23% des enfants de trois provinces cambodgiennes situées le long de la frontière nord-ouest du pays avec la Thaïlande quittent l’école prématurément, ce qui inquiète le ministère de l’Éducation.
Lutter contre le décrochage scolaire dans les provinces limitrophes de la Thailande. Photographie Oskari Kettunen (cc)
Lors d’un atelier sur l’éducation, le ministre S.E. Hang Chuon Naron, a déclaré que le taux d’abandon scolaire dans les provinces de Battambang, Banteay Meanchey et Oddor Meanchey était nettement plus élevé que dans les autres provinces cambodgiennes (de 18 à 19%).
Le rapport sur les résultats 2018 indique que 31 609 Cambodgiens, dont 10 828 femmes et 2 914 enfants, ont été expulsés de 18 pays pour avoir travaillé et vécu illégalement. La Thaïlande a déporté 30 636 Cambodgiens, tandis que 270 l’ont été de Corée du Sud et 172 de Malaisie. La Chine a déporté 156 Cambodgiens et le Japon 92. Le Vietnam en a déporté 84.
Former les enseignants
Afin d’enrayer le phénomène, le ministère forme les enseignants à conseiller aux élèves de rester à l’école tout en leur permettant de choisir leurs propres matières. Les enseignants doivent également informer les élèves dont les parents absents travaillent à l’étranger de l’importance de l’éducation.
“…Donc, si les enseignants conseillent aux élèves de rester à l’école, cela les aidera à prendre la bonne décision…”, déclare le ministre Naron. “…La migration est un sujet dont nous avons déjà discuté dans le passé et c’est quelque chose qui doit être évité…”, ajoute-t-il.
”…Intensifier la formation des enseignants à l’Institut national de l’éducation, aux départements de pédagogie provinciaux et aux centres d’éducation est donc une priorité absolue…”, conclut-il.
Ouk Chay Vy
Ouk Chay Vy, président de l’Association cambodgienne des enseignants indépendants, affirme que ce programme augmenterait le budget du ministère et ne résoudrait pas le problème. Selon elle, cela ne résoudra pas les problèmes entraînant le décrochage scolaire. Elle argumente que les raisons sont la pauvreté due au chômage et au manque de terres pour la culture. Pour elle, la plupart des étudiants arrêtent d’aller à l’école car ils doivent travailler pour subvenir aux besoins de leur famille.
Vy argumente qu’une meilleure stratégie consisterait pour le gouvernement à essayer de stimuler l’emploi afin que les citoyens puissent avoir un niveau de vie décent.
Suon Sinuon
Suon Sinuon, une agricultrice de Banteay Meanchey, raconte que trois de ses enfants ont abandonné l’école alors qu’ils étaient en sixième et neuvième années. Ils sont allés en Thaïlande pour travailler et aider à soutenir la famille. Elle indique que les enfants ne voulaient pas quitter l’école mais qu’ils n’avaient pas d’autre choix en raison du niveau de vie de la famille.
”…S’il y avait des salaires décents à la maison, je n’aurais pas laissé mes enfants partir si loin…Je voulais leur donner une bonne éducation, mais c’est impossible, car je n’ai pas les moyens…”, déclare Sinuon.
Le rapport du ministère du Travail indique qu’il y a plus d’un million de personnes qui travaillent en Thaïlande. Le ministre Hangchuon Naron a confirmé que la plupart d’entre eux venaient des provinces situées le long de la frontière thaïlandaise.
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