À l’occasion de la journée international de l’arbre, la fondation Aïravata a organisé le 8 juillet dernier une pluralité d’événements. Entre solidarité, tradition et protection de l’environnement, retour sur la série d’initiatives mises en œuvre.
Environnement : Plantation d’arbres pour lutter contre la déforestation
La fondation a tout d’abord planté plus de 2 000 arbres sous l’oeil aguerri de l’ingénieur agronome M. Philippe Monnin.
Les Ministres de l’Information, S.E. Khieu Kanharith, et de l’Environnement, S.E. Say Samal, se sont joints à l’initiative.
Comme le souligne Pierre-Yves Clais, fondateur de la Fondation : “Espérons désormais que les terres rouges du Ratanakiri et les pluies feront grandir ces derniers.“
Plantation d’arbres sous l’œil avisé de l’ingénieur agronome Philippe Monin
Infrastructure : Création d’un centre de reproduction pour éléphants
La Fondation devrait bénéficier d’un soutien financier d’un montant de 20 000 USD pour le développement d’un centre de reproduction.
Une espèce menacée d’extinction
L’éléphant est particulièrement menacé au Cambodge. En effet, Pierre-Yves Clais rappelle qu’il ne reste que 69 spécimens à l’état domestique.
Les éléphants sauvages sont un peu mieux lotis puisqu’il en resterait de 400 à 600. Toutefois, leur espace vital se réduit un peu plus chaque jour, entraînant des conflits homme-éléphant, qui tournent souvent à l’avantage des premiers. Plusieurs pachydermes ont d’ailleurs été tués récemment.
Un projet méticuleusement développé
L’expert en éléphants Dan Koehl, travaillant pour la fondation, a rédigé un rapport d’une vingtaine de pages sur le projet.
Il a tout d’abord fait état des problèmes de reproduction au Cambodge. Ces derniers sont dûs à la gestion des éléphants en captivité, ainsi qu’à la culture traditionnelle liée à la capture et au dressage des éléphants. D’autre part, les cornacs locaux, n’ayant jamais élevé et dressé de éléphanteaux, manquent de compétences dans le domaine. Bien que gardiens des traditions, ils ne connaissent pas certains aspects scientifiques tels que les cycles œstraux.
Aucun bébé éléphant ne serait né au Cambodge au cours des 25 dernières années. Les quelques naissances en captivité connues au Cambodge sont le résultat d’accouplements aléatoires entre des mâles sauvages et des femelles.
Le projet d’élevage en captivité comprendra :
Consultations avec des vétérinaires et des laboratoires médicaux à Phnom Penh
Importation de femelles fertiles à des fins de reproduction
Entrainement des éléphants femelles à l’examen du système reproducteur
Contrôle de la fertilité des potentielles femelles reproductrices avec échographie, ainsi que contrôle de leur état de santé général, recherche du virus de l’herpès, etc.
Initiation de la surveillance des niveaux de progestérone d’un certain nombre d’éléphants en captivité.
Mise en place de routines pour l’échantillonnage et l’analyse de l’urine ou des matières fécales, ainsi que pour le transport de ces échantillons vers un laboratoire à Phnom Penh.
D’autre part, les cornacs recevront une formation en élevage, en santé et en nutrition des éléphants en captivité, localement, ainsi qu’à Lampang, en Thaïlande.
D’un point de vue infrastructure, la fondation prévoit la construction d’une étable avec des espaces de stockage.
Solidarité : Découverte des éléphants pour les enfants aveugles
La fondation a eu le plaisir d’accueillir les enfants de l’association Voix et musique des handicapés dont la présidente d’honneur est Mme Nhiem Morokot , Secrétaire d’État aux Affaires féminines
Ayant fait le déplacement depuis la capitale avec leurs accompagnateurs spécialisés, les jeunes ont pu passer de longues minutes auprès des éléphants. Fierté pour Aïravata, la fondation se réjouit d’avoir pu offrir ces longues minutes de découverte aux enfants. Ils ont ainsi pu nourrir et toucher les éléphants, et beaucoup ont déclaré “qu’il s’agissait d’un des plus beaux moments de leur vie !”
La fondation souhaite créer et développer de telles collaborations afin de permettre à des jeunes défavorisés de voyager dans leur pays. Il s’agit pour eux d’aborder la vie sauvage, de découvrir les éléphants et d’interagir un peu avec eux.
Culture : Mise en avant des arts martiaux traditionnels
Grâce à une cérémonie unique, la journée fut également l’occasion de mettre en lumière les arts traditionnels cambodgiens.
Le Bokator, art martial des guerriers d’Angkor, est à l’origine des différentes boxes connues aujourd’hui (khmère, thaïe, lao). Après avoir disparu pendant les années sombres du régime des Khmers rouges, il se redéveloppe depuis une dizaine d’années.
L’importance de cet art martial se retrouve sur les bas-reliefs du Bayon ou d’Angkor Wat. L’éléphant était alors au cœur de l’art de la guerre.
Afin de promouvoir et faire renaître cet art, le club de Bokator du Ratanakari “Ratanak Eisan” a été créé pour donner aux jeunes de la région une alternative à l’oisiveté. Novice, ils s’illustrent en partenariat avec la sélection nationale de Phnom Penh, ainsi que le Maître Derek Bidaut, patron de la salle de sport Prodal.
Pour la Fondation, voir ainsi évoluer sur la terre rouge de Ratanakiri les jeunes pratiquants de Bokator au milieu des éléphants était un rêve de longue date. Comme le soulève Pierre-Yves Clais “l’âme des anciens Khmers planait sur la cérémonie”.
Les deux Ministres invités d’honneur de la journée ont par ailleurs chaudement félicité tout le monde.
Bokator, art martial traditionnel
Partenariat : Multiples soutiens aux populations locales
Les cliniques Khema et Ekates ont à cette occasion apporté leur soutien tant humain que matériel. En effet, Khema Clinic a fait don de médicaments et mis à disposition trois équipes de docteurs et d’infirmiers. Travaillant tout l’après-midi, l’équipe a reçu plus de 150 patients. Le directeur de Khema a d’ailleurs promis de renouveler l’opération deux fois par an.
En outre, la société Azilay, importatrice de la marque Colgate, a été particulièrement généreuse en offrant un minibus entier rempli de dentifrices, de brosses à dents et de shampoings.
Ainsi “les villageois des environs de Katieng auront prochainement les plus beaux cheveux et sourires du Cambodge“, s’amuse Pierre-Yves Clais.
Consultation par l’équipe médicale – Crédit photo : Airavata
Et après ?
Aussi créative que fidèle à la nature et à la culture khmère, la fondation souhaite avant tout rendre à l’éléphant sa place légitime.
Si les événements réalisés nécessitent beaucoup de temps et de travail, ils demeurent essentiels pour Airavata qui ne peut espérer recevoir d’aide financière des acteurs internationaux de protection de la nature.
Pierre-Yves Clais rappelle que l’éléphant est le pilier central de l’histoire khmère et la fondation compte bien lui rendre sa place légitime.
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