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Cambodge & Archive : Chroniques de Barang, géopolitique rudimentaire développés par un belge

Proposées par le regretté Thierry Descamps, Belge auparavant installé au Cambodge, et qui se définissait comme un « néo-expat »...quelques chroniques des petits aléas de la vie d’un expatrié débarquant dans le royaume.

Thierry Descamps
Le regretté Thierry Descamps

C’est bien vu, exprimé comme un candide, sans prétention et probablement utile pour ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur l’expatriation au Cambodge. Aujourd’hui, une chronique plus sérieuse :

Si, avec ça, je ne bénéficie pas de l’indulgence du jury… Je partage un avis (controversé) selon lequel un étranger n’a pas à se mêler de la politique intérieure du pays qui l’accueille.

Après tout, nous admettons mal (souvent à juste titre) les critiques émanant de l’extérieur sur notre façon de mener nos affaires intérieures. Il n’empêche qu’on n’est pas obligés de mourir idiot. Petit précepte de base pour éviter de froisser les susceptibilités des uns et des autres si des amis vous demandent votre avis en privé :

  1. Faire semblant qu’on n’a pas compris la question

  2. Si la demande se fait pressante, prendre un air absorbé en disant : « c’est compliqué »

  3. Pour ne pas avoir l’air complètement demeuré, en rester aux généralités connues en s’en tenant à une stricte objectivité.

Donc… il est douloureux de constater que le Sud-est asiatique, malgré les souffrances endurées par ses populations au cours de guerres interminables, reste un foyer de tensions alors que la péninsule indochinoise n’a que peu d’intérêt stratégique et très peu de ressources géologiques ou minières (à part peut­-être les hydrocarbures en mer de Chine).

Pour ce qui concerne plus spécifiquement le Cambodge, on peut mettre au crédit de Samdech Hun Sen un développement économique exponentiel (même si la répartition des richesses issues du développement donne lieu à controverse), un apaisement diplomatique incontestable avec la Thaïlande sur le contentieux séculaire de Preah Vihear, des tentatives sérieuses et volontaristes de réformer l’administration et des avancées (certes timides) en matière de sécurité sociale.

À son crédit également le fait d’avoir volontairement laissé patauger, sans le cacher, le procès « Khmer rouge » dont personne ne veut (ou ne semble vouloir) au Cambodge. Sur ce point, il semble que le procès de deux vieillards pour crimes contre l’humanité, à l’initiative des vaincus d’hier (curieux retournement du principe intangible de la « justice des vainqueurs ») sans les initiatives desquels les accusés d’aujourd’hui n’auraient même pas pu exister politiquement n’ait guère de sens.

Ou alors il faudrait traîner le chevrotant « dear Henry Kissinger » devant le tribunal pénal international. Mais faut pas pousser…

En fait, dans un contexte pour le moins compliqué où les Américains se rapprochent des Vietnamiens pour « emmerder » les Chinois qui étaient leurs anciens partenaires contre les Soviétiques qui soutenaient militairement les « bo­doïs » et cela tout en ne tournant pas le dos aux Russes qui viennent dépenser massivement leurs roubles à Kompong Som, le Premier ministre khmer n’a d’autre recours que de jouer à l’équilibriste comme y avait été contraint (avec un talent certain) Norodom Sihanouk. D’où les secousses prévisibles de l’ASEAN et quelques menues complications en mer de Chine ou le président Duterte des Philippines peut se permettre de traiter son homologue américain de « f… de p… » (certes en tagalog, mais quand même…) vu que les USA ne peuvent pas se passer de Subic Bay et que les Philippines ne sont pas exactement Grenade où on peut envoyer la flotte sans risque majeur de conflit.

Par ailleurs, la vieille rivalité Vietnam/Cambodge ne date pas d’hier. Pour ceux qui comme moi ne connaissaient pas grand-chose à l’histoire de ce pays il est judicieux de rappeler quelques réalités historiques qui servent toujours, quoi qu’on en dise, à la compréhension de la méfiance réciproque. Historiquement (si l’histoire a un sens et si on ne la manipule pas trop), toute la région du delta du Mékong appartenait au Cambodge.

Des mercenaires chinois mandatés par l’empereur d’Annam se sont emparés des basses régions à la grande satisfaction de la Cour de Hué. Les Khmers n’ont toujours pas digéré cette annexion et elle fut d’ailleurs à la source de la tension grandissante entre les « pays frères » sous les Khmers rouges qui multipliaient les incursions chez le voisin avant que celui-ci n’en prenne sérieusement ombrage en 1979 (même si ledit voisin faisait pareil de son côté en rognant sur le territoire khmer plus au nord).

D’où des interrogations qui peuvent paraître hors de propos : « On m’a dit qu’ils allaient nous envahir de nouveau… ». J’ai découvert par exemple que l’île connue sous le nom de Phu Quoc, occupée brièvement par les KR, est appelée Koh Tral par les Khmers qui ont beaucoup de mal à admettre que leur revendication territoriale soit un songe. Pour le Premier ministre, ça relève de la gageure voire du tour de force d’éviter un contentieux avec ses alliés d’hier tout en se conciliant les Chinois sans énerver tout le monde. Bref, c’est très compliqué. La prochaine fois je vous entretiendrai de la culture des orchidées en milieu acide…

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