Jentayu est le nom malais d’un oiseau fabuleux qui, dans le Ramayana, tente d’empêcher l’enlèvement de Sīta par le démon Rāvana. Jentayu est connu dans la version cambodgienne de l’épopée hindoue, le Reamker, sous le nom de Jatāyu.

Premier numéro de la revue
C’est le nom de cet oiseau que Jérôme Bouchaud a choisi pour la maison d’édition qu’il a créée en 2014, entièrement consacrée à la littérature d’Asie. Sa revue s’intéresse ici aux lettres d’une aire géographique qui part des steppes d’Asie Centrale et s’étend jusqu’aux rizières d’Extrême Orient.
Traduction d’une littérature d’auteurs
La volonté du créateur des Éditions Jentayu, qui s’est entouré d’une solide équipe de traducteurs et de professionnels de l’édition, est de mettre à la disposition des amoureux de littérature des auteurs et œuvres de grande qualité, mais qui, en raison de la barrière de la langue, sont inconnus ou presque des francophones. Pour ce faire, les Éditions Jentayu publient notamment une revue semestrielle, dans laquelle sont traduits des textes courts ou des extraits de romans.
Dans chaque numéro, on peut ainsi découvrir entre douze et quinze textes provenant de divers pays et se rapportant à un thème donné. Le premier numéro, publié début 2015, avait pour thème Jeunesse et identité(s), et présentait à ses lecteurs les œuvres de quinze jeunes auteurs, pour onze nouvelles, trois poèmes et un extrait de roman. Dans ce premier numéro, justement, avait été notamment publiée la nouvelle Une jeune fille pas comme il faut, dont l’auteur est l’un des jeunes écrivains cambodgiens les plus populaires de nos jours : Suong Mac (traduction de votre serviteur).

Numéro 9 de la revue
Parmi les dernières parutions, le numéro se consacrait au thème de l’exil, qu’il soit physique ou métaphysique. À l’intérieur, quatorze textes y étaient présentés ; les auteurs venant des pays les plus divers : Chine continentale, Taïwan, Indonésie, Singapour, Thaïlande, Malaisie… et, ce qui intéressera plus particulièrement les lecteurs de Cambodge Mag, une nouvelle de Soth Polin, intitulée Nul ne peut faire revivre les morts (traduction de Christophe Macquet).
Plus récemment, le numéro 10 s’intéresse quant à lui au thème de l’avenir et des minutes qui passent. “De l’Inde à la Chine, en passant par le Turkménistan, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, le Cambodge, les Philippines et Taïwan, les contextes de cet avenir changent, mais les imaginaires, eux, se côtoient et se répondent.”
Mise en lumière de photographies et d’illustrations
En plus de textes littéraires, Jentayu donne également l’occasion à des photographes et illustrateurs d’Asie de faire connaître leurs créations. Un cahier spécial est aussi consacré au huitième art. Dans le numéro 9 notamment, ce sont les photographies “Calvaire des Rohingas” de Samsul Said, reporter d’images malaisien, qui sont présentées. De plus, chaque texte est illustré d’un dessin réalisé par un artiste asiatique.
Il convient de saluer le très grand soin apporté à la publication de cette revue. La mise en page est irréprochable, et l’édition est professionnelle. La lecture des textes proposés est très agréable. Jentayu peut être acheté par correspondance ou au format électronique sur le site de l’éditeur. La revue est également en vente à Phnom Penh à la librairie Carnets d’Asie.
Texte par Pascal Médeville, illustrations par les éditions Jentayu