Âgé de 40 ans, Julien Nguyen a démarré sa carrière en France. À 22 ans, après son BTS action commerciale, il s’associe avec un ami dans le but d’organiser des soirées étudiantes. À eux deux, ils représentaient la plus grosse agence événementielle étudiante de la capitale. Julien y travaillera pendant 10 ans. Rêvant depuis longtemps de voyager en Asie, il est venu s’installer au Cambodge il y a 8 ans. C’est dans la capitale du pays des temples d’Angkor qu’il créera la marque Delishop Asie.
Un projet novateur
Lorsqu’il est arrivé sur Phnom Penh, ce genre de service n’existait pas : « C’est une commodité que j’utilisais beaucoup en France ; étant donné que je passais mes journées et mes nuits à travailler, je n’avais pas forcément envie d’occuper le reste de mon temps libre à errer dans les grandes surfaces et les magasins. L’absence de livraison au Cambodge m’a d’autant plus surpris étant donné la faible présence d’ascenseur dans les immeubles. L’idée m’est venue en bas de mes escaliers ; je portais comme à mon habitude mon pack d’eau jusqu’au 4e étage et je me questionnais sur cette absence de service. Cette idée germant, j’ai commencé à me pencher sur le design de la page, j’ai pris contact avec les différents fournisseurs et j’ai sollicité une personne pour créer le site internet. J’ai alors démarché les entreprises, ce qui a été un peu compliqué, car je n’existais pas sur le marché et celles-ci ne voulaient pas me donner leurs listes de produits ; il fallait que je fasse mes preuves. Une fois le projet lancé, avec une base de 500 articles, notre fort potentiel a été reconnu et tout le monde souhaitait voir son nom sur nos bannières. »
« Dès le début, nous avons tout misé sur le service »
Le créateur poursuit : « Avec un service après-vente en khmer, français et anglais, nous offrons des solutions alternatives en cas de ruptures. Nous travaillons avec plus de 60 fournisseurs maintenant, nous en sommes arrivés à filtrer la demande, car nous souhaitons garantir une certaine qualité et ne pas encombrer le site et conserver une bonne logistique. Nous disposons de toutes sortes de produits ; des légumes, de la viande, des produits d’entretien et même des marchandises importées. Nous avons référencé 11 000 articles sur le site et nous proposons le plus gros des assortiments de la capitale. »
L’expérience utilisateur
Lorsque nous lui posons la question sur les avantages que procurent le service de sa société, Julien affirme que : « Au vu du trafic grandissant, pour de simples courses à travers la ville après le travail, le consommateur perd une heure dans les transports. Sur Delishop, on retrouve tous les magasins et la livraison s’effectue à l’heure que choisit le client ; ce qui représente un gain de temps et d’argent considérable. Chez nous, la commande minimum est de 10$, les frais de livraison coûtent 1$, moins cher qu’une course en tuktuk et sont gratuits à partir de 50$. »
« Nos collaborateurs sont formés, ils parlent tous anglais et délivrent sur le palier ; ils suivent le protocole sanitaire mis en place avec la pandémie, ils portent des masques et disposent de gel hydroalcoolique. »
Aurèle Barbançon, jeune directeur général chez Delishop Asie, observe une expansion rapide de l’industrie en ligne au Cambodge : « Les consommateurs commencent à réserver de plus en plus en ligne, mais nous sommes encore loin de résider sur un marché mature. Pour cette raison, il y a une opportunité de croissance et en même temps de nombreux défis à surmonter, car la structure n’est pas complètement en vigueur ; beaucoup de gens paient toujours en espèces, plusieurs partenaires manquent à l’appel sur le réseau. Si les locaux s’habituent maintenant à utiliser des applications de livraison de nourriture ou de transport, Delishop reste un nouveau concept, la commande d’épicerie en ligne demeure inédite. »
« Aujourd’hui est un moment crucial, un tournant pour Delishop. Nous avons de nombreuses opportunités et possibilités qui nous attendent, avec autant de défis à surmonter, rendant tout ce voyage passionnant. »
Il ajoute : « En plus de cela, ce que j’aime vraiment chez Delishop, c’est la visibilité qu’il donne aux petits producteurs au Cambodge. Bien que je convienne qu’il est très pratique d’aller se réapprovisionner dans un seul lieu lorsque l’on est occupé, je ne suis pas vraiment friand des grands supermarchés ou l’expérience d’achat demeure sans âme ; vous ne savez pas vraiment d’où viennent les produits et qui profite de l’argent que vous dépensez. Vous ne pouvez pas récompenser une bonne qualité et un service avec fidélité. Chez Delishop, nous mettons un accent particulier sur nos fournisseurs : boucherie locale, boulangerie, glaciers, etc. Le site héberge leurs noms et les gens peuvent choisir leurs favoris. »
Le métier de livreur est loin d’être évident, Julien et Aurèle prennent soin de leurs employés : « Ils sont salariés et jouissent d’un revenu fixe, contrairement à certaines entreprises ou le coursier est payé en fonction de l’activation de l’application. Ils disposent de bonus selon des résultats. Avec un panier moyen qui tourne aux alentours de 80 $, nos clients donnent toujours des pourboires, un bon complément pour eux, ceux-ci pouvant monter jusqu’à 10 $ en une livraison. En raison de la tâche ardue, ils le méritent. »
Les mots d’un livreur
Phynon Thorng à 27 ans, il vient de la province de Kampong Tom et s’est installé à Phnom Penh pour y officier en tant que collecteur/livreur au sein de l’enseigne Delishop. Après 2 ans de service, il supervise le travail de ses collègues : « Mes journées sont animées, car nous avons beaucoup de demandes et de responsabilités pour satisfaire les clients. Premièrement, je dois contrôler les stocks que nous possédons dans nos locaux et commencer à préparer les commandes. Ensuite, je pars chez nos fournisseurs pour récupérer les autres produits manquants à la liste. Une fois rentré, je vérifie que chaque panier correspond au bon de commande avec des articles de qualité ; tout doit être irréprochable pour les utilisateurs » être Livreur dans les rues de la capitale n’est pas un travail sans risque au vu du trafic très dense : « Je suis lucide sur les dangers qui nous entourent, mais j’ai confiance en chacun de nous. Nous connaissons parfaitement notre environnement et respectons le Code de la route ; nous restons prudents et faisons très attention aux comportements des autres usagers de la voie urbaine. »
« Pour moi, Delishop représente une famille, tout le monde s’entraide et travaille dans la bonne humeur »
Très enrichissante, son expérience chez Delishop nourrit ses ambitions : « Plus tard, j’aimerais m’orienter vers l’entrepreneuriat et développer mon propre commerce »
Nouvelles perspectives
Pour conclure, le créateur reste optimiste en ce qui concerne l’avenir de la marque : « En constante expansion, Delishop cherche à prodiguer une meilleure expérience aux utilisateurs ; nous aspirons faciliter les commandes, raccourcir les délais de livraison et bien sûr réduire les tarifs. Nous travaillons actuellement sur la conception d’une application et prévoyons également d’élargir notre gamme de produits en intégrant de nouveaux fournisseurs comme de l’électroménager. »
Comments