notre budget, il nous faut aussi accroître notre visibilité au Cambodge afin de continuer à garantir des formations de grande qualité. C’est pour cela que le grand gala célébrant les 20 ans de l’école se déroulera à Phnom Penh, car c’est là-bas que nous toucherons le plus de monde. La jeunesse cambodgienne se montre d’un incroyable dynamisme, et il s’agit de répondre à ce dynamisme en lui proposant des perspectives valables. Nous tenons aussi plus que tout à conserver notre vocation sociale. 30% des élèves sont boursiers, et pour les autres, la scolarité est certes payante, mais la somme demandée ne représente qu’une toute petite partie des frais réels d'enseignement. Ce modèle nécessite de trouver chaque année un budget conséquent. » De quoi garantir à tous ces jeunes un avenir brillant et souriant. Un avenir à leur image.

Les étudiants reçoivent le public en conditions réelles, affinant ainsi leurs compétences d’accueil. Tous trouvent un travail après leurs études. Certains choisissent de rester à l’école parmi le personnel administratif, d’autres trouvent leur place parmi les métiers de l’hôtellerie, que cela soit au Cambodge ou à l’international.
Les étudiants reçoivent le public en conditions réelles, affinant ainsi leurs compétences d’accueil. Tous trouvent un travail après leurs études. Certains choisissent de rester à l’école parmi le personnel administratif, d’autres trouvent leur place parmi les métiers de l’hôtellerie, que cela soit au Cambodge ou à l’international.

1 則留言

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laurentmesurolle
2022年5月01日

En plus de transmettre aux élèves le savoir faire incontesté de très haute qualité, quelle formidable engagement de les placer au cœur des décisions...

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