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Photo du rédacteurChristophe Gargiulo

Top archive & Portrait flash : Srey Nak, il suffirait de presque rien…

Parmi les articles les plus lus de Cambodge Mag : Srey Nak

Alors que des travailleurs sociaux distribuent des vêtements dans les allées du bidonville de Boeng Trabek, Srey Nak avance sa silhouette frêle, son garçon dans les bras, jette un œil sur les shorts, pantalons et tee-shirts dont le nombre diminue à vue d’œil, regarde quelques secondes le tas pris d’assaut par les autres mamans aux manières plus basiques, puis s’éloigne.

Srey Nak
Srey Nak et son fils

«…je ne trouve rien pour mon fils, ce sera la prochaine fois…», dit-elle avec un très grand sourire en posant sur ces genoux son jeune fils, qui doit peser à peine quelques kilos de moins qu’elle.

Née dans le bidonville

Srey Nak est née dans le bidonville de Boeng Trabek à Phnom Penh il y a vingt-deux ans. Elle n’a jamais rien connu d’autre. Là où d’autres jeunes femmes sont malheureusement tombées dans le piège de la prostitution , Srey Nak s’est battue pour ne pas sombrer dans cette vie-là. Pour expliquer son parcours, la jeune femme avance son envie de s’occuper correctement de son fils, de vivre mieux, et peut-être de sortir de ce bidonville qui chaque jour devient plus étroit, plus humide et plus envahi par les ordures ménagères.

Je quitterai le bidonville

« Entre mes parents et frères et sœurs, nous sommes neuf au total dans la famille. Mes parents sont arrivé à l’époque où Boeng Trabek n’était pas aussi peuplé et aussi sale. Puis de plus en plus de familles sont arrivées pour fuir la vie des provinces et trouver mieux à Phnom Penh. Certains s’en sont sortis, très peu je pense, et d’autres se sont accrochés ici. Moi, je suis née ici, je n’ai jamais rien connu d’autre, mais je n’ai pas l’intention de rester. Je n’ai pas encore de projet précis, c’est difficile, mais je ne crois pas que cela soit impossible », raconte-t-elle avec une bonne humeur étonnante, mais aussi un minimum de réalisme : « je suis allée très peu à l’école, je n’ai pas de qualifications particulières et nous ne sommes que trois dans la famille à avoir un travail régulier qui permet de supporter et de nourrir la famille ».

Pas demain

« Ce n’est donc pas demain que je quitterai le bidonville. J’aurais pu suivre quelques filles qui travaillent dans les salons de massage et faire un peu plus d’argent plus rapidement, mais je m’y suis refusée. D’abord, je me suis mariée et suis tombée enceinte très jeune, il me fallait donc trouver un emploi rapidement avec des horaires flexibles pour pouvoir m’occuper de mon fils. Notre famille est pauvre, mais j’ai reçu une éducation assez traditionnelle et c’est important pour moi…», explique-t-elle.

Une allée du bidonville de Boeng Trabek

S’occuper correctement de son fils

Aujourd’hui, Srey Nak travaille dans un salon de coiffure, son mari est journalier sur les chantiers de construction de Phnom Penh. Elle gagne à peine cent dollars par mois, son mari touche un peu plus : entre 150 et 200 dollars mensuels. Ce n’est pas assez pour le jeune couple avec un enfant à charge, mais : « j’arrive à nourrir et habiller correctement mon fils et à l’envoyer à l’école, et ce n’est pas si mal. Il y a aussi  l’aide de quelques ONG qui nous soulage pour les frais scolaires et médicaux et nous permet aussi d’acheter quelques kilos de riz supplémentaires….», déclare-t-elle

Pas si simple

Quant à ses réelles ambitions, Srey Nak argumente avec une maturité surprenante: « Je vous l’ai déjà dit, comme tout le monde ici, au moins les jeunes, nous avons envie de mieux, mais ce n’est pas si simple avec mon petit salaire et un enfant à charge. Mais, je sais que c’est possible, j’ai un travail qui peut peut-être évoluer, mon mari pourrait peut-être obtenir quelques contrats mieux payés, mes frères et sœurs pourraient trouver un travail, il suffirait de pas grand chose, de presque rien pour que ma vie aille mieux », conclut-elle avant de prendre le chemin du salon de coiffure, à quelques centaines de mètres de Boeng Trabek, là où elle coiffe des jeunes filles dont, pour certaines, elle a refusé de partager le chemin.

Textes et photographies par Christophe Gargiulo. Avec l'aide de Phrak Pirum

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