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Cambodge & Mékong : Quand le fleuve nourricier devient de plus en plus imprévisible

Un rapport récent de la Commission du fleuve Mékong indique que la saison des pluies au Cambodge pourrait arriver plusieurs semaines avant son rythme habituel — un changement qui, selon les experts, pourrait avoir de sombres implications.

Le Mékong au Cambodge
Le Mékong au Cambodge

La Commission du fleuve Mékong — Mekong River Commission (MRC) a rapporté cette semaine que les niveaux d’eau du fleuve Mékong ont commencé à augmenter légèrement, ce qui suggère que la saison des pluies arrivera tôt en mai 2021.

« Les niveaux d’eau dans certaines sections du Mékong ont légèrement augmenté au cours des sept derniers jours », a annoncé le Secrétariat de la MRC.

Le rapport fait suite aux inquiétudes du début du mois alors que les niveaux d’eau du Mékong étaient sensiblement inférieurs à la moyenne. À l’époque, la MRC avait également relevé que le Mékong avait changé de couleur, prenant une teinte bleu vert en raison des faibles précipitations, des changements de débit en amont et des opérations hydroélectriques sur les affluents du fleuve, ainsi que des restrictions de débit au barrage de Jinghong dans la province du Yunnan en Chine. Les données pluviométriques mensuelles fournies par la MRC ont indiqué que, depuis novembre 2020, les précipitations sont restées constamment inférieures de 10 à 25 % à la moyenne.

Ham Oudam, consultant indépendant
Ham Oudam, consultant indépendant

Ham Oudam, consultant indépendant sur la gouvernance des ressources naturelles et la gestion environnementale, rapporte que le caractère du plus en plus imprévisible du fleuve est principalement dû aux barrages hydroélectriques exploités dans les pays en amont :

« L’uniformité naturelle du fleuve Mékong devient encore plus imprévisible, en particulier lorsque les barrages hydroélectriques en amont en Chine et au Laos sont dans leurs opérations normales »,

Il souligne également que le système naturel du fleuve vieux de plusieurs siècles se trouve aujourd’hui compromis à l’ère des technologies modernes. Tout changement dans le système du Mékong, avertit Oudam, est susceptible de créer certains impacts pour le système écologique — en particulier dans le secteur agricole du Cambodge.

Pêche sur le Mékong
Pêche sur le Mékong

Alors que la MRC confirme que le ministère chinois des Ressources en eau coopère pour fournir plus d’informations, ledit ministère n’accepte que de partager des données sur les niveaux et pas sur les rejets d’eau.

Une « saison sèche plus humide » en 2021

La MRC prédit également que la saison des pluies arrivera plus tôt au Cambodge :

« La saison sèche de cette année sera plus humide qu’en 2019 et 2020 et la saison des pluies devrait débuter début mai », indique le communiqué. Toutefois, on ne sait toujours pas si le Cambodge peut s’attendre aux mêmes événements météorologiques extrêmes de l’année dernière avec une grave sécheresse liée à une mousson tardive. Plus de 130 000 hectares de rizières avaient été touchés, notamment dans les provinces de Battambang et Banteay Meanchey.

Oudam a fait part de ses inquiétudes quant aux changements météorologiques, notant que l’arrivée précoce de la saison des pluies met en évidence la nature de plus en plus erratique de l’environnement du Cambodge.

Pêche sur le Mékong
Pêche sur le Mékong

Cela, explique-t-il, crée plus de difficultés pour les agriculteurs et les pêcheurs. Beaucoup dépendent encore des prévisions météorologiques traditionnelles basées sur la cohérence entre le débit naturel des rivières et les régimes de précipitations tombant dans les bassins hydrographiques. L’expert ajoute que :

« Ces changements de conditions météorologiques et l’écoulement naturel de l’eau exerceront une pression accrue sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire dans toute la région »

Pour Oudam, ces changements constituent une menace pour la sécurité alimentaire et pourraient déclencher des problèmes régionaux de malnutrition, d’itinérance et de migration.

« Le temps a tendance à changer rapidement et il est difficile pour les décideurs politiques d’élaborer un plan solide et de gouverner efficacement - non seulement en ce qui concerne l’eau, mais pour un large éventail d’activités de développement et de conservation associées à l’écosystème du Mékong », explique Oudam.

Par Sao Phal Niseiy — Cambodianess & C.Gargiulo. Illustrations Jean-Marc Astesana

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