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Cambodge & Architecture : Virak, « il faut des constructions sans empreinte carbone »

Dans le but de promouvoir l’architecture cambodgienne, le jeune Cambodgien Virak Ellis-Roeun a co-fondé Nimmabanakam, un site Web qui vise à partager les connaissances sur les aspects techniques de l’architecture cambodgienne et aussi à plaider pour une construction plus neutre en carbone au Cambodge.

Sao Phal Niseiy l’a rencontré :

Virak Ellis-Roeun a obtenu une maîtrise en architecture, à la fois en histoire et en théorie, de l’Université de Westminster
Virak Ellis-Roeun a obtenu deux maîtrises en architecture de l’Université de Westminster

Sao Phal Niseiy : Vous avez co-fondé le site Web Nimmabanakam, pourquoi avoir choisi ce nom ?

Il existe deux traductions possibles pour le mot architecture en langue khmère. L’un est un terme commun, l’autre est le nom de notre projet ; Nimmabanakam. L’explication de ce terme donnée dans le dictionnaire cambodgien est plus proche de ma conception personnelle de l’architecture : « créer virtuellement les objets désirés ».

Sao Phal Niseiy : Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler sur ce projet ? Que souhaitez-vous accomplir ?

Je veux fournir ce qui manquait lorsque j’étais étudiant de premier cycle. Mon école était démodée et se concentrait presque exclusivement sur les aspects techniques de l’architecture. À cette époque, j’ai tenté de travailler sur un projet similaire, mais c’était un peu compliqué de « théoriser l’architecture » par l’écriture.

C’est lorsque j’ai reçu la bourse Chevening pour mener mes études de troisième cycle à Londres que j’ai pris conscience que l’écriture a toujours été une partie importante des discours architecturaux et du développement. Par exemple l’ouvrage « L’Esprit Nouveau » de Le Corbusier a partiellement contribué aux travaux du mouvement de l’architecture moderne.

Personnellement, j’envisage que cela devienne une plate-forme architecturale alternative pour les étudiants cambodgiens qui éprouvent la même frustration que moi. Cela les exposera à de nombreux aspects différents de l’architecture. Cette exposition leur permettra de bien de s’inspirer pour choisir la voie sur laquelle ils souhaitent s’engager dans leur parcours professionnel. En ce qui concerne le grand public, j’espère qu’il préfère ces conceptions architecturales aux objets « pailletés », dérivés et superficiellement glamour. Les deux autres co-fondateurs et moi croyons que ce projet peut redynamiser la culture de l’écriture à propos de l’architecture au Cambodge.

Sao Phal Niseiy : Vous avez obtenu deux maîtrises d’art en architecture de l’Université de Westminster, pourquoi avoir choisi les options théorie et histoire ?

Je pense qu’il est important de souligner que « l’histoire » dans mon cours ne concernait pas la construction du Parthénon. Il s’agit davantage de discours historiques, comme la manière dont le terme « espace » a été différemment défini par les architectes à travers l’histoire. À mon avis, l’architecture ne consiste pas uniquement à maîtriser les logiciels professionnels ou à esquisser des projets avec talent. Cela concerne la façon dont vous théorisez vos idées de conception, comment vous analysez de manière critique tout ce qui a été construit à travers l’histoire du monde.

Virak Ellis-Roeun
Virak Ellis-Roeun

La conception singulière d’Angkor Wat est le résultat de la « synthèse générationnelle » des principes de conception architecturale khmers. Le cours m’a doté de toutes les compétences susmentionnées. J’étais autrefois un adepte de l’architecture moderne corbuséenne, mais mes intérêts, croyances et principes ont aussi évolué.

Sao Phal Niseiy : Quelle est votre philosophie de conception, comment l’architecture peut-elle influencer notre société ?

Pour moi, les architectes ont la capacité d’impressionner émotionnellement les gens par la matérialité, l’organisation spatiale et l’éclairage dans les bâtiments. Les constructions doivent simuler de manière captivante des expériences sensorielles, afin de pouvoir évoquer des sentiments profonds.

Sao Phal Niseiy : Qui a été votre modèle d’architecte et pourquoi ?

Je travaille depuis plus de six ans sur les concepts de Vann Molyvann et ses créations m’ont profondément marqué. Il sera probablement l’architecte le plus talentueux que le Cambodge n’ait jamais produit. J’ai toujours admiré sa capacité à créer une architecture sensuelle reflétant les anciens modèles de temples khmers. Son magnum opus — le stade olympique — est incontestablement le meilleur design de stade en Asie du Sud-Est. Les contrôles bioclimatiques dans les bâtiments sont une préoccupation commune dans le mouvement de l’architecture moderne, et Vann Molyvann, à travers sa conception du stade, a peut-être synthétisé une nouvelle conception du régionalisme à travers laquelle les techniques ancestrales et les principes de conception modernes peuvent coexister en harmonie.

Sao Phal Niseiy : En parlant d’architecture dans un monde en évolution rapide, quel avenir voyez-vous et souhaitez-vous pour l’architecture cambodgienne ?

Je souhaite vraiment voir nos architectes locaux détourner leurs intérêts de l’incorporation d’éléments néoclassiques dans leurs bâtiments. S’ils croient vraiment au style classique, ils devraient se pencher sur les temples khmers comme référence.

Mais honnêtement, ce n’est pas un avenir que je souhaiterais pour la scène architecturale cambodgienne. Le style est une question de goût et de croyance personnels ; ce n’est pas à moi de dire ce qui devrait être adopté dans le pays. Mais je souhaite assister à la mise en œuvre de la neutralité carbone dans les nombreux bâtiments du pays qui sont érigés actuellement.

Les architectes sont des agents qui peuvent faire de la réduction de l’empreinte carbone une réalité et ils doivent aussi mener ce combat. En outre, les architectes locaux devraient être plus enclins à utiliser la technologie en architecture. Je crois en l’idée d’une évolution progressive. Si le projet Nimmabanakam fonctionne bien, nous pourrons publier des travaux ou mettre en place des ateliers afin de toucher plus de monde. Dans la pratique, je préconiserai toujours l’idée de construire des bâtiments sans aucune empreinte carbone dans notre pays comme dans le monde entier.

Propos recueillis par Sao Phal Niseiy

Avec l’aimable autorisation de Cambodianess. Version anglaise ici

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