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Chronique : Mes chers parents, et la qualité de la vie dans tout ça ?

C’est la question que je me posais alors installé confortablement à la terrasse d’un petit troquet de Kep tout en dégustant une assiette de crabes fraîchement pêchés. Et la qualité de la vie dans tout ça ?

Bon choix ?

Avons nous bien fait de choisir de nous installer au Cambodge alors qu’il y a tant d’autres belles villes dans d’autres pays ? Alors je me suis mis en tête de taper sur Google « qualité de la vie, expatrié, villes », histoire de voir si notre sort était envié dans le reste du monde. Et je n’ai pas été déçu. L’étude sur laquelle je suis tombé est toute récente puisqu’elle date de mars 2019 et elle est en fait effectuée chaque année. Il ressort de cette analyse de renom, que ce n’est pas au Cambodge, aux Philippines ou au Viêtnam que l’on est le plus heureux.

Mais…

Mais à Vienne, Zurich, Genève, Düsseldorf, Munich et Frankfort ! Oui mais chers parents, voilà quelques-unes des villes où les expatriés sont les plus heureux ! C’est ce que déclare très sérieusement cette étude « sur la qualité de vie pour les expatriés dans leurs villes d’accueil à travers le monde ». L’enquête se base sur une série de facteurs que les expatriés considèrent comme ayant un impact important sur leur qualité de vie à l’étranger. Et les résultats diffèrent peu d’une année sur l’autre. C’est d’ailleurs la dixième année que Vienne arrive en première position selon les critères du rapport.

Mes chers parents, et la qualité de la vie dans tout ça ?

Mes chers parents, et la qualité de la vie dans tout ça ?


Zurich

Zurich, la merveilleuse Zurich avec ses avenues où s’enchaînent les enseignes des plus grandes banques de la planète, sa température moyenne annuelle de 8,5 °C, ses 127 jours de pluie et ses 88 jours de gel, arrive en deuxième position des villes où il fait le mieux s’expatrier. La glaciale Genève avec son légendaire brouillard et ses 115 jours de précipitation annuelle se place neuvième des cités paradisiaques, tandis que Frankfort, connue avant tout pour ses saucisses et sa température annuelle moyenne de 10°C, arrive en septième position, juste après Düsseldorf, un autre joyaux que se disputent les candidats à l’expatriation. La classification concerne 231 villes sur les cinq continents.

Classement…

Déjà, des milliers d’expatriés installés dans des cités aussi déprimantes que sont Phuket, Koh Samui ou Bora Bora font leurs valises pour émigrer à Zurich, à Genève et à Düsseldorf.

Quant aux expatriés de Phnom Penh, ils résident dans une ville classée 196ème sur l’échelle du bonheur, un peu après la trépidante Téhéran (183ème) et avant Kigali au Rwanda (189ème). Téhéran, en Iran et Yangoon en Birmanie se classent, quand à elles, respectivement à la 199ème et la 203ème position.

Même Vientiane, où ceux qui y ont passé ne serait-ce qu’une nuit n’avaient qu’une envie, retrouver un semblant de civilisation, est mieux classée que Phnom Penh, à la 171ème position. Dans le même ordre d’idée, Hô Chi Minh-ville se hisse à la 153ème place, soit 43 points devant la cité de madame Penh. Heureusement que l’Asie dispose de Singapour, seule ville de la région à se classer dans le top 30 tandis que Kuala Lumpur arrive à la 85ème position, loin devant Bangkok (133), Manille (137) et Jakarta (142).

C’est à se demander si les enquêteurs ont un jour mis les pieds dans les endroits qu’ils ont sélectionnés. Quel Barang travaillant aujourd’hui à Phnom Penh ou à Bangkok sauterait de joie à l’idée d’être muté à Zurich si ce n’est pour un salaire bien supérieur ?

D’autant que cette étude n’a pas que pour seul but de faire rire les expatriés sous le soleil. Elle est effectuée dans le but « d’aider les entreprises multinationales ainsi que les gouvernements à fixer les compensations [salaires, primes] pour le personnel affecté à l’étranger ». En effet, un expat’ qui serait muté de Paris, classé 39ème, à Phnom Penh, est en droit d’exiger une compensation financière à la mesure de cet outrage.

Cet expat’-là n’a vraiment pas de chance. Il aurait pu être envoyé dans une autre ville où il fait véritablement bon vivre comme Lyon (40ème), Copenhague (8ème) ou même Stockholm (23ème).

Phnom Penh

Au lieu de cela, c’est le drame : Phnom Penh ; une ville sans trop de transports en commun, polluée (sic), où l’enseignement public est « à l’abandon » tout comme ses hôpitaux. Car l’auteur de l’étude n’a certainement pas remis à jour son logiciel et imagine encore peut-être la capitale du Cambodge au sortir des événements de juillet 1997… Il ne sait pas que si les conditions de santé sont certes encore précaires dans le reste du Cambodge, elles se sont bien améliorées à Phnom Penh, que ce soit à l’hôpital public Calmette ou dans les immenses cliniques privées.

Certes, les mauvaises langues se demanderont ce que cette catégorie d’expatrié a à faire des transports en commun, de la qualité de l’enseignement public, des hôpitaux locaux ou de l’absence de jardins publics, sachant qu’il roule en voiture avec chauffeur, envoie ses enfants dans les écoles internationales, va se faire soigner dans les cliniques privés de Bangkok et passe ses week-ends entre Kampot et Koh Rong. Mais ce sont là les étranges critères « importants » pris en compte pour l’élaboration de ce tout aussi étrange classement. L’étude se base également sur la vie culturelle proposée et le climat. Il semble que, pour les auteurs du rapport, la chaleur soit bien plus incommodante que le verglas ou la neige.

Mais, que le pauvre expat’ de Phnom Penh se rassure : il aurait pu tomber à Badgad, classée dernière de cette enquête, à la 231ème position, soit à peine plus de quarante villes après la capitale du Cambodge.

Reste à espérer que les deux millions et demi de touristes qui se pressent chaque année à Angkor ne retombent pas sur ce rapport au hasard du Net. Sinon, ils choisiront sans hésiter Zurich ou Munich pour leurs prochaines vacances…

A bientôt, Frédéric Amat

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