top of page
Ancre 1
Photo du rédacteurChroniqueur

Cambodge & Contes et Légendes : Keng Kang ou l’histoire de l’apparition des serpents

Il était une fois, dans un petit village du Royaume, une famille de paysans. Le mari s’appelait « Chao Mea Nop », sa femme « Neang Ny » et leur fille unique, « Neang Eth ».

Cobra. Photo Luca Boldrini (cc)
Cobra. Photo Luca Boldrini (cc)

Le mari était un petit commerçant qui voyageait beaucoup pour vendre des bijoux fantaisie. Il partait de longues semaines, des mois, quelquefois toute une année, laissant seules son épouse et sa fille.

Une fois, comme la nuit tombait, Neang Ny et Neanh Eth se sauvèrent de la clairière et rentrèrent vite au village dans leur maison. Mais se retrouvant seule sans son mari, l'épouse eut peur du serpent, et demanda à sa fille de retourner le chercher à la clairière.

Neang Eth écouta sa mère et retourna à la clairière. Arrivée au bord du trou, elle se pencha pour l’appeler : « Oh Keng Kang, serpent es tu là ? Neang Ny t’appelle à sa maison ! »

Le serpent entendit et sortit du trou pour suivre Neang Eth jusqu’au village. Il rentra à la maison et resta avec Neang Ny jusqu’a l’aube avant de repartir vers son trou. Il fit cela toutes les nuits.

Un jour, le mari revint vers son village, content de rentrer chez lui. Arrivant à la maison il vit que sa femme était enceinte, mais il ne dit rien. Attendant que Neang Ny s’éloignât, il appela sa fille et lui demanda de raconter tout ce qui s’était passé en son absence. Neang Eth raconta à son père tous les événements ainsi que l’histoire du serpent. Le mari très en colère se décida à préparer sa vengeance. Lorsque sa femme rentra à la maison, il lui dit : 

« pendant toute mon absence, tu es resté à la maison et tu n’as pas pu aller voir tes parents, mais maintenant que je suis rentré, tu peux aller leur rendre visite pour quelques jours ».

Neang Ny, ignorant le plan de son mari prépara ses bagages et partit seule rendre visite à ses parents. Le soir venu, le mari envoya sa fille chercher le serpent dans son trou, et celui-ci la suivit comme à l’habitude jusqu’à la maison sans méfiance.

Chao Mea nop, caché derrière la porte attendait Keng Kang. Lorsque celui-ci entra, le mari le coupa en trois morceaux avec une épée. Il prit alors sa tête qu’il accrocha sur le toit de la maison, et sa queue sur un arbre. Il conserva le corps pour préparer un plat en sauce qu’il servit à sa femme le jour ou elle rentra de son voyage.

Neang Ny, toute contente de l’attention que son mari lui portait dégusta ce plat. Mais soudain, un corbeau qui s’était perché sur l’arbre, appela Neang Ny et lui dit : 

« Neang Ny tu es en train de manger ton amant, regarde sur le toit de ta maison, tu verras sa tête et dans mon arbre tu verras sa queue ! »

Le corbeau chanta son message plusieurs fois et Neang Ny l’entendit. Elle leva les yeux et vit la tête de son amant puis sa queue dans l’arbre et eut les larmes qui lui coulèrent des yeux. Chao Mea Nop, voyant pleurer sa femme lui demanda : 

« Mais que se passe-t-il, pourquoi pleures-tu comme ça ? »

Neang Ny répondit : « Le plat de viande est bon et bien piquant et ça me rappelle les plats de mes parents alors je pense à eux et je pleure ». Le mari cacha sa colère et dit calmement à sa femme : « Oh je comprends ; tu sais, j’aimerais bien aller avec toi à la rivière, tu vas accoucher dans peu de temps et après tu ne pourras plus aller te promener ou te baigner, il serait mieux de le faire maintenant. »

Neang Ny ne dit rien et baissa les yeux.

Le lendemain matin Chao Mea Nop et sa femme partirent seuls à la rivière. Ils arrivèrent au bord de la rivière et Neang Ny commença à se changer pour se baigner, alors son mari sortit son épée et ouvrit le ventre de sa femme. Neang Ny tomba sur le sol et mourut aussitôt, mais dans le même temps, des centaines de petits serpents s’échappaient de son ventre.

Chao Mea Nop tenta de les tuer en les coupant en morceaux, mais ils étaient trop nombreux. Et aussi bien trop petits. Il ne put en tuer que quelques-uns. Beaucoup purent se sauver vers la forêt ou vers la rivière. Ceux-ci devinrent des « serpents d’eau » et les autres « des serpents de terre ». C’est pour ça qu’on trouve aujourd’hui autant de sortes de serpents sur la terre !

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page