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Kampuchea Balopp – Rugby : Rencontre avec Jean-Baptiste Suberbie

Kampuchea Balopp est une ONG crée en 2013. L’objectif de l’association est de faciliter l’intégration des enfants en situation de handicap par la pratique du sport et notamment du rugby.

Ils sont plus de 600, entre 6 et 17 ans, à participer aux Kampuchea Balop Days, une fois tous les deux mois. Jean-Baptiste Suberbie est professeur d’EPS au Lycée Français René Descartes et membre fondateur de Kampuchea Ballop. Il quittera bientôt le Cambodge pour de nouveaux horizon. Pour Cambodge Mag, il raconte l’aventure Kampuchea Balopp.

Jean-Baptiste Suberbie sur le terrain de sports du Lycée Français René Descartes

Jean-Baptiste Suberbie sur le terrain de sports du Lycée Français René Descartes


Premiers pas au Cambodge et origines du projet

En 2011, Jean-Baptiste Suberbie foule pour la première fois le sol cambodgien. Encore étudiant en carrière sociale, il effectue un stage au sein de l’ONG Taramana. Durant ce stage, il développe ses premiers contacts avec la Fédération de Rugby du Cambodge. Ces derniers, intéressés par son passé de rugbyman et d’éducateur lui proposent alors un contrat pour devenir employé de la fédération. Mais il refuse : « j’ai décliné pour finir mon DUT » explique-t-il. Pourtant le Cambodge ne quitte pas son esprit. Il décide alors de se spécialiser sur l’utilisation du rugby comme moyen d’éducation et d’insertion sociale dans les pays en voie de développement.

« Je suis arrivé en Mars 2012 et, pendant un an, j’ai été bénévole comme agent de développement. J’ai commencé à mettre en place des entraînements dans les orphelinats, avec des ONG. Je travaillais sur le développement de la formation du rugby, et comment développer des activités rugby là où il n’y en avait pas du tout ». C’est également à ce moment-là qu’il rejoint le Lycée Descartes.

« Comme j’étais bénévole, j’ai commencé à faire de l’aide aux devoirs. Par la suite, j’ai pris en main des activités extra-scolaires, dont le rugby. Et, un jour, on m’a demandé de remplacer un professeur de sport pendant quelques jours. », c’est donc progressivement qu’il va alors intégrer à temps plein le lycée en tant que professeur de sport tandis qu’il s’éloigne progressivement de la Fédération de Rugby.

Après une année et demi au Cambodge, il décide alors de créer Kampuchea Balopp, une organisation sportive au service des enfants les plus démunis.

Le rugby est un vecteur de communication

« En montant Kampuchea Ballop, j’avais plusieurs objectifs. Premièrement, former des éducateurs cambodgiens. Deuxièmement, je voulais focaliser sur le rugby comme un outil d’éducation, d’insertion pour des jeunes en situation de handicap et issus de milieux défavorisés. L’objectif de la fédération était seulement de développer ”l’activité sportive Rugby”, alors que nous voulions utiliser le rugby comme un moyen d’améliorer le bien-être des enfants », déclare-t-il. A l’aide de Nicolas, son associé qui s’occupe du financement, il cherche alors à développer des partenariats avec des ONG et des orphelinats pour offrir des activités sportives à ces associations qui en ont réellement besoin.

« Nous étions partis d’un constat : les enfants ont beaucoup de temps libre, les enfants de l’école publique ont seulement une demi-journée de classe. De plus, il n’y a pas d’association sportive sinon pour les élites. Il y a énormément d’ONG au Cambodge, mais elles n’ont pas assez de ressources pour organiser des événements sportifs. Donc, quand nous leur avons proposé, ils ont tout de suite été d’accord. Nous étions est la seule ONG à s’intéresser à l’accès au sport » explique-il.

Rencontre amicale, entre les ONG partenaires de Kampuchea Balopp

Rencontre amicale, entre les ONG partenaires de Kampuchea Balopp


Le lien entre l’ONG naissante et le Lycée Français Descartes se fait alors naturellement. « Avec Kampuchea Ballop, dès que j’ai été le référent de tout le rugby de la maternelle à la terminale (au Lycée Descartes), j’ai fait en sorte de favoriser un maximum de rencontres. Cela a très bien marché car si on regarde les résultats des compétitions internationales de Rugby, l’AS Rugby de Descartes est désormais 2ème du classement de la zone Asie-Pacifique alors que nous étions auparavant plutôt au bas du classement. Aujourd’hui nous sommes derrière Singapour qui est intouchable ».

Les Kampuchea Balopp Days sont notamment un parfait moyen de communion entre des enfants très pauvres, dont certains sont en situation d’handicap et d’autres très riches. Ils sont plus de 600 à profiter aujourd’hui de ces activités sportives.

Ces bons résultats sont largement dus à ces rencontres amicales entre le Lycée Français et les enfants des ONG, selon Jean-Baptiste Suberdie. « Quand les enfants de Descartes affrontent les enfants de PSE par exemple, et qu’ils perdent parce qu’ils font face à des enfants qui jouent avec leurs tripes, cela donne une grande leçon d’humilité aux enfants de Descartes ».

En mars dernier a eu lieu la Coupe d’Asie du Rugby au sein de laquelle laquelle s’affrontaient les lycées français de la région. Pour la première fois, un même lycée accueillait toutes les catégories d’âge, soit plus de 600 élèves.

Dans le cadre de la préparation à la compétition, des élèves du Lycée Descartes sont partis pour un stage d’entraînement à Kep. Durant la préparation ces derniers furent accueillis dans un orphelinat. « L’idée était qu’il y ait un véritable échange. Nous avons donc effectué une collecte de matériel auprès de Décathlon, du lycée et des parents d’élèves. Nous sommes alors arrivés avec des dons », explique Jean-Baptiste Suberdie. Cette expérience a reçu l’approbation de tous, à la fois par la direction de l’établissement et par les parents d’élèves, mais les plus enthousiastes du projet étaient sûrement les élèves, qui ont vécu une expérience inoubliable.

Les élèves s’entraînant sur la plage

Les élèves s’entraînant sur la plage


« Dès le début, j’étais super excitée, on s’est dit qu’on allait faire un truc qui n’avait jamais été fait auparavant » explique Marianne, élève au Lycée Descartes. Si certains étaient motivés à l’idée de partir découvrir un nouvel environnement, d’autres l’étaient moins mais furent très vite mis à l’aise, comme témoigne Joseph, lui aussi élève au lycée Descartes : « Nous avions un peu l’appréhension de dormir par terre, mais finalement dès que nous avons vu les enfants, et installé les moustiquaires ensemble, nous avons vu qu’il y avait un bon esprit d’équipe, ça nous a tout de suite plu». Durant ce moment de découverte entre ces deux mondes, un des moments les plus forts restent la distribution de cadeaux aux enfants. « Pour eux, on aurait dit Noël avant l’heure ! », s’enthousiasme Marianne, « dès qu’ils ont reçu les dons, nous ne les avons pas vu pendant un bon moment. Et, le lendemain, ils étaient tous équipés avec ce qu nous leur avions apporté, et cela faisait très plaisir».

Les résultats ? Les élèves du lycée Descartes ont obtenu des résultats très positif, les U13 ont fini 3ème, derrière les deux équipes de Singapour, les U15 ont finit en 5ème position, tandis que l’équipe des filles de U18 ont été finalistes, et les garçons troisième. « Un très bon résultat » confirme Jean-Baptiste Suberdie.

Les enfants du lycée René Descartes et les enfants de l’orphelinat à Kep.

Les enfants du lycée René Descartes et les enfants de l’orphelinat à Kep


Un outil d’insertion sociale

Mais qu’en est-il de l’héritage culturel et social du Rugby dans le monde et plus particulièrement au Cambodge ? Si le Rugby est un sport anglais, apparenté au monde universitaire, les héritages sont très variés selon les pays. « En France, par exemple, le rugby est un sport de terroir. Au Cambodge, c’est un sport d’ONG » rappelle Jean-Baptiste Suberdie. « Mais c’est un sport important pour la construction d’un enfant, il le confronte à ses propres peurs, il faut plaquer l’autre, se mettre en danger, quand tu as dix ans et que tu commences ce sport, tu as peur. Mais cette peur t’anime, elle te fait faire des erreurs, mais le jour où tu réussis ton plaquage, tu t’en souviens toute ta vie, car tu en ressors grandi. Tout le monde a sa place dans le rugby, le petit qui va vite, le gros qui ne courre pas vite mais qui arrive à faire avancer ses copains, le fin stratège comme le coéquipier un peu idiot qui va tout droit, tout le monde a sa place dans le rugby. Le contact, la solidarité et le sacrifice pour son équipe sont très importants dans notre sport. C’est pour ça que nous avons  choisi le rugby ».

Cependant il n’est pas compatible avec tout le monde, certains enfants sourds par exemple ne peuvent pratiquer ce sport, en raison des implants dont ils sont équipés. Il a fallu donc trouver une solution, c’est ainsi que Kampuchea Balopp a décidé de s’adapter à cette situation en leur proposant de pratiquer l’Ultimate (sport qui se joue avec un frizbee). Le Rugby n’est finalement qu’un vecteur parmi d’autres, le but n’est pas que cette ONG focalise sur un seul type de sport, mais de favoriser l’activité physique. Le défi de Kampuchea Balopp répond à cette problématique.

« Le dernier public avec qui nous n’avons pas travaillé sont les aveugles, et je savais pas quoi faire. Mais, nous avons réfléchi, et finalement,nous avons mis des ficelles au bord du terrain, et appris aux gamins à marcher seuls . Ils devaient aller le plus vite possible. Et après, alors qu’ils étaient en confiance, nous leur avons demandé de courir. Et c’était le truc le plus incroyable que j’ai vu ici, ils se sont mis à crier comme si quelque chose était en train de sortir de leur corps. Enfin ils pouvaient courir. Pour un enfant, courir c’est vital. C’était vraiment fort ».

Quel futur pour Kampuchea Balopp ?

« La difficulté est de pérenniser le projet. Et, aujourd’hui nous employons quatre éducateurs du lundi au samedi. Ils organisent 4 à 6 séances d’entraînement par jour au sein des ONG partenaires. Nous avons une autre salariée en charge de l’administration, et de la communication. L’enjeu est de parvenir à un équilibre financier pour que les cambodgiens puissent reprendre la main sereinement. Après c’est au gouvernement de jouer le jeu et de débloquer des fonds pour que le sport puisse se pratiquer. Officiellement il y a du sport mais en réalité,  il n’y a pas toujours les moyens nécessaires pour les mettre en place dans les établissements publics. »

Texte et photographies par Hugo Bolerinos

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