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Cambodge : Un français redonne le plaisir du cinéma en plein air

Un samedi soir à la WB Arena, Bunsong déguste des grillades avec sa famille sur les longues tables disposées devant le restaurant alors qu'ils regardent un film d'action cambodgien sur un grand écran en extérieur.

Le public se rassemble pour manger des grillades regarder Jailbreak depuis leurs tables et leurs nattes à la WB Arena le 30 avril. Photo fournie
Le public se rassemble pour manger des grillades regarder Jailbreak depuis leurs tables et leurs nattes à la WB Arena le 30 avril. Photo fournie

« Je pense que c’est une excellente idée. Mes enfants ont vraiment aimé le film et cela nous a donné une excellente raison de passer plus de temps en famille. Nous reviendrons certainement pour le prochain », déclare ce père de famille de 33 ans.

Manger et regarder des films en famille n’est pas exactement une invention, mais les personnes nées dans les générations Z ou plus tard ne semblent pas avoir la même perception des activités collectives et des expériences partagées que celles qui ont grandi dans les années 1980 et 1990 ou avant.

« Lorsqu’il y avait des événements ou des fêtes liés à des cérémonies religieuses — ou même s’il y avait une réception organisée dans une maison ou une pagode — les gens s’y rendaient de loin et se réunissaient le soir pour regarder des films - généralement sur un simple écran de télévision », explique Thol Akara, 49 ans.

Il ajoute qu’aujourd’hui, il est possible de se procurer un grand écran plat pour un prix abordable, mais que malgré cela, la plupart des jeunes ne visionnent rien d’autre que leur téléphone portable.

L’une de ces jeunes, Srey Pov, a aussi assisté au cinéma en plein air à la WB Arena et pour elle, ce fut une expérience unique, car c’était la première fois qu’elle assistait à ce genre d’événement.

« Super soirée ! Regarder Jailbreak dans un cadre extérieur était amusant. C’était une nouvelle expérience pour moi de regarder la même chose que tout le monde sous le ciel nocturne », explique la jeune femme de 18 ans.

Un autre jeune homme de 25 ans qui a assisté à la projection du film en plein air raconte que cette expérience fut agréable, mais qu’il se surprenait à vérifier constamment son téléphone. L’utilisation compulsive du téléphone est, à l’évidence, une habitude dont il est difficile de se défaire pour beaucoup de gens de nos jours.

« J’avais déjà vu Jailbreak, mais je voulais juste le vivre dans un cinéma en plein air. Les réactions collectives du public à ce qui se passe à l’écran ont parfois rendu la séance plus excitante, et c’était agréable d’avoir des vendeurs de nourriture de toutes sortes à disposition ici même », dit-il.

Le nombre de bancs et de tables disponibles pour le public est limité. Il est donc préférable d'apporter son propre tapis ou sa propre chaise si le public est nombreux à assister aux films. Photo fournie
Le nombre de bancs et de tables disponibles pour le public est limité. Il est donc préférable d'apporter son propre tapis ou sa propre chaise si le public est nombreux à assister aux films. Photo fournie

« Travelling Screen a démarré en janvier 2020 au Cambodge avec plusieurs projections en entrée libre dans les régions reculées du Royaume pour un public rural », explique Valentin Dube, un Français passionné de cinéma depuis son adolescence.

Malheureusement, le lancement prévu s’est déroulé parallèlement à la pandémie de Covid-19 et les projections en plein air n’ont eu lieu que dans quelques endroits au cours des deux dernières années, comme Kampot, Kep et le village de M’pay Bay sur Koh Rong Samloem, où les spectateurs étaient suffisamment peu nombreux pour maintenir une distance sociale entre tous. Ils ont également organisé une projection à Phnom Penh pour le Festival international du film cambodgien de 2020.

Selon M. Dube, le projet Travelling Screen vise à faire découvrir le cinéma sous toutes ses formes — comédie, horreur, drame, documentaire, films d’art, action, science-fiction, etc. — de manière agréable, qu’il s’agisse d’un obscur film indépendant européen, d’un film local favori ou d’une superproduction épique d’Hollywood, de Bollywood ou de Hong Kong, car les spectateurs n’ont peut-être pas encore eu l’occasion de voir certains de ces films sur grand écran ici, en particulier dans les provinces reculées.

Travelling Screen est ouvert à l’idée de projeter à peu près n’importe quel film s’il y a un public intéressé et engagé, car cela permet de rassembler les gens et de renforcer leur passion pour le cinéma, confie M. Dube.

Le Français a obtenu sa maîtrise avec un mémoire intitulé « Les cinémas à l’ère numérique : pratiques innovantes en matière de marketing et de relations avec le public. » Comme le titre l’indique, il marie l’intérêt de Dube pour le cinéma en tant que forme d’art et aussi en tant qu’industrie qui doit attirer un public pour survivre.

« Le rituel de l’expérience cinématographique, qui consiste à regarder un film avec un large public d’amis et d’étrangers, à commencer à une heure précise et à respecter une certaine étiquette, fait partie intégrante de la culture de mon pays d’origine, la France, et ce depuis près d’un siècle », remarque M. Dube.

Ce dernier a travaillé dans l’industrie du cinéma en France pendant plusieurs années, notamment chez un distributeur de films et sur une plateforme de vidéo à la demande. Il a également participé au développement des ventes internationales pour des plateformes de films numériques et à celui des ventes de nouvelles technologies immersives pouvant être appliquées aux cinémas, aux théâtres et aux auditoriums.

« Cependant, après plusieurs visites au Cambodge pendant plusieurs années, je suis tombé amoureux de ce pays et de ses habitants, et chaque fois que je suis revenu en France, j’ai toujours eu l’impression que je voulais être ici », dit-il.

« Le Cambodge était autrefois appelé la Perle de l’Asie et il possédait un fort dynamisme culturel axé sur les arts, notamment la musique, mais aussi, en particulier, le cinéma. Même Sa Majesté le roi Norodom Sihanouk produisait des films », ajoute M. Dube.

Il évoque un aspect de l’héritage du roi-père Norodom Sihanouk que peu de gens connaissent aujourd’hui. Outre ses réalisations politiques et son statut de fondateur de l’État cambodgien moderne, le défunt roi-père était également un cinéaste prolifique dont la carrière a débuté dans les années 1940 et s’est achevée en 2006, lorsqu’il a pris sa retraite avec un bilan final de 50 longs métrages — qu’il a souvent écrits, produits, réalisés et même interprétés.

Le cinéma occupe donc une place particulière dans l’histoire culturelle récente du Cambodge et ces projections en plein air pour de grands groupes, organisées par l’organisation Travelling Screen, s’inscrivent dans le droit fil de ces traces royales en favorisant une appréciation plus large du cinéma.

« En outre, les principes de communauté et de partage sont très importants pour le peuple cambodgien et font partie de l’héritage qui se trouve dans l’ADN de la culture khmère », observe M. Dube.

Il indique qu’il prévoit d’organiser des projections à Phnom Penh et en province en collaboration avec Anti-Archive, la Commission du film cambodgien, Kongchak Pictures et la nouvelle génération de producteurs cambodgiens qui tentent de faire revivre cette partie de leur patrimoine culturel et de promouvoir le cinéma cambodgien.

Travelling Screen a eu la malchance de lancer son organisation un mois avant le début de la pandémie. Ce n'est qu'aujourd'hui, deux ans plus tard, qu'ils sont enfin en mesure de proposer des projections gratuites de films en plein air, sans restrictions. Photo fournie
Travelling Screen a eu la malchance de lancer son organisation un mois avant le début de la pandémie. Ce n'est qu'aujourd'hui, deux ans plus tard, qu'ils sont enfin en mesure de proposer des projections gratuites de films en plein air, sans restrictions. Photo fournie

« Les projections de films devraient être accessibles à tous, et c’est le cas dans les grandes villes, où le prix moyen d’un billet est de 2,5 à 5 dollars. Cependant, en dehors de Phnom Penh, Siem Reap et Sihanoukville, la plupart des cinémas qui existaient dans le pays avant l’arrivée des Khmers rouges ont été détruits ou ont cessé leurs activités il y a longtemps et n’ont jamais été remplacés », dit-il.

L’invention des smartphones et leur omniprésence totale dans la société ont modifié les habitudes de consommation des médias de l’humanité. Cette technologie révolutionnaire a rendu le visionnage de films sur grand écran moins courant pour les nouvelles générations qui ont grandi avec des iPhone et des Androïdes collés à la main.

C’est pourquoi, selon M. Dube, les projections en plein air doivent être organisées gratuitement et dans le format le plus attrayant possible afin d’être accessibles au plus grand nombre et d’inciter cette nouvelle génération à découvrir la différence d’une expérience de grande cinématographie sur des écrans suffisamment larges pour transmettre la grandeur voulue ou la portée visionnaire des créateurs du film.

« Bien entendu, notre équipement de projection, le paiement de la licence de projection des films et l’administration de l’organisation ont tous un coût. C’est pourquoi Travelling Screen essaie de financer ses programmes par le biais de partenariats et de parrainages avec des entreprises qui souhaitent promouvoir leurs produits et services », déclare M. Dube.

Après une année de discussions et de planification entre la WB Arena et Travelling Screen — et surtout la levée de toutes les restrictions sociales liées à la pandémie — ils ont organisé leur première projection le 30 avril dernier.

« Le Royaume et son climat se prêtent aux événements en plein air et de nombreux Cambodgiens vivent une grande partie de leur journée à l’extérieur. Nous espérons donc que ce type de concept les attirera », affirme M. Dube.

Bien que l’accès au film en plein air soit gratuit pour les spectateurs, Travelling Screen veille à respecter toutes les réglementations en matière de droits d’auteur et de propriété intellectuelle et ne projette que les films qu’il a l’autorisation de diffuser.

« Nous faisons un réel effort pour empêcher le piratage de tous les films que nous projetons, en faisant en sorte que le personnel soit vigilant et en annonçant au préalable pourquoi le piratage de films et d’autres médias au Cambodge est une erreur et doit cesser pour que l’industrie du divertissement en langue khmère puisse se moderniser et se développer pour être au même niveau que l’industrie régionale et, un jour, mondiale », explique M. Dube.

Lors de la deuxième soirée de cinéma gratuite en plein air à la WB Arena, le 14 mai à 18 heures, Travelling Screen projettera une comédie romantique intitulée 25-year-old Girl de la scénariste et réalisatrice cambodgienne Poan Phoung Bopha.

La série de projections à la WB Arena aura un nombre limité de sièges sur des bancs disponibles pour le public. Il est donc préférable d’apporter votre propre tapis ou chaise de jardin si une grande foule est présente.

 

Pour plus de détails : https://bit.ly/TravellingScreen

Hong Raksmey avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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