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Spécial dix ans de Shanty Town Spirit : Arun, « je viens de la rue et j’ai confiance en l’avenir »

À l’occasion de la célébration des dix ans de l’association Shanty Town Spirit, retour sur une belle histoire… celle d'Arun, ancien sociétaire de l'ONG.

Arun, je viens de la rue et j'ai confiance en l'avenir
Arun, je viens de la rue et j’ai confiance en l’avenir. Photographie Christophe Gargiulo

Comment peut-on être confiant dans l’avenir si les chances sont limitées dès le départ ? Comment se dire que, quand nous vivons dans la rue, nous avons forcément très peu de chance d’avoir un jour une belle maison, une voiture, ou tout simplement des rêves ?

Comment pouvoir imaginer un autre avenir que dans un quartier pauvre ?

Pourtant, OUI, tout est possible, et l’exemple vivant d’Arun (Prak Phirun) en est une preuve. Arun est un Cambodgien d’une quarantaine d’années qui s’est donné les moyens de bien réussir sa vie. Et pourtant cela n’a pas été facile.

Au départ sa famille était aisée, vivait dans une belle maison d’un village de province. Son père était dans les affaires (dans le négoce de bois). Un jour, un de ses partenaires l’a trahi. Et, tout a basculé dans l’horreur. Plus d’argent, plus de maison, plus de quoi vivre décemment.

Misère et débrouillardise

C’était en 1995, ils ont dû déménager et s’installer à Oudong, à 40 km de Phnom Penh.

Son père fait alors ce qu’il peut pour continuer à subvenir aux besoins de la famille de neuf personnes. Mais cela ne suffit pas.

Pour aider son père, Arun monte alors un petit marché à l’école. Pendant ses heures de liberté, il va collecter les os des vaches, qu’il revend ensuite. Et grâce à cet argent, il achète des jouets, qu’il revend ensuite aux enfants de son école. Arun était alors dans les premiers de sa classe, quand il n’était pas LE premier.

En passant dans les classes supérieures, en grade 6, Arun, alors âgé de 10 ans, devait tous les jours effectuer 15 kms à pied pour aller à l’école, sous la pluie ou sous un soleil brûlant. La route était longue et difficile.

L’émotion est encore là durant l’interview, ses yeux s’embrouillent de larmes, et quelques minutes lui sont nécessaires pour continuer son récit. Cela a duré quatre longues années. De longues heures pour aller s’instruire, mais Arun savait que c’était le seul moyen pour lui de s’en sortir. Il n’y avait pas beaucoup de nourriture, et il lui a été extrêmement difficile de pouvoir terminer ses années d’école supérieure. C’est alors qu’il s’est promis :

« … Jamais je ne revivrai cela, je vais tout faire pour m’en sortir et avoir une belle vie… »

Arun se rend alors à Phnom Penh et travaille comme gardien pour la Compagnie d’Aviation appartenant à la famille royale.

Il avait ainsi un endroit où dormir la nuit, mais pendant la journée, il était à la rue. Pour pouvoir manger, il utilisait un peu de son salaire pour se nourrir (300 riels comme budget quotidien = 0,10 centime de dollar US). Mais, peu à peu, il a su se faire connaître, il effectuait beaucoup de travaux supplémentaires : laver les voitures, nettoyer les sols, couper l’herbe, etc. Et c’est ainsi que trois mois plus tard, Mr B… lui a demandé de devenir alors gardien.

Son salaire est alors presque entièrement consacré à ses études. Sur un total de 40 dollars par mois, il répartit ainsi ses dépenses : 15 dollars pour la nourriture, 18 dollars pour apprendre, à lire, parler et écrire l’anglais (3 heures de cours par semaine), et le restant pour les achats de livres.

Plusieurs métiers

En 2001, il fait la connaissance de la Princesse Ermine Norodom. Il en devient le garde attitré jusqu’en 2002. Plus tard, ayant été remarqué pour ses qualités, un poste d’administratif lui est proposé dans une autre entreprise pendant deux années, il travaille comme assistant administratif. Mais, malheureusement, en 2006, la société fait faillite et il doit trouver un autre emploi.

Il effectue alors deux années dans une autre société, cette fois comme adjoint commercial. Mais, le destin frappe à nouveau et la société est mise en faillite.

Ayant trouvé ensuite un emploi au sein d’une pizzeria, il apprend alors toutes les ficelles du métier, de la fabrication des pizzas, à la vente, ainsi que toute la partie marketing. Il avait deux emplois, dans la pizzeria, et aux côtés de la princesse, comme gardien.

De 2008 à 2009, il enchaîne comme chargé de communication-publicité auprès de la « English Learning School ». De 2009 à 2010, il travaille au restaurant Soksabay. Mais les conditions difficiles, longues heures et travail de nuit, ne lui permettent pas de continuer.

Une meilleure vie

Quand la Princesse Ermine Norodom ouvre l’Hôtel le Marais. La vie d’Arun s’améliore considérablement. Il a un bon salaire, il y apprend le management et les ficelles de l’entrepreneuriat. Il travaille également aux côtés de la princesse pour le programme Shanty Town Spirit. Ce projet est une initiative de la Princesse pour venir en aide aux familles des bidonvilles de Phnom Penh.

À la fermeture de l’hôtel, Arun décide alors de monter sa propre affaire. Il se lance dans la vente immobilière. Au début c’est difficile, mais petit à petit il voit ses revenus augmenter. Il travaille beaucoup, ne compte pas les heures et se promet de réussir cette fois-ci. Il a actuellement 13 employés qu’il forme lui-même. Il leur donne un bon salaire, et leur apprend à travailler correctement.

Arun et sa petite famille
Arun et sa petite famille

Arun se dit fier de son parcours et content d’avoir connu la princesse. En effet, il n’a jamais cessé de travailler au sein de l’ONG Shanty Town Spirit. C’est le Directeur Administratif et le porte-parole de la princesse, il répond toujours présent quand Ermine a besoin de lui. Au sein des bidonvilles supportés par l’association, Arun est très écouté, car les habitants savent qu’il a aussi connu la pauvreté et la précarité. Certains des membres de la communauté, les enfants surtout, le citent parfois comme exemple. »… il a su réussir alors qu’il vient de la misère… », disent-ils.

Arun avec la Princesse Ermine Norodom et les habitans du bidonville de Boeung Trabek
Arun avec la Princesse Ermine Norodom et les habitants du bidonville de Boeung Trabek

La Princesse Ermine Norodom ne tarit pas d’éloges sur son fidèle collaborateur :

« … Nous travaillons bien ensemble, nous nous comprenons, et il m’aide énormément. C’est un homme au grand cœur, qui ne regarde pas ce qu’il pourrait recevoir en retour de ce qu’il donne. Il donne pour le bonheur de donner tout simplement… »

Et, Arun dit exactement la même chose à propos de la Princesse Ermine : »… une personne au grand cœur, et qui donne sans jamais chercher à recevoir en retour… », déclare-t-il.

Pour l’avenir, Arun souhaite que son fils apprenne et suive son exemple : être bon, travailler, ne pas trop faire confiance, juste ce qu’il faut, et ne pas tout donner. Savoir garder pour soi également.

Propos recueillis par Nathalie Bonpain — Shanty Town Spirit

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