La police provinciale de Preah Sihanouk a créé trois équipes spéciales chargées d'inspecter les entreprises, les hôtels, les casinos et les ensembles de condominiums afin de lutter contre toutes les formes de trafic d'êtres humains, d'exploitation du travail et de trafic sexuel.
Cette décision a été prise alors que le gouverneur de la province, S.E. Kuoch Chamroeun, présidait le 28 septembre une réunion à laquelle participaient, entre autres, le président et le procureur de la cour provinciale ainsi que les chefs du département de l’immigration et des unités concernées.
L’administration provinciale a annoncé dans un message publié sur les médias sociaux le 29 septembre que les trois équipes examineront le statut des étrangers et la légalité de l’utilisation de la main-d’œuvre en vertu des lois sur l’immigration et le travail du Royaume.
« Elles vérifieront les permis ou licences d’exploitation et autres documents pertinents et s’attaqueront aux cas de traite des êtres humains, de séquestration, de torture, de travail forcé et d’extorsion », indique le communiqué.
Ils seront également chargés de poursuivre devant les tribunaux les affaires de production, de commerce, de distribution ou d’utilisation de drogues et d’armes illégales. Ils travailleront en coordination avec le procureur et établiront des rapports détaillés sur chacun des lieux inspectés. Ces rapports seront ensuite envoyés au gouverneur de la province.
Cette initiative vient après plusieurs affaires très médiatisées de trafic d’êtres humains se déroulant dans la province côtière.
Le 20 septembre, le ministre de la Justice, S.E Koeut Rith, avait appelé à l’amélioration de du fonctionnement des tribunaux dans ces affaires de traite des êtres humains et d’exploitation sexuelle.
Lors d’une réunion visant à agir sur la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent et l’exploitation sexuelle, S.E. Koeut Rith avait suggéré que les procureurs coopèrent de façon plus efficace avec les agents chargés de l’application de la loi pour mener à bien les opérations de lutte contre toutes les formes de trafic.
Ces instructions avaient été données quelques mois après la publication par le Département d’État américain d’un rapport dégradant le classement du Cambodge en matière de traite des êtres humains. Mais le porte-parole du ministère de la Justice, Chin Malin, avait déclaré que la réunion n’avait pas été organisée en réponse au rapport américain.
Pour Am Sam Ath, directeur adjoint du groupe de défense des droits LICADHO, le ministère a pour mission de gérer les fonctionnaires des tribunaux et joue un rôle essentiel dans le maintien de la sécurité et de l’ordre public, tout en garantissant la justice et l’égalité devant la loi.
« Le ministère de la Justice joue un rôle clé dans les enquêtes sur ces crimes, tandis que les tribunaux font respecter la loi. Il est clair que le système judiciaire joue un rôle très important dans les crimes majeurs, notamment la traite des êtres humains ».
Selon lui, sous la direction de S.E. Koeut Rith, le ministère a procédé à des réformes du système judiciaire et a lancé des campagnes visant à résorber l’arriéré des affaires judiciaires, ce qui a permis de réduire la surpopulation carcérale, tout en libérant sur parole des prisonniers qui arrivaient en fin de peine :
« Nous avons également souvent vu Koeut Rith rappeler ces objectifs aux tribunaux ou aux procureurs. Le gouvernement et le ministère ont récemment montré leur volonté d’endiguer la traite des êtres humains en créant des commissions spécialisées — cela fait partie de leurs efforts pour influencer les tribunaux afin qu’ils travaillent plus efficacement. »
En rétrogradant le Royaume au niveau 3 dans son rapport sur la traite des personnes (TIP), le rapport américain avait allégué que le gouvernement cambodgien ne respectait pas les normes minimales pour l’élimination de la traite et ne faisait pas d’efforts significatifs pour y parvenir, même en tenant compte de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur ses capacités de fonctionnement.
Le ministre de l’Intérieur Sar Kheng avait rétorqué à l’époque que « les États-Unis partageaient la responsabilité de cette situation, car ils avaient coopéré avec les autorités cambodgiennes et d’autres partenaires pour résoudre ce problème ».
Pour le ministre, quel que soit le classement, le Cambodge continuera à s’efforcer d’identifier — et de résoudre — toutes les faiblesses qu’il pourrait avoir dans ses mécanismes de lutte contre la traite des êtres humains.
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