Eurocham demande au régulateur de l'énergie du Cambodge de supprimer les charges pesant sur le solaire et d'adopter pleinement les énergies renouvelables, en particulier pour le secteur manufacturier, alors que les prix du charbon s'élèvent à plus de 400 $ la tonne.
Selon le Premier ministre Hun Sen, la hausse mondiale des prix des produits de base, comme le charbon et le pétrole, devrait entraîner une perte de 100 millions de dollars pour EDC en raison de la réticence à augmenter les prix de l’électricité pour les consommateurs.
« Un soutien total du gouvernement royal en faveur de l’énergie solaire sur les toits des usines serait un grand pas en avant vers la modernisation de la base manufacturière du Cambodge, pour verdir l’image du pays et devenir plus compétitif tout en s’intégrant mieux aux économies régionales », a déclaré le président d’EuroCham, Tassilo Brinzer.
« Cela stimulerait le Cambodge en tant que destination d’investissement, car cette initiative vers les énergies renouvelables peut être soutenue en tant que projet qualifié dans le cadre de la nouvelle loi sur l’investissement et ainsi attirer les fabricants qui ont des objectifs d’énergie propre à remplir », a-t-il ajouté.
Coûts énergétiques élevés
Selon Eurocham, le coût de l’énergie au Cambodge est l’un des plus élevés d’Asie. La chambre de commerce plaide pour une mise en œuvre complète de l’infrastructure solaire dans les complexes industriels et les usines et pour une augmentation des investissements dans le secteur afin d’aider le Cambodge à concurrencer le Vietnam et la Thaïlande.
L’un des principaux avantages, outre la réduction des émissions de carbone, est la création potentielle d’un nouveau secteur industriel à l’épreuve du temps dans le domaine de l’énergie durable, avec pour fer de lance le développement de la technologie solaire. Le gouvernement pourrait également économiser sur les dépenses de fonctionnement et d’investissement liées aux coûts de l’électricité en favorisant un marché plus ouvert de l’énergie solaire sur les toits.
« Le mix énergétique actuel du Cambodge est composé à 51 % d’énergies renouvelables. Toutefois, cette part devrait tomber à 35 % d’ici à 2030, avant de remonter à 43 % d’ici à 2040. Globalement, cela représente une baisse de 8,1 % de l’utilisation des énergies renouvelables au cours des deux prochaines décennies », précise Eurocham.
Selon un rapport publié par le fonds de développement allemand, la capacité solaire en réseau ou hors réseau est limitée à ce jour, les régulateurs s’inquiétant de la prolifération des installations solaires sur les toits sans contrôles, codes de réseau et normes d’installation adéquate.
La redevance de capacité, ou « Power Price Rate », est facturée par mois sur la base de la demande contractuelle convenue avec le régulateur pour les clients se connectant à des tensions plus élevées. Au Cambodge, l’énergie solaire est la seule technologie soumise à une redevance de capacité, toutes les autres technologies étant facturées selon un tarif simple, en une seule partie, par kWh, indique le rapport d’Eurcoham.
La pénalité pour l’électricité solaire est d’environ 0,07 $/kWh pour les grands systèmes solaires et de 0,84 $/kWh pour les petits systèmes. Cela ne peut pas être l’intention de la réglementation solaire et rend l’investissement économiquement peu attrayant et non viable.
Sur ce point, Rogier van Mansvelt, le vice-président du Green Business Committee d’EuroCham, avance :
« La plupart des usines de confection sont poussées par les acheteurs à installer des panneaux solaires. Cependant, les tarifs actuels suppriment environ 50 % des avantages de l’énergie solaire, ce qui fait passer le temps de retour sur investissement d’environ quatre à huit ans. »
« De plus, l’installation d’une capacité de 50 % entrave le pourcentage de remplacement. Si le Cambodge veut rester attractif pour les investisseurs en vêtements, il doit créer des réglementations et des tarifs favorables aux installations solaires », ajoute-t-il.
Des défis permanents
Le document d’Eurocham indique également que les marques internationales et les agences d’achat ont fixé leurs objectifs en matière d’approvisionnement écologique et durable et ont exprimé à plusieurs reprises leur besoin d’un bouquet énergétique « plus propre ».
Même les fabricants locaux ont clairement exprimé le besoin d’une législation plus progressiste en matière de panneaux solaires sur les toits, afin de permettre au secteur de rester compétitif et conforme, précise le document.
On estime que la demande d’énergie va plus que tripler d’ici 2040 au Cambodge et plusieurs facteurs favorisent le passage à l’énergie solaire. La Chine, la Corée du Sud et le Japon ont refusé de financer des projets de charbon, alors que dans le même temps, les investisseurs internationaux se tournent vers les énergies renouvelables en réponse à la demande mondiale de durabilité.
Massimiliano Tropeano, expert en durabilité chez EuroCham, affirme : « Le Cambodge est actuellement confronté à une série de défis qui pourraient sérieusement réduire son pourcentage d’énergie renouvelable. Une politique plus progressive et ouverte à l’égard de cette énergie propre et du photovoltaïque privé pourrait aider à résoudre des problèmes tels que la demande d’électricité en constante augmentation, la production d’électricité moins chère et la dépendance à l’égard des importations d’énergie de l’étranger ».
« Le gouvernement royal du Cambodge s’est engagé dans des discussions pertinentes autour de cette question, et nous espérons qu’il saisira les opportunités offertes par les énergies renouvelables définies dans ce document. Les acheteurs internationaux et l’industrie ont besoin de plus d’énergie renouvelable », ajoute-t-il.
Le secrétaire d’État au ministère des Mines et de l’Énergie, Son Excellence Sok Khavan, a déjà répondu à ces préoccupations en déclarant qu’un équilibre devait être trouvé entre l’évolution vers une énergie durable et la garantie d’un approvisionnement permettant de répondre à la croissance de la demande énergétique, et la fourniture d’une énergie abordable et fiable :
« En ce qui concerne les frais de capacité de connexion au réseau pour l’énergie solaire en toiture, la réglementation pertinente a déjà été établie et nous devrons donc la mettre en œuvre. J’ai pris acte du message clair des propriétaires d’usines sur l’importance des toits solaires pour leur plan d’affaires durable et, en fin de compte, pour leur croissance durable au Cambodge ».
Harrison White avec notre partenaire Cambodia Investment Review
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