À l'occasion de la Journée Internationale des Femmes de cette année, Cambodge Mag ouvre ses archives et remet à la une quelques-uns des nombreux portraits, interviews et photos de celles qui nous ont aidé à rendre le magazine vivant et attrayant au fil des années.
La souriante et élégante Chansophea Ung est une journaliste cambodgienne qui, tout comme son illustre collègue Kang Kallyann, travaille pour les chaines de Télévision CTN et CNC. Durant son parcours universitaire, Chansophea aura eu le privilège d’étudier en France grâce à une bourse financée par l’ambassade.
Q : Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Chansophea Ung, je suis née à Phnom Penh. Et, je suis actuellement journaliste.
Q : Quel a été votre parcours scolaire ?
J’ai tout d’abord effectué une licence en Lettres Françaises et en journalisme à l’université Royale de Phnom Penh. Puis, en 2010, j’ai repris mes études afin de me spécialiser dans la télévision. Je suis donc partie en France à l’école de journalisme de Lille pour réaliser mon master. J’ai pu partir étudier grâce à une bourse de l’ambassade. J’ai dû travailler dur et améliorer mon français pour l’obtenir. Durant la préparation de mon master en France, j’étais également pigiste pour RFI (Radio France International), dans ma langue, le Khmer. Donc, tous les weekends, je prenais le train pour me rendre à Paris afin d’assurer ce travail d’appoint.
Q : Quand et pourquoi avez-vous appris le Français ?
J’ai commencé à apprendre le Français à l’âge de 12 ans. Étant fonctionnaire, mon père a appris le français. Lorsque je l’entendais parler français, j’ai ressenti le besoin d’apprendre cette langue que je trouvais très belle. J’ai eu la chance, à l’école, d’avoir eu une professeure qui parlait très bien le français.
Q : Étiez-vous déjà allée en France avant 2010 ?
Oui mon premier voyage en France était en 2004, je m’y rendais assez régulièrement pour des petites formations, puis, pour le plaisir.
Q : Avez-vous aimé de la France ?
Oui, j’aime beaucoup la France. Mais lorsque j’ai passé deux ans à Lille pour mon master cela a été plus compliqué. Habiter en France n’a rien à voir avec le fait d’y passer deux semaines. J’ai dû apprendre à m’adapter à un nouveau style de vie, un nouveau climat, à manger différemment, à accepter le fait que j’étais une étrangère dans une nouvelle école. Heureusement quelques camarades de classe m’ont aidé à mieux m’intégrer. Ce n’est qu’à la fin de ma première année dans cette école que j’ai commencé à apprécier la vie en France.
Q : Quel a été votre premier emploi dans le journalisme ?
J’ai commencé ma carrière chez Cambodge Soir, magazine Francophone, en 2004. Puis en 2005, j’étais dans le même temps correspondante pour RFI. je réalisais des reportages.
Q : Comment était votre expérience chez Cambodge Soir ?
J’ai beaucoup aimé travailler chez Cambodge Soir, c’est grâce à cette première expérience que j’en suis là aujourd’hui. Ce travail m’a également permis d’améliorer mon français, de le pratiquer, j’ai passé six ans au sein de ce magazine, j’ai beaucoup appris.
Q : Vous n’avez jamais pensé à rester travailler en France ?
Si, à la fin de mon Master, RFI m’a proposé de rester travailler avec eux à Paris. J’ai beaucoup hésité mais je pense que mon pays avait plus besoin de mes connaissances, de mon savoir-faire que la France. En France les médias sont déjà bien développés, tandis qu’au Cambodge, surtout en matière de télévision, il n’y avait pas beaucoup de Cambodgiens bien formés pour exercer le métier. J’ai donc fait le choix de rentrer au pays.
Q : Qu’avez-vous exercé comme métier en rentrant au Cambodge ?
En rentrant de France, fin 2012, j’ai commencé à travailler avec la chaîne de Télévision CTN. J’ai eu la chance de pouvoir mettre mes compétences à profit dès mon retour de France.
Q : Que faites-vous actuellement ?
Je suis maintenant Directrice adjointe de l’actualité chez CTN et CNC. Je gère quatre émissions : une sur l’actualité commerciale, une table ronde, une émission d’actualités dans l’après-midi, et une autre qui est en cours de création, sur la loi au Cambodge.
Je suis aussi membre d’un conseil de coordination avec les ONG au Cambodge. Je suis membre du conseil d’administration. Mon rôle est de faire connaître ce conseil.
Q : Aimez-vous votre métier ?
Oui, beaucoup, je ne me suis jamais ennuyée même si parfois ce métier est très stressant. J’aime faire de la télévision, c’est ce qui me correspond le mieux. J’aime me dire qu’à travers mon métier, je peux aider les gens, à travers mes articles, mes reportages. J’ai d’ailleurs reçu le prix de reporters sans frontières en 2009, suite à une enquête sur les violences contre les femmes que j’ai réalisée. Je lutte vraiment, à travers le journalisme, pour l’égalité entre les hommes et les femmes.
Q : Quelles sont vos passions en dehors du travail ?
J’aime beaucoup le cinéma, du moins quand j’étais en France je m’intéressais beaucoup au cinéma français. Je trouve qu’au Cambodge la culture cinématographique est complètement différente, elle me plait moins. Je m’intéresse aussi beaucoup à la lecture, notamment sur la découverte de soi, la motivation.
Propos recueillis par Eva Marcadé
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