Cambodge & Nature : Les captures répétées de silures géants marquent une nouvelle ère dans la conservation des espèces

La capture récente de plusieurs poissons-chats géants du Mékong, l'un des poissons d'eau douce les plus grands et les plus rares au monde, marque un tournant important dans les efforts de conservation.

Dans un événement remarquable et sans précédent, six de ces poissons en danger critique d'extinction ont été capturés et relâchés au Cambodge en l'espace de quelques jours seulement

Ces captures prouvent que des décennies de travail de conservation et d'engagement communautaire portent leurs fruits, offrant un nouvel espoir pour la survie d'une espèce qui est devenue de plus en plus rare dans une grande partie de son habitat d'origine.

Comme l'indique un communiqué de presse commun, le poisson-chat géant du Mékong, l'un des plus grands poissons d'eau douce au monde, peut atteindre près de trois mètres de long et peser jusqu'à 300 kilogrammes. Il est rare de rencontrer ne serait-ce qu'un seul de ces poissons, et encore moins six en un court laps de temps. Il s'agit d'un événement unique dans l'histoire de leur protection. Cette réussite remarquable souligne l'efficacité d'une initiative de collaboration entre l'Institut de recherche et de développement des pêches intérieures de l'administration cambodgienne des pêches, les communautés de pêcheurs locales et le projet « Merveilles du Mékong », financé par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

La série a débuté le 6 décembre, lorsque deux poissons-chats géants du Mékong ont été capturés accidentellement sur la rivière Tonlé Sap, dans les environs de Phnom Penh, puis marqués et remis à l'eau. Les jours suivants, quatre autres silures géants ont été capturés et relâchés à différents endroits le long du Mékong et du Tonlé Sap. Au cours de chaque événement, des données détaillées ont été collectées. Les quatre poissons comprenaient deux individus de taille considérable, pesant 120 et 131 kilogrammes et mesurant plus de deux mètres de long. Chaque poisson a été équipé d'une étiquette d'identification pour faciliter le suivi et les recherches sur le long terme.

Ce succès souligne le rôle essentiel joué par les communautés locales dans le domaine de la conservation. Après des années de sensibilisation et d'éducation par les chercheurs et les responsables de la pêche, les pêcheurs ont pris conscience de l'importance de signaler les prises d'espèces rares et menacées.

« Les pêcheurs contactent désormais l'administration cambodgienne des pêches lorsqu'ils capturent accidentellement un poisson rare, car ils ont été sensibilisés à l'importance de la protection de ces espèces extraordinaires. Leur coopération est vitale pour le succès de nos efforts de recherche et de conservation », a déclaré le Dr Heng Kong, directeur de l'Institut cambodgien de recherche et de développement des pêches intérieures.

Les pêcheurs qui ont participé à ces remises à l'eau ont exprimé un mélange de crainte et de fierté. M. Ly Sary, dont la famille pêche le long du Mékong depuis trois générations, a décrit l'expérience comme étant à la fois « choquante et joyeuse », et a fait remarquer que le poisson-chat géant était un poisson très rare. Il espère que tous les pêcheurs participeront à la conservation de cette espèce.

Au cours des 25 dernières années, une centaine d'individus ont été marqués et relâchés dans le cadre d'un programme commun de conservation.

Ce travail a permis d'obtenir des informations cruciales sur les schémas de migration, les habitats et la santé de la population de ces créatures, dotant les chercheurs des connaissances nécessaires pour assurer la protection continue de ces géants et de leur écosystème. On a pu observer que les poissons migraient des habitats de plaine inondable situés à proximité du lac Tonlé Sap, au Cambodge, vers le nord, le long du Mékong, avec pour destination probable les frayères du nord du Cambodge, du Laos et de la Thaïlande.

Zeb Hogan, chercheur biologiste à l'université du Nevada, à Reno, qui dirige le projet Wonders of the Mekong, a souligné l'importance de ces résultats.

« Ces observations offrent non seulement une rare opportunité d'observer l'un des poissons les plus insaisissables au monde, mais fournissent également des données essentielles pour comprendre et protéger les couloirs de migration et les frayères indispensables à leur survie. »

Le poisson-chat géant du Mékong n'est pas seulement une espèce menacée ; il sert d'indicateur vital de la santé du fleuve Mékong, qui compte parmi les voies d'eau les plus riches en biodiversité et les plus importantes sur le plan économique. Le Mékong abrite des pêcheries d'une valeur annuelle de 10 milliards de dollars, qui fournissent de la nourriture, des moyens de subsistance et une signification culturelle à des dizaines de millions de personnes. La survie du poisson-chat géant est inextricablement liée à la santé écologique du fleuve, ce qui souligne la nécessité urgente de protéger sa libre circulation.

Les chercheurs soulignent que la survie du poisson-chat géant du Mékong dépend de la poursuite des efforts de conservation et de la protection de son habitat. Ces événements récents permettent à la fois de célébrer les progrès accomplis et de lancer un appel à l'action.

M. Thach Phanara, un fonctionnaire de l'administration cambodgienne des pêches qui a aidé à marquer et à relâcher la majorité des poissons-chats géants au fil des ans, déclare que le poisson-chat géant du Mékong est plus qu'un poisson ; il fait partie de l'héritage de la région. Il affirme en outre que protéger ce poisson, c'est protéger le fleuve et tout ce qu'il apporte.