Interview & Diaspora : Du Cambodge à l’Australie, l'art de se révéler selon Piyané Ung

Dimanche dernier, The Gallery du Sofitel Phnom Penh Phokeethra accueillait, dans le cadre du festival Oktobookfest, la Cambodgienne Piyané Ung, auteure engagée, coach en développement personnel et voix inspirante de la diaspora asiatique. Devant un public de journalistes et fans, la jeune femme a partagé son parcours, ses combats et ses convictions.

Piyané Ung

Qui est Piyané Ung ?

Piyané Ung est une femme qui conjugue racines cambodgiennes et expérience australienne, entrepreneure et écrivaine, engagée dans l’accompagnement des femmes et des hommes vers l’acceptation de soi et la santé mentale.

La publication remarquée de son ouvrage, "The Good Girl", en Australie et au Cambodge, a ouvert la voie à un dialogue franc sur l’identité féminine, la vulnérabilité et la quête de sens dans la société contemporaine.​

Un parcours né du doute, forgé par le courage

« Je n’avais jamais pensé un jour écrire un livre », confie-t-elle avec une humilité sincère.

C’est la voix des amis qui ont insisté, le désir de transmettre un message si jamais elle devait disparaître soudainement, qui ont nourri l’écriture. Un mois de travail, une retraite à Bali, et le manuscrit est né.

En novembre 2024, lors du lancement australien, Piyané ose le premier pas public ; l’accueil est chaleureux, et rapidement l’œuvre franchit les frontières, jusqu’à cette rencontre à Phnom Penh.​

Le livre, miroir de la condition féminine

La "The Good Girl", selon Piyané Ung, n’est pas qu’un modèle à suivre ou une perfection à incarner. C’est aussi une construction sociale, parfois douloureuse, où l’on attend des femmes qu’elles portent de multiples masques, qu’elles soient à la fois lumineuses sans trop briller, performantes sans paraître autoritaires.​

Mais, insiste-t-elle, le livre ne s’adresse pas uniquement aux femmes, puisqu’elle rappelle que le taux de suicide le plus élevé concerne les hommes. La souffrance intérieure, la nécessité de paraître « fort » et la difficulté à exprimer ses émotions traversent tous les sexes.

Les cinq fondations de l'épanouissement

Sur la scène, Piyané détaille les piliers qui constituent, selon elle, la base de toute existence équilibrée : le physique, le mental et l’émotionnel, la communauté, la spiritualité et les finances. Refuser de choisir, inviter à l’harmonie, à l’écoute de soi—voilà le cœur du message. « Si ma santé mentale flanche, peu importe ce que j’ai. Si ma communauté est absente, je me sens vide », explique-t-elle.​

Une spiritualité universelle

Loin des dogmes religieux, Piyané prône un engagement spirituel libre et inclusif. Pour elle, c’est l’énergie, le souffle vital, au-dessus des divisions et des étiquettes. Ses expériences à l’hôpital, au chevet de personnes en fin de vie, l’amènent à voir l’importance des relations sincères, de la capacité à exprimer ses regrets, à pardonner, à dire « je t’aime » pendant qu’il est encore temps.​

Dialogue avec le public

L’entretien se transforme ensuite en conversation collective. Des femmes et des hommes posent des questions, expriment leurs propres peurs, leur quête de reconnaissance. Piyané préconise l’authenticité dans les relations, la bienveillance envers soi et les autres. Son conseil principal aux jeunes générations :

« Multipliez les amitiés authentiques. Entourez-vous de personnes qui vous tirent vers le haut. Soyez vous-mêmes, car c’est le plus beau cadeau à offrir. »​

La vulnérabilité, un chemin vers le pouvoir

La vulnérabilité, loin d’être une faiblesse, devient chez Piyané une force créatrice. Elle encourage à accueillir toutes les émotions, pas seulement la joie mais aussi la tristesse, la colère, la peur, le doute. Refuser la « toxicité de trop de positivité », honorer le ressenti du moment, accepter que le bonheur est passager et que le chemin est fait de hauts et de bas.​

« La joie est une émotion comme une autre. Quand elle est là, honorez-la. Lorsqu’elle s’efface, accueillez la suivante. Il ne s’agit pas de rester positif en permanence, mais de s’agrandir pour toutes les émotions, les accueillir et les laisser repartir. »​

Quels horizons pour demain ?

Interrogée sur ses projets futurs, Piyané dévoile qu’un premier livre, "The Ripple After", n’a pas encore été publié. Cette œuvre, dont le souffle spirituel est marqué, doit rejoindre prochainement la scène publique. Son engagement ne faiblit pas, sa volonté de partager continue de grandir, portée par les encouragements reçus ici à Phnom Penh et ailleurs.​

Une voix pour l’époque

En refermant la rencontre, on retient la force d’une femme qui refuse le conformisme, qui ose parler de ses blessures, de la dépression vécue à 20 ans, du parcours vers la résilience. Loin d’un optimisme naïf, Piyané porte une parole lucide mais pleine d’espoir pour l’avenir :

« La vraie richesse, c’est celle des liens humains, du pardon, de l’échange sincère. Rien ne dure, alors autant s’offrir dans la vérité. »​

Ce week-end, à The Gallery Sofitel Phnom Penh Phokeethra, les murs auront entendu bien plus qu’une succession de réponses. Ils auront abrité une révolution douce, celle du pouvoir de la vulnérabilité et de l’authenticité, portée par la voix singulière de Piyané Ung.

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