Mardi 23 juillet, le Java Creative Café de Tuol Tompoung accueillait Kosal et son équipe pour la diffusion du documentaire “Cambodian Son”.
Kosal Khiev
Le parcours de Kosal Khiev à travers “Cambodian Son”
Kosal Khiev est né en 1980 dans un camp de réfugiés Thaïlandais. Né sans nationalité, de parents Cambodgiens fuyant les ravages du génocide et de la guerre. Sa famille a obtenu l’asile un an plus tard et s’est réinstallée dans le sud de la Californie. Ayant grandi dans la pauvreté et la violence, une fusillade de gang l’a conduit à la prison à l’âge de 15 ans.
Poète, artiste enseignant et survivant du système carcéral américain
En 2011, après 14 ans d’emprisonnement, le gouvernement américain l’a expulsé au Cambodge, un pays qu’il n’avait jamais visité. Depuis sa déportation, il se sert de la poésie et de prestations au Cambodge ou à l’étranger pour exprimer son histoire et améliorer sa situation. En effet, sélectionné parmi 6 000 candidatures, Kosal a été invité comme poète à représenter le Royaume du Cambodge à l’Olympiade culturelle de Londres 2012.
Il espère qu’un jour, les États-Unis abrogeront la loi sur l’expulsion afin que les familles puissent se réunir. En attendant, ce jeune exilé américain à Phnom Penh, continue de partager son histoire et son art dans des micros ouverts, des universités et des scènes publiques.
Cambodian Son : le triomphe d’un homme sur les injustices de la vie par le pouvoir de l’art
Cambodian Son a lieu un an après sa déportation au Cambodge.
Histoire du triomphe d’un homme sur les injustices de la vie par le pouvoir de l’art, elle témoigne aussi du système d’immigration brisé et inhumain d’un pays. Ce documentaire dépeint également la reconstruction et de la renaissance culturelle d’un second pays après des décennies de guerre. Après tout, c’est le Cambodge d’après-guerre qui lui a donné une chance de liberté et de créativité.
A l’heure où les Etats-Unis déportent de plus en plus de personnes, Cambodian Son est à la fois un phare d’espoir et un appel à l’action. C’est l’histoire d’un exilé à la recherche de son foyer et de sa voix.
Histoire des “Khmericains “
Descendants de réfugiés cambodgiens, mais expulsés par Washington depuis les années 2000, il s’agit des “Khmericains”. Ces résidents permanents, détenteurs de la précieuse “Green Card”, mais n’ayant pas demandé la nationalité américaine, sont aujourd’hui exilés dans le pays fui de leurs parents par le passé.
C’est plus de 100.000 Cambodgiens qui ont trouvé refuge aux Etats-Unis après la terreur khmère rouge de la fin des années 1970.
Ces hommes qui ne parlent pas le khmer pour la plupart, peinent à se ré-acclimater.
Affichant souvent des corps dessinés par des tatouages impressionnants, ces derniers sont souvent le fruit de leur passage dans des prisons américaines, pour des crimes sur lesquels ils ne souhaitent pas s’appesantir.
Tombés dans la délinquance, ils témoignent de leur embarcations manu militari dans des avions vers le Cambodge des années après leur libération de prison. Alors qu’ils commençaient à refaire leur vie aux Etats-Unis, ils peinent alors à s’intégrer et vivent de petits boulots tels que les cours d’anglais, ou de subsides envoyés par leur famille.
Une acclimatation difficile
“C’est difficile de s’adapter parce qu’on nous perçoit comme différents ici… Les gens nous disent : Vous aviez la chance d’être en Amérique, comment en êtes-vous arrivés à vous faire expulser ?”, raconte Kookie.
Quelques 2.000 Cambodgiens sont sur liste d’expulsions tandis que plus de 550 “Khmericains” ont déjà été expulsés. La croisade anti-immigration de Donald Trump ne risque pas d’améliorer leur sort. “Tant que Trump est en place, rien ne va changer”, analyse Kookie.
Guerre des gangs
Enfants lors de leur départ vers le Nouveau monde, ces jeunes se sont retrouvés à l’adolescence embarqués dans des guerres de gangs dans les banlieues pauvres de la Californie du Massachusetts ou de l’Etat de Washington.
Dans une atmosphère de racisme anti-asiatique post-guerre du Vietnam, intégrer un gang de Cambodgiens était une façon de se serrer les coudes, à l’image des autres gangs ethniques, hispaniques ou noirs.
Certains réussissent le pari de l’intégration et se marient avec des Cambodgiennes la plupart du temps.
Nouvelle vie
Après avoir fui le règne de terreur des Khmers rouges de 1975 à 1979, des milliers de réfugiés cambodgiens comme Kosal ont commencé une nouvelle vie aux États-Unis.
Comme l’indique Bill Herod, porte-parole de la KVAO (Khmer Vulnerability Aid Organization), “leurs familles ont fui les Khmers rouges et le chaos qui a suivi. Nombre de réfugiés des États-Unis, eux, sont nés dans des camps de réfugiés thaïlandais”.
Après avoir passé une partie de leur vie aux Etats-Unis, certains réfugiés payent un casier judiciaire américain et sont renvoyés dans une patrie qu’ils connaissent à peine. ICE ajoute que le nombre d’immigrants cambodgiens expulsés de 2017 à 2018 a augmenté de 279 %.“Tous ont purgé une peine d’emprisonnement pour des condamnations criminelles. Certains viennent directement de prison, mais la plupart d’entre eux ont déjà purgé leur peine depuis longtemps. Ils vivaient librement au moment où ils ont été arrêtés pour que soit procédé à leur expulsion“, a déclaré Herod à propos des déportés arrivés jeudi.
Obstacles professionnels et psychologiques
Depuis 2002, les cambodgiens rentrés des USA surmontent la barrière de l’emploi. Bien que l’économie cambodgienne ait connu une croissance rapide au cours des deux dernières décennies, le travail est parfois difficile à trouver pour ceux manquant de qualifications.
De plus, les antécédents criminels ou encore les tatouages apparents, n’aident pas les demandeurs d’emploi déportés. Souffrant de troubles psychologiques liés à l’incarcération de long terme (dépression, anxiété, et paranoïa), ils sont également désemparés face à l’impossibilité de revoir leur famille sur le sol américain.
Toutefois, le destin et l’art ont la part belle, puisqu’ils sont des moyens de réintégration. Kosal, est le symbole de la reconstruction par la voie artistique.
Par Hugo Bolorinos et Eva Marcadé
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