Le gouvernement cambodgien a choisi ces derniers jours de communiquer sur les effets du partenariat chinois. Des effets qu’il estime, globalement, bénéfiques, particulièrement dans le domaine des infrastructures. Le Premier ministre Hun Sen, le ministre des Transports S.E. Sun Chantol et un professeur d’économie insistent sur ce besoin vital d’infrastructures et réaffirment l’amitié d’acier » avec l’Empire du Milieu.
Routes et ponts
Selon le dossier, les routes et les ponts constituent l’oxygène de l’économie de tous les pays du monde. Sans ces infrastructures stratégiques, il est difficile de transporter les produits agricoles et autres à partir des sites de production vers les marchés.
« Si le transport prend trop de temps, cela risque de dégrader la qualité des produits et des marchandises. L’absence de voies de communication et d’infrastructures risque ainsi de freiner les investissements dans un pays pourtant doté de nombreuses ressources naturelles », indique le document.

Chantier routier financé par l’aide chinoise. Photographie Fresh News
Premier ministre
Selon le Premier ministre, plusieurs décennies de guerre ont détruit l’économie du Cambodge, et bien sûr ses infrastructures physiques telles que les routes et les ponts. Après la libération du pays du régime génocidaire de Pol Pot en 1979, la réhabilitation des infrastructures est devenue le leitmotiv du gouvernement parmi les quatre programmes prioritaires : l’eau, les routes, l’électricité et les ressources humaines.
« En 1979, nous avions à l’époque le choix entre une voie piétonne et une piste cyclable. Contrairement à 1979, la situation a bien évolué. Nous sommes passés de difficile à pratique, de la guerre et la misère à la paix, de la moto à la voiture. Si nous préservons cette paix, nous pourrons maintenir notre croissance », déclare le Premier ministre.

« L’économie cambodgienne s’est considérablement développée après l’extension et le développement des infrastructures dans des zones reculées de production agricole et d’artisanat. Les routes et les ponts constituent aussi des corridors vers les pays voisins et contribuent également à attirer davantage d’investisseurs au Cambodge chaque année », ajoute le chef du gouvernement.
Selon le gouvernement, les infrastructures ont également contribué à déplacer les usines loin de la ville et à proximité des habitants des zones reculées. Ce sont les points positifs résultant des nombreux effets de la croissance économique dans les régions rurales.

Avis d’économiste
« Lorsque nous parlons de l’économie d’un pays, nous parlons d’infrastructures, car c’est le cœur battant de l’économie. Par conséquent, lorsqu’elles sont insuffisantes, la circulation des marchandises dans le pays est perturbée et toute la production perd son sens », explique M. Ky Sereyvath, professeur d’économie à la CamEd Business School au Cambodge.
Selon l’économiste, lorsque les routes et les ponts relient les provinces, cela favorise la décentralisation et permet de réaliser des économies sur les coûts de production. Dans les provinces, le coût de la main-d’œuvre et des loyers sont moins élevés que dans les grandes agglomérations. En outre, il est également bénéfique pour les habitants de régions éloignées de trouver un emploi. « C’est ce qu’on appelle un modèle de croissance économique équitable », dit-il.
Au cours des 20 dernières années, de nouvelles routes ont été construites ; certaines ont été rénovées et élargies. Des ponts ont été construits. À ce jour, le Cambodge compte 75 lignes routières de plus de 7 000 kilomètres et 19 grands ponts.
Besoin d’aide
La construction d’infrastructures au Cambodge nécessite un effort du gouvernement, ainsi que des aides sous forme de subventions et des prêts concessionnels (1) de pays et de partenaires de développement tels que la Chine, le Japon, la Corée, la Thaïlande, le Vietnam, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD). Parmi ces pays et donateurs, la Chine reste le principal prêteur à des conditions préférentielles.
En 2019, le Cambodge a reçu de la République populaire de Chine 2,8 milliards de dollars américains sous forme de prêts destinés à la construction d’infrastructures.
Avec ces 2,8 milliards, le ministère des Travaux publics et des Transports a achevé 29 routes, soit l’équivalent de 2 888 kilomètres ; et construit huit ponts pour un coût total de 2,5 milliards de dollars. Le ministère s’est également préparé à construire la route nationale 71c, la route nationale 10 (322 millions) et à aménager le port de Phnom Penh à hauteur de 30 millions $.
L’avis du ministre
S.E. Sun Chanthol, ministre des Travaux publics et des Transports, considère la Chine comme un contributeur majeur à la construction et à la réhabilitation des infrastructures du Cambodge.
« Si notre ami chinois ne nous aidait pas, nous n’aurions pas autant de routes qu’aujourd’hui. Si nous avions choisi d’attendre l’aide d’autres pays, nous n’aurions pas pu construire ces ponts, nous ne pourrions pas voyager à travers le pays. Nous pouvons à présent relier de nombreuses villes et régions éloignées sans détour et sans avoir à emprunter des voies de mauvaise qualité. Nous avons à présent des routes dans tout le royaume », avance le ministre.
« Mais est-ce suffisant ? Pas encore, car certaines routes nécessitent l’extension de deux à quatre voies. Nous continuerons à construire davantage de ponts pour réduire les coûts de transport et attirer davantage de touristes et d’investisseurs », ajoute-t-il.
Ami d’acier
Le Premier ministre Hun Sen tient à rappeler que l’amélioration des infrastructures au Cambodge résulte des bonnes relations entre la Chine et le Cambodge. Le Premier ministre ne cache pas son souhait de maintenir le partenariat avec « son ami d’acier » et ne manque jamais de souligner l’importance qu’il accorde à ce partenaire stratégique dans le développement du Cambodge.
« Si ce n’est pas la Chine, qui d’autre va nous aider ? D’autres savent seulement crier et nous donner des leçons, mais ne nous donnent rien ou si peu. Je confirme à nouveau que nous avons pris la bonne décision en établissant un partenariat solide avec la Chine », affirme S.E. Hun Sen.
Afin de contribuer au développement du Cambodge en tant qu’ami « de fer », la Chine a non seulement consenti des prêts à des conditions de faveur et une assistance en matière d’infrastructures, mais elle a également dispensé une formation aux responsables des travaux publics cambodgiens.
« En plus de nous aider à construire des routes, la Chine forme chaque année une trentaine de responsables cambodgiens du ministère des Travaux publics et des Transports. Les Chinois nous ont aussi largement aidés à étudier le plan directeur sur le développement de l’infrastructure routière du Cambodge », ajoute le ministre Sun Chanthol.
Le gouvernement royal du Cambodge a même adopté pour slogan « Avec routes et ponts, il y a de l’espoir », plutôt très proche de celui du gouvernement chinois : « Avec les routes viennent l’or et l’argent. »
Selon le gouvernement, la construction de routes et de ponts permet une utilisation équitable et efficace des aides et des prêts au bénéfice de la population. Par exemple, la route nationale 55 de 180 km, reliant Pursat à la frontière khmère-thaïlandaise, vient juste d’être achevée, transformant une zone rurale calme, à peine fréquentée, en une zone animée. La route nationale 55 a fait de Tmor Da une zone en plein développement.

Bien que les prêts chinois soient perçus comme des contributions à la promotion de l’économie nationale et à l’amélioration des conditions de vie de la population, certains s’inquiètent de ce que les Occidentaux appellent la diplomatie du « carnet de chèques ». D’autres brandissent le spectre de la dette nationale.
Le ministre des Travaux publics et des Transports, Sun Chanthol, dément fermement ces accusations. Le ministre affirme que le Cambodge gère la dette correctement et que la Chine n’a jamais fait pression sur le Cambodge pour qu’il emprunte de l’argent.
« Nous ne sommes pas dans l’impasse de la dette. Et, j’ai déjà mentionné que nos encours de prêts ne représentent que 20 % de notre produit intérieur brut (PIB), soit le taux le plus bas par rapport à ceux des pays de l’ASEAN. Nous avons donc la possibilité d’emprunter pour développer notre patrie et la Chine ne nous a jamais obligés à contracter ces emprunts. Les Chinois n’ont fait que répondre favorablement à notre demande. Donc, il n’est pas juste de mentionner qu’ils nous prêtent de l’argent pour nous piéger et nous coloniser », argumente-t-il.
« Pourquoi ne pas emprunter pour le développement national, si nous empruntons 100 et gagnons 1000 et si, grâce à de bonnes infrastructures, l’économie du Cambodge croît au taux de 7 % par an ? », ajoute S.E. Sun Chantol.
« La réalisation des routes et des ponts grâce aux prêts chinois présente des avantages indéniables pour les Cambodgiens. Le peuple cambodgien est reconnaissant envers le Premier ministre et le gouvernement chinois, qu’il s’agisse de subventions ou de crédits à des conditions préférentielles, et ce dans la mesure où toutes les aides répondent effectivement au développement du Cambodge », conclut le ministre.
(1) Le prêt à conditions préférentielles, autrement appelé « concessionnel », est un prêt dont le taux d’intérêt est inférieur aux taux du marché.
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