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Quand la fermeture unilatérale de la frontière par la Thaïlande stimule la production made in Cambodia

Dans un contexte frontalier encore marqué par les tensions militaires et diplomatiques, le président du sénat, Samdech Techo Hun Sen, a surpris en exprimant sa « gratitude » envers la décision de la Thaïlande de maintenir fermées ses frontières. Une mesure qui, paradoxalement, aurait permis un essor notable de la production nationale et renforcé la consommation de biens fabriqués au Cambodge.

Hun Sen et son fils, l'actuel Premier ministre Hun Manet. Photo AKP
Hun Sen et son fils, l'actuel Premier ministre Hun Manet. Photo AKP

Une fermeture imposée, une opportunité saisie

Alors que le conflit frontalier reste encadré par un cessez-le-feu destiné à éviter de nouvelles pertes humaines et des destructions d’infrastructures, Bangkok a choisi de prolonger, de manière unilatérale, la fermeture de ses points de passage terrestres avec le Cambodge.

Phnom Penh, loin de réclamer une réouverture immédiate, s’est contentée de rappeler que la responsabilité revenait exclusivement à la Thaïlande :

« Si Bangkok ferme la frontière, c’est à elle de décider de sa réouverture. Le Cambodge suivra cinq heures plus tard, sans quémander ni négocier », a martelé Hun Sen.

Dans ses propos, l’ancien Premier ministre a insisté : même si la frontière restait fermée « cent ans », le Cambodge ne serait pas voué à dépérir. Au contraire, la raréfaction des importations thaïlandaises a créé un espace inédit pour les producteurs locaux : « Grâce à cette fermeture, la consommation s’est réorientée vers nos biens domestiques, soutenant à la fois nos entrepreneurs et notre agriculture ».

Résilience économique et soutien populaire

Les chiffres confirment partiellement ce constat. Selon des données du ministère du Commerce, la proportion de produits « made in Cambodia » écoulés sur les marchés urbains aurait bondi de près de 25% au cours des trois derniers mois. Le gouvernement souligne aussi la stabilité des prix et un taux d’inflation maîtrisé, signe que le pays a su ajuster son système logistique et ses chaînes d’approvisionnement.

L’Union des producteurs de riz du Cambodge (CRF) a déclaré que les exportations vers les marchés tiers, notamment la Chine et l’Union européenne, se trouvaient « renforcées par la hausse de la demande intérieure ». Pour d’autres secteurs – textile, agroalimentaire, matériaux de construction –, la fermeture a joué le rôle de catalyseur, incitant les Cambodgiens à développer une préférence nationale.

Dimension diplomatique et enjeux régionaux

Sur le plan diplomatique, Phnom Penh réitère sa volonté de régler les différends territoriaux par la négociation, excluant tout retour vers l’escalade militaire. Hun Sen a par ailleurs invité ses concitoyens à « garder patience » et à soutenir les efforts pacifiques du gouvernement.

Un élément sensible reste en suspens : la demande du Japon, qui investit à la fois en Thaïlande et au Cambodge. Tokyo a sollicité un passage pour ses marchandises ; Phnom Penh y a donné son accord, renvoyant la balle du côté thaïlandais.

Une fermeture aux effets inattendus

En pleine crise, l’effet paradoxal d’une fermeture imposée par son voisin a offert au Cambodge une occasion rare d’affermir sa souveraineté économique. Nombre d’observateurs estiment que si le pays parvient à maintenir cet élan en faveur des produits locaux, il pourrait en sortir plus indépendant face à la pression économique régionale.

Pour Hun Sen, c’est un message de résilience : « Nous ne finirons pas ruinés par une frontière close. Au contraire, nous bâtissons notre économie de l’intérieur ».

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