La Banque mondiale (BM) avertit que le contrôle des prix et les aides pourraient se retourner contre l’économie du Royaume et la croissance.
La Banque mondiale a exhorté mardi les économies en développement à éviter les solutions économiques à court terme pour contenir la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie :
« Alors que les pays de la région cherchent à protéger les ménages et les entreprises de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, les mesures politiques actuelles apportent un soulagement bien nécessaire, mais ajoutent aux distorsions politiques existantes », indique le communiqué de la BM, ajoutant :
« Les contrôles des prix des denrées alimentaires et les subventions à l’énergie profitent aux riches et détournent les dépenses publiques des infrastructures, de la santé et de l’éducation.
« L’abstention réglementaire persistante visant à faciliter l’octroi de prêts pendant la pandémie, peut piéger les ressources dans les entreprises défaillantes et détourner les capitaux des secteurs ou des entreprises les plus dynamiques. »
Compromis difficile
Aaditya Mattoo, économiste en chef de la BM pour la région Asie-Pacifique, a déclaré que les décideurs politiques étaient confrontés à un « compromis difficile » entre la lutte contre l’inflation et le soutien à la reprise économique.
« Les contrôles et les subventions brouillent les signaux de prix et nuisent à la productivité. De meilleures politiques en matière d’alimentation, de carburant et de finance permettraient de stimuler la croissance et de se prémunir contre l’inflation », dit-il.
La banque souligne que des mesures plus efficaces, comme les transferts de revenus, pourraient soulager et même stimuler la croissance si elles étaient associées à des réformes des distorsions politiques de longue date :
« Le soutien par le biais de transferts de revenus est préférable à la réglementation des prix, car il ne fausse pas les choix et peut être ciblé sur ceux qui en ont le plus besoin. »
« Dans le domaine de l’alimentation, les gouvernements doivent passer d’une sécurité alimentaire centrée sur le riz à une sécurité nutritionnelle en réduisant les subventions et les barrières commerciales qui favorisent le riz, encourageant ainsi la production diversifiée d’aliments nutritifs.
« Dans le domaine des carburants, les réponses politiques devraient contribuer à répondre aux besoins immédiats en énergie abordable sans compromettre la sécurité énergétique et la durabilité. Encourager les investissements dans les énergies renouvelables pourrait réduire l’exposition à la volatilité des prix des combustibles fossiles et aider à respecter les engagements de réduction des émissions. »
Selon le rapport, les réformes plus profondes — dans les industries de services, par exemple — pourraient également contribuer à compenser l’impact des chocs récents,
Dans le même temps, la Banque mondiale prévient que les dépréciations monétaires dans la région pourraient aggraver le fardeau de la dette des pays :
« La hausse de l’inflation à l’étranger a provoqué des augmentations de taux d’intérêt, qui ont à leur tour provoqué des sorties de capitaux et des dépréciations de devises dans certains pays d’Asie de l’Est et du Pacifique ».
« Ces évolutions ont alourdi le fardeau du service de la dette et réduit la marge de manœuvre budgétaire, ce qui a nui aux pays qui sont entrés dans la pandémie avec une dette élevée. »
Ralentissement mondial et perspectives régionales
Dans sa dernière mise à jour économique publiée lundi soir, la BM prévoit que la croissance dans les pays en développement d’Asie de l’Est et du Pacifique, hors Chine, fera plus que doubler, passant de 2,6 % l’an dernier à 5,3 % cette année.
Dans le cadre des mesures rigoureuses de confinement du COVID-19, la croissance en Chine — qui représente 86 % de l’activité économique de la région — devrait ralentir de 8,1 % l’an dernier à 2,8 % cette année :
« La croissance dans la plupart des pays d’Asie de l’Est et du Pacifique a été stimulée par la reprise de la demande intérieure, rendue possible par l’assouplissement des restrictions liées au COVID, et par la croissance des exportations », annonce la banque.
Mais « le ralentissement économique mondial commence à freiner la demande pour les exportations de produits de base et de produits manufacturés de la région ».
Manuela Ferro, vice-présidente de la banque pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, note que des redémarrages sont en cours dans la plupart des économies de la région.
« Alors qu’ils se préparent au ralentissement de la croissance mondiale, les pays devraient s’attaquer aux distorsions des politiques intérieures qui constituent un obstacle au développement à long terme », dit-il.
Cambodge et ASEAN
Pour le Cambodge, la banque a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour cette année, de 4,5 % en avril à 4,8 %. Cette prévision révisée est supérieure aux dernières projections pour la Thaïlande (3,1 %), le Myanmar (3 %) et le Laos (2,5 %), mais inférieure à celles du Vietnam (7,2 %), des Philippines (6,5 %), de la Malaisie (6,4 %) et de l’Indonésie (5,1 %).
Avec une croissance de 5,2 % prévue pour l’année prochaine, le Cambodge devrait connaître la croissance la plus rapide des sept pays en développement de la région après le Viêt Nam (6,7 %) et les Philippines (5,2 %).
Une croissance plus lente est prévue pour l’Indonésie (5,1 %), la Malaisie (4,2 %), la Thaïlande (4,1 %) et le Laos (3,8 %). Les prévisions pour le Myanmar pour l’année prochaine n’étaient pas disponibles.
Pour toutes les économies en développement d’Asie de l’Est et du Pacifique, y compris la Chine, la banque prévoit une croissance de 3,2 % cette année et de 4,6 % l’année prochaine.
Elle souligne toutefois le risque que les récents chocs sur les prix et les taux d’intérêt réduisent la croissance régionale de 0,4 point.
« Des instruments inefficaces atténueront l’impact sur le bien-être actuel, mais amplifieront le coût de la croissance », avertit la banque.
Source : BM
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