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Enseignement : Écoles communautaires improvisées à Battambang

À la fin du mois de mai, les enseignants du district de Samlout à Battambang ont réalisé que les élèves éprouvaient du mal à étudier à la maison — soit via des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, soit via les émissions quotidiennes de la chaîne publique TVK.

Fermeture des écoles et difficultés

Le gouvernement cambodgien a fermé les écoles et établissements d’enseignement en mars 2020, en raison du nombre croissant de nouveaux cas de coronavirus. Le ministère de l'Education est immédiatement passé à une pédagogie en ligne à domicile.

Mais les enseignants de Samlout ont remarqué que les élèves éprouvaient des difficultés à suivre ces vidéos éducatives ou n’avaient pas accès aux smartphones ou aux appareils nécessaires pour accéder au contenu.

« Les parents de mes élèves m’ont dit qu’ils n’avaient pas le temps de surveiller leurs enfants, donc les enfants n’apprennent pas beaucoup avec la télévision », déclare Soeun Sreynith, institutrice de 25 ans.

« Pour certains écoliers, leurs parents travaillent en Thaïlande et restent avec leur grand-mère, qui ne connaît pas forcément les technologies les plus récentes »

Soeun Sreynith est enseignante à l’école primaire de Sre Andong Pi et fait partie d’un groupe d’enseignants ayant mené une enquête informelle en mai 2020 pour vérifier les progrès de leurs élèves.

Soeun Sreynith, enseignante de deuxième année à l'école primaire Sre Andong Pi
Soeun Sreynith, enseignante de deuxième année à l'école primaire Sre Andong Pi

Initiative

Les résultats ont montré que les étudiants avaient beaucoup de mal à apprendre efficacement avec des émissions de télévision, en raison du flux d’informations unidirectionnel et de l’absence de support à la maison. De plus, les familles rurales du district ont rarement accès aux smartphones et les enfants ne sont pas toujours autorisés à garder les téléphones avec eux. Soeun Sreynith raconte que les enseignants et le directeur ont décidé qu’il était temps d’essayer une méthode plus innovante pour pallier la fermeture des écoles.

À l’aide de l’enquête, les enseignants ont pu cartographier les maisons de tous leurs élèves. Ils ont ensuite comparé ces données avec les emplacements des maisons des enseignants, et demandé à chacunn d'entre eux de prendre la responsabilité de 50 élèves. Le programme d’enseignement de fortune a été rapidement approuvé par les responsables locaux et du ministère de l’Éducation, qui, selon Soeun Sreynith, ont également réalisé les lacunes des efforts d’apprentissage à distance qu’ils avaient mis en place.

Ros Soveacha, porte-parole du ministère de l’Éducation, a déclaré :

« L’une des mesures que le ministère a exigées a été de former de petits groupes d’étude de moins de 10 étudiants, conformément aux mesures de distanciation sociale du ministère de la Santé »

Soeun Sreynith précise que les enseignants utilisent leurs maisons, leurs étals vides ou leurs bâtiments publics pour mener des sessions d’enseignement d’environ quatre heures avec les étudiants, limitant chaque interaction à moins de 10 étudiants.

Lors d’une interview avec à VOA Khmer fin juin 2020, six élèves de 2e année, vêtus de vêtements colorés et décontractés, sont entrés chez Soeun Sreynith à 13 heures dans le village de Boeung Ron. La petite session est sa quatrième de la journée, et Soeun Sreynith est épuisée.

« Lorsque nous enseignions à l’école, les étudiants venaient nous chercher », dit-elle. « Maintenant, nous rentrons chez nous pour leur faire classe. »

Le Cambodge s’est efforcé, tout comme d’autres pays, de faciliter l’éducation continue des étudiants pendant la pandémie. Le gouvernement a créé de nouvelles émissions sur sa chaîne d’état pour diffuser quotidiennement des leçons spécifiques à chaque niveau d’études et diffuser du contenu sur les pages Facebook et YouTube.

Barrières

On s’attend à ce que les enfants écoutent ces émissions et absorbent leurs leçons quotidiennes. Comme c’est le cas à Samlout, les enseignants ont constaté que les barrières technologiques et le manque de supervision gênent leurs élèves — une situation qui les expose également au risque de ne jamais revenir en classe une fois les écoles rouvertes.

Une élève de deuxième année en classe en plein air chez son professeur
Une élève de deuxième année en classe en plein air chez son professeur

Selon le Plan de réponse de l’éducation au Cambodge à la pandémie de COVID-19 publié en juillet 2020, les fermetures d’écoles liées au coronavirus ont touché plus de 3,2 millions d’élèves dans le pays, environ 10 000 enseignants et près de 14 000 écoles.

Le taux d’abandon des élèves des zones rurales a toujours constitué un défi pour le gouvernement. Le rapport statistique 2015-2016 du ministère de l’Éducation révélait déjà que le taux d’abandon national était de 4,6 % en moyenne pour le primaire et de 17 % pour le premier cycle du secondaire. Un rapport de la Banque mondiale sur l’éducation en mai 2020 suggérait que le Cambodge envisage des initiatives susceptibles de réduire le taux d’abandon en aidant les étudiants qui ont du mal à suivre leur travail, en particulier à la lumière de la situation actuelle.

Hong Reaksmey, directeur national de l'ONG Action Aid Cambodia, les écoles et les enseignants s’efforcent de soutenir leurs élèves, mais cela ne se révèle pas une expérience uniforme à travers le pays.

« Bien qu’il y ait une instruction du ministère aux enseignants des écoles pour visiter les maisons des étudiants et distribuer du matériel pédagogique, toutes les écoles ne peuvent pas mettre cela en œuvre »

Il ajoute qu’en plus de mettre en œuvre des mesures strictes de santé et d’hygiène, le ministère devrait également mettre en place des programmes de formation supplémentaires pour soutenir les étudiants qui ne sont pas en mesure de suivre la pédagogie d’apprentissage en ligne et à distance.

Soki Nita, assise avec sa mère, Ty Linda, 27 ans, se rend tous les jours chez son professeur
Soki Nita, assise avec sa mère, Ty Linda, 27 ans, se rend tous les jours chez son professeur

Besoin d'encadrement

Soki Nita est l’une des écolières qui se déplacent quotidiennement pour rencontrer Soeun Sreynith. Ty Linda est la mère de l’enfant de huit ans et déclare que la famille dispose d’un smartphone pour Soki Nita, mais de personne pour superviser ses leçons. Ty Linda et son mari sont occupés à travailler toute la journée, à effectuer des travaux, tels que l’agriculture, l’élevage de porcs et la fabrication de vin de riz. Cela laisse peu de temps pour aider la petite fille qui souhaite devenir enseignante.

« Je ne peux pas lui apprendre moi-même », annonce Ty Linda. « Si je peux la surveiller de près, elle utilise le téléphone pour étudier, mais si je suis occupée à faire mes tâches ménagères, alors elle passe tout simplement aux dessins animés. »

Il y a toujours une incertitude quant à la date à laquelle les élèves de tout le pays pourront retourner à l’école, le gouvernement indiquant que seulement 20 écoles « de haut standard » rouvriront en août ou septembre prochain. Une première phase avant la réouverture des collèges et écoles du royaume.

Soeun Sreynith se sert du tableau que son grand-père utilisait alors qu’il travaillait comme enseignant. Lorsqu’ils ont décidé de diriger les petites salles de classe informelles, elle l’a trouvé caché dans un coin de leur maison.

Tak Saroum, 25 ans, enseigne aux élèves de 5e année de l'école primaire Sre Andong Pi
Tak Saroum, 25 ans, enseigne aux élèves de 5e année de l'école primaire Sre Andong Pi

Son mari, Tak Saroum, travaille dans la même école. Tak Saroum explique que les responsables de l’école ont d’abord créé des comptes pour tous les enseignants sur l’application de messagerie Telegram, couramment utilisée par le gouvernement pour la communication. Mais, après avoir souscrit à l’application, les enseignants se sont vite rendu compte que pratiquement aucun élève ou parent n’utilisait Telegram.

« Il y a quelques utilisateurs de Facebook, mais la plupart du temps, il n’y a pas de service Internet »

Avec six étudiants à son domicile, Soeun Sreynith est préoccupée par leurs progrès, admettant que beaucoup ont pris du retard dans l’écriture et la compréhension des leçons.

« Les écoles étant fermées depuis mars, elles écrivent très lentement », explique Soeun Sreynith. « Ils ont du mal à recommencer à étudier »

Khan Sokummono et Hean Socheata VOA Khmer & Christophe Gargiulo

Photographies par Khan Sokummono

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