Voix divines, rock’n roll et destins souvent tragiques: l’artiste Julien Poulson rend hommage par la peinture aux grandes dames de la chanson khmère.
Elles se nomment Pan Ron, Houy Meas ou Chhom Nimol. Toutes ont incarné, à leur façon, la voix d’un Cambodge dont la culture musicale a épousé les soubresauts de l’Histoire.
“Les femmes cambodgiennes de la chanson”
Ce sont ces talents que l’exposition « Les Femmes Cambodgiennes de la Chanson » salue à travers une série de 10 œuvres, exposées jusqu’au 19 juillet à la One Eleven Gallery de Siem Reap.
Rendre hommage aux femmes
L’amour que Julien Poulson éprouve à l’égard de la pop music cambodgienne n’est plus à démontrer.
L’artiste australien natif de Hobart, bien connu pour son rôle de membre fondateur du groupe The Cambodian Space Project, s’inspire depuis longtemps de cette culture pop dont la vitalité l’a toujours fasciné. Le peintre qui, en plus d’être musicien, est aussi écrivain, imprimeur et vidéaste, livre ici ses dernières productions réalisées dans son atelier de Kampot.
Dix œuvres retraçant l’épopée de ces divas, mixant collages et peinture aux couleurs chatoyantes. «C’est en écoutant la voix de Chhoun Malay, pionnière du mouvement musical des années 1960, que le besoin m’est venu de lui rendre hommage. Une première œuvre est donc née, mais je ne pouvais pas en rester là. Ros Sereysothea, Mao Sareth ou encore Him Sivorn ont suivi, jusqu’à constituer une collection de 12 peintures, dont 10 sont exposées ici».
Couvrant la période de l’âge d’or de la pop cambodgienne jusqu’à l’époque contemporaine, ces visages sont autant de témoignages d’une scène musicale où de nombreuses femmes se sont illustrées. Parmi les visages choisis par le peintre, celui de Kak Channty rayonne d’une lueur particulière. L’ex-épouse de Julien Poulson, chanteuse charismatique du Cambodian Space Project, hante toujours l’artiste un an et demi après sa disparition tragique.
Julien Poulson, un amour pour la pop music cambodgienne
Bien plus qu’une exposition de peinture
La soirée du vernissage a donné lieu à une performance de haut niveau de la part de Julien Poulson.
Accompagné de deux acolytes, il a effectué une longue improvisation musicale durant la projection du film Sovanna Hong. Avec Joseph Baarda au saxophone et Louis Burdett à la batterie, les trois musiciens ont illustré à leur manière la mythologie khmère abordée dans ce long-métrage de 1967, constituant l’un des grands succès publics de l’époque.
Souriant et décontracté, Julien Poulson est un familier de la galerie, puisque cette dernière lui a déjà consacré quatre expositions, révélant toute la palette d’un peintre marqué par le néo-expressionnisme et l’art du collage. Son travail sur les chanteuses cambodgiennes n’est guère achevé, puisque d’autres tableaux devraient bientôt se rajouter à la série. À terme, un livre sera édité, dont les bénéfices seront destinés à la toujours bouillonnante scène musicale khmère.
Improvisation musicale par Julien Poulson, Joseph Baarda et Louis Burdett
Informations
« Les Femmes Cambodgiennes de la Chanson »,
One Eleven Gallery Siem Reap, jusqu’au 19 juillet 2019. Tel: 095 501 11
Texte par Rémi Abad
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