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Cambodge & Solidarité : Pour un Sourire d’Enfant, « de la misère… à un métier ! »

Alors que notre magazine met à l’honneur Leakhena des Pallières, retour sur l’histoire d’une belle aventure humaine et solidaire.

Enfants de PSE. Photographie fournie
Enfants de PSE. Photographie fournie

L’horreur de la décharge

En 1995, Christian et Marie-France des Pallières, un jeune couple de retraités français en mission humanitaire au Cambodge, découvrent l’horreur de la décharge de Phnom Penh. Là, des centaines d’enfants fouillent, mangent et vivent parmi les déchets.

Choqués de ce qu’ils voient, ils décident immédiatement de « faire quelque chose » et mobilisent en France un réseau de bénévoles et de parrains pour répondre à la demande, simple, des enfants : « un repas par jour et aller à l’école ».

Ils se rendent rapidement compte que si l’on veut que les enfants puissent venir régulièrement, il faut également soutenir leurs familles. Alors, tout de suite, ils mettent en place une distribution hebdomadaire de riz pour compenser le « manque à gagner » de l’ancien travail des enfants, des soutiens d’urgence mais, aussi, un accompagnement social.

Christian et Marie-France des Pallières
Christian et Marie-France des Pallières. Photographie fournie

Pour assurer les meilleures conditions de scolarité, PSE prend également en charge l’hygiène, la santé, l’hébergement et la protection quand c’est nécessaire.

Activités de loisirs, sports et accès à des vacances d’été permettent d’offrir aux enfants de la joie et l’insouciance d’une vraie vie d’enfant.

Formation professionnelle

Quelques années plus tard, ayant remarqué que même avec leur Brevet les enfants retournaient sur la décharge, Christian et Marie-France des Pallières ont décidé de créer un institut de formation professionnelle. Le but était que les enfants aient un métier pour sortir définitivement de la misère, avoir une vie normale et digne, aider leur famille et développer leur pays en s’insérant durablement dans la société.

Les étudiants en formation professionnelle de PSE. Photographie fournie
Les étudiants en formation professionnelle de PSE. Photographie fournie

Désormais, Pour un Sourire d’Enfant s’inscrit comme une ONG incontournable de l’Asie du Sud-Est et de l’aide à l’enfance. Apolitique et non-confessionnelle, elle accueille chaque année 6 500 enfants et jeunes dans ses programmes à Phnom-Penh, Sihanoukville et Siem Reap, tous issus de familles extrêmement pauvres et directement identifiés par l’équipe sociale. Près de 4 500 « anciens » sont déjà dans la vie active avec des métiers qualifiés et, pour la plupart, ont fondé la famille et le foyer qui leur ont tant manqué.

En octobre 2016, l’histoire de Christian et Marie-France des Pallières au Cambodge est portée au cinéma par Xavier de Lauzanne dans le film « Les Pépites » qui a permis à plus de 200 000 spectateurs de découvrir l’aventure humaine extraordinaire qu’est PSE.

Lauréate du Prix des Droits de l’Homme de la République Française en 2000 et labellisée IDEAS en 2018, PSE est reconnue Association de Bienfaisance.

PSE en chiffres

 

Éduquer et scolariser

PSE redonne aux enfants les plus pauvres du Cambodge accès à l’éducation en prenant soin de répondre, au cas par cas, aux besoins de chacun : scolarisation en école publique, rattrapage scolaire à l’école PSE ou encore accueil des enfants des familles de PSE, porteurs de handicaps.

Lorsque les enfants n’ont pas un retard scolaire trop important (moins de trois ans), ils sont scolarisés avec le soutien de PSE dans l’école publique de leur quartier. L’association fournit le matériel scolaire, les uniformes, le transport (bus ou vélo), un repas, une aide à l’orientation et assure le suivi des présences et des résultats des enfants. Des cours de soutien scolaire sont assurés pour les élèves en difficulté dans les locaux mêmes de l’association.


Dès le début de son action, PSE a également mis en place une méthode d’enseignement accéléré pour les enfants trop longtemps déscolarisés et trop âgés pour réintégrer le système scolaire classique. Le programme de rattrapage scolaire créé sur le centre de PhnomPenh permet ainsi aux enfants d’étudier en un an le programme de deux années scolaires. En trois ans, ils atteignent ainsi le niveau de fin d’études primaires et rattrapent leur retard. Basée sur une pédagogie active et participative, cette méthode donne des résultats probants et a reçu l’approbation du ministère cambodgien de l’Éducation.

Repérés eux aussi par l’équipe sociale de PSE, les enfants en situation de handicap, au sein de nos familles, sont accueillis dans le Centre PSE de PhnomPenh dans les classes de la Section d’Enseignement Adapté où ils mènent des activités en fonction de leur âge et de leurs capacités. Chaque groupe d’enfants est accompagné par un(e) instituteur/institutrice dédié(e), aidé(e) par des assistantes-éducatrices spécialisées. Les activités partagées avec les autres enfants du Centre sont nombreuses, favorisant beaucoup l’intégration. PSE a notamment créé le foyer « Source de Vie » pour accueillir jour et nuit une vingtaine de ces enfants dans les meilleures conditions possibles.

Pour Christian et Marie-France des Pallières :

« Ces enfants savent la valeur de l’école. Il fallait voir leur fierté d’arriver dans leur bel uniforme »

Former à un métier

Convaincue que seul l’apprentissage d’un métier qualifié permet aux jeunes défavorisés de s’intégrer dignement et durablement dans la société, PSE a créé l’Institut de Formation Professionnelle à Phnom Penh.

Toute l’organisation de PSE est dédiée à la réussite des jeunes et s’est développée en fonction des réalités économiques du terrain, avec pragmatisme. Des classes préparatoires et passerelles offrent aux jeunes une préparation adaptée avant l’intégration d’une filière professionnelle de l’Institut. La formation y est ensuite de deux ans (trois pour certaines filières), avec des niveaux intermédiaires de certification, pour permettre aux jeunes de valoriser sur le marché du travail leur temps de formation.

L’Institut PSE (PSEI) accueille aujourd’hui près de 1 500 étudiants dans quatre écoles (Hôtellerie et Tourisme, Gestion et Vente, Métiers Techniques et Métiers de l’Audiovisuel) qui forment à une vingtaine de métiers correspondant aux besoins. Chacune des écoles est conseillée par un comité consultatif d’employeurs locaux qui font part de leurs besoins pour aider à orienter la pédagogie et à assurer la meilleure adéquation possible entre les attentes du marché de l’emploi et les formations dispensées.

Enfants de PSE à l'école. Photographie fournie
Enfants de PSE à l'école. Photographie fournie

Reconnu officiellement par le Gouvernement Royal du Cambodge, l’Institut PSE délivre des diplômes agréés par le ministère du Travail et de la Formation Professionnelle. Grâce à des partenariats d’excellence avec le Cambodge et l’étranger pour chaque filière et grâce à des formations qui comportent 70 % de pratique, la majorité de nos étudiants trouvent un emploi qualifié dès la fin de leurs études.

Héberger et protéger

Pour les enfants les plus en danger et pour garantir leur protection, PSE a mis en place des programmes spécifiques.

Orphelins ou jugés « en danger » dans leurs familles par l’équipe sociale, environ 160 enfants, dont plus de la moitié sont des filles, sont ainsi hébergés en pensionnat dans le Centre PSE de Phnom Penh à temps complet. Les plus jeunes, une centaine d’autres enfants, sont pris en charge dans des familles d’accueil, rémunérées et suivies de près par l’équipe sociale.

En 2012, un internat a également ouvert ses portes dans le Centre PSE à Phnom Penh, pour accueillir près de 250 étudiants de plus de 16 ans dont les familles habitent trop loin ou qui n’ont pas la possibilité d’étudier chez eux.

Enfin, pour les familles vivant dans des conditions très dégradées d’hygiène et de logement, PSE a mis en place un programme de relogement afin d’offrir aux enfants un environnement décent pour étudier sereinement. D’autres actions — aide financière ou de relogement d’urgence sur des terrains loués — sont menées pour les familles victimes de sinistres (incendies, inondations, etc.).

Nourrir et soigner

PSE sert près de 6 000 repas quotidiens aux enfants qu’elle accompagne, y compris aux enfants scolarisés dans les écoles publiques. Les équipes en charge du programme veillent à l’équilibre nutritionnel des repas des enfants tout en utilisant des produits frais et de saison.

À Phnom Penh, une équipe médicale pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, dentistes, psychologues, puéricultrices, kinésithérapeutes) assure les premiers soins, les visites médicales, les vaccinations, l’éducation à la santé et à l’hygiène, etc. Pour tout cela, PSE dispose à Phnom Penh d’une infirmerie, d’un cabinet dentaire, mais aussi d’une infirmerie dans 4 écoles publiques et de 3 bus-infirmeries qui tournent dans les écoles et dans les villages.

Et puis, un centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) accompagne les femmes enceintes (suivi de grossesse, aide au planning familial), prend en charge au centre de nutrition les tout-petits en situation de sous-nutrition, fournit du lait aux mamans qui n’en ont pas et assure l’éducation à l’hygiène, à l’utilisation des biberons et à la nutrition des petits.

Soutenir les familles

Dès le début, Christian et Marie-France des Pallières se sont aperçus qu’un enfant scolarisé représentait un manque à gagner important pour sa famille, qui ne bénéficiait plus des maigres revenus générés par la revente des déchets.

C’est pourquoi une compensation en riz a rapidement été mise en place.

Plusieurs programmes se sont ensuite développés, proposant aux parents des soutiens d’urgence (soins médicaux, relogement, emplois sociaux) ou des formations courtes afin d’améliorer la qualité de vie de ces familles.

Une distribution de riz hebdomadaire

Les familles les plus pauvres, identifiées par l’équipe sociale, bénéficient chaque semaine d’une compensation en riz. L’association distribue ainsi plus de 7 tonnes de riz dans son centre de Phnom Penh tous les vendredis.

Des centres de services communautaires Pour être au plus près des enfants et de leurs familles, et les accompagner sur leur lieu de vie, 6 paillotes (ou Centre de services communautaires) ont été créées, 5 à Phnom Penh et 1 dans la région de Sihanoukville, au cœur des quartiers et des villages. Elles accueillent plus de 500 enfants en moyenne par jour.

Une distribution de riz hebdomadaire
Une distribution de riz hebdomadaire. Photographie fournie

Les enfants de 6 à 12 ans qui le souhaitent bénéficient d’une aide pour faire leurs devoirs. Pour permettre aux parents d’aller travailler, les paillotes proposent des garderies pour les plus petits (3 à 6 ans) et un accueil périscolaire avec aide aux devoirs pour les plus grands, avant ou après l’école (par demi-journées au Cambodge). Au-dessous de 2 ans, les enfants sont confiés à des assistantes maternelles qui les gardent chez elles, à la journée.

Les parents y sont également accueillis lors de réunions organisées sur des thèmes éducatifs et sociaux : rôle des parents, hygiène, droits des enfants et des femmes, etc.

Un programme d’amélioration des conditions de vie des familles par l’emploi

Suite à des « coups du sort » (maladie, inondation, incendie, expropriation, perte d’un emploi ou d’une source de revenus…), certaines familles se retrouvent dans des situations absolument critiques, mettant en péril la scolarisation des enfants. Pour apporter une aide d’urgence à ces familles, l’équipe sociale cherche des solutions au cas par cas (petit travail rémunéré par PSE pendant quelques mois par exemple).

Les équipes sociales de PSE ont alors le temps de trouver, avec ces familles, une solution de long terme (programme de formation, emploi à l’extérieur, relogement, soins médicaux…).

Créé en 2011 par l’association, le programme FLIP (Family Livelihood Improvement Program) vise à aider les parents des enfants soutenus par PSE à augmenter leurs revenus, afin d’améliorer leurs conditions de vie et d’éviter le travail des enfants et/ou l’abandon scolaire. Chaque année, une centaine d’adultes suivent ainsi une formation courte (3 à 6 mois) en cuisine, couture, nettoyage ou soins de beauté. Ils bénéficient également de soutien pour chercher et se maintenir en emploi. Depuis 2018, FLIP a ouvert ses formations aux jeunes adultes en très grande difficulté, qui ne peuvent et/ou ne souhaitent pas suivre une formation plus poussée au sein de l’Institut PSE, afin qu’ils puissent eux aussi gagner leur vie décemment.

Dans la continuité de cette action, l’atelier de couture de PSE situé près du Centre PSE de Phnom Penh, emploie environ 30 femmes dont, pour certaines, les enfants sont soutenus par PSE. Cela leur garantit une rémunération « juste » (au-dessus de la moyenne du secteur) et de bonnes conditions de travail. L’atelier produit les uniformes des enfants ainsi que l’artisanat vendu dans la boutique PSE à Phnom Penh. Plusieurs entreprises de Phnom Penh (banques, institutions, etc.) ont déjà confié à cet atelier la confection des uniformes de leur personnel.

Une équipe sociale au cœur de l’action

PSE prend en charge tous les enfants d’une même fratrie. L’équipe sociale a pour mission de trouver toutes les solutions possibles pour que les enfants puissent être scolarisés dans de bonnes conditions. Même en l’absence de problèmes particuliers, chaque assistant social fait le point, au moins deux fois par an, avec chacune des familles dont il a la charge.

Depuis 2007, une cellule psychologique sensibilise également le personnel de PSE à la compréhension des difficultés des jeunes et assure le suivi thérapeutique de ceux qui en ont le plus besoin. Elle intervient également dans le suivi des enfants déficients de la Section d’Enseignement Adapté.

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