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Arts – Société : Prumsodun Ok, « Je veux une société de compassion, de courage et de beauté »

Prumsodun Ok, 32 ans, un Américain cambodgien né de parents réfugiés, souhaitait devenir un danseur «Apsara» dès l’âge de 4 ans. L’enfant avait été séduit par un spectacle filmé transmis à la télévision et vu en famille.

Prumsodun Ok

Prumsodun Ok


Pour lui, peu importe que la danse remonte au septième siècle, ou que les Apsaras soient traditionnellement de belles femmes nées du ciel, destinées à divertir les dieux et les rois de l’ancien empire Khmer. Ok s’est concentré sur la grâce stylisée de cet art millénaire. Il n’était qu’un enfant et nourrissait de grands rêves de danse.

Mais, il a mis ses rêves de coté pendant 12 ans.

Ok a grandi à Long Beach en Californie, ville où résident 20 000 immigrants cambodgiens. Dès l’âge de cinq ans, il a été victime d’intimidations, car il était «différent».

« Je ne sais pas quand j’ai su que j’étais gay », déclare Ok, « mais je peux dire que je me suis senti à l’aise seulement dans mes dernières années de lycée. C’est moi, je suis comme cela et personne ne peut me l’enlever ».

C’est en admirant sa sœur cadette pratiquer des danses traditionnelles khmères qu’il a trouvé le courage d’approcher sa professeure de danse.

Une étoile montante parmi les étudiants

« J’aime beaucoup la danse. Pouvez-vous m’apprendre s’il vous plaît ? » demanda Ok  à Sophiline Cheam Shapiro qui accepta d’emblée. Le jeune homme Ok est rapidement devenu une étoile montante à la Khmer Arts Academy de Long Beach, une école affiliée à un ensemble artistique du Cambodge.

L’école, fondée par Sophiline, enseigne les arts traditionnels aux Américains d’origine cambodgienne. Sophiline a été l’une des premières diplômées de l’École des beaux-arts de Phnom Penh après la chute du régime de Pol Pot. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des principales chorégraphes de danse contemporaine du Cambodge.

Prumsodum Ok & Natyarasa

En 2015, Ok s’est installé au Cambodge et a créé Prumsodum Ok & Natyarasa, la première compagnie de danse gay du pays. Les danseurs âgés de 18 à 24 ans jouent des rôles traditionnellement interprétés par des femmes. La troupe met en scène des danses classiques khmères ainsi que de nouvelles œuvres originales créées par Ok.

« Je puise dans nos traditions et les utilise pour créer un Cambodge plus inclusif, plus compatissant et plus juste », déclare-t-il.

Tolérance de la société cambodgienne

Srun Srorn, 36 ans, fondatrice de CamASEAN  et militante des droits humains, annonce que, si la majorité des Cambodgiens LGBTQ sont marginalisés et victimes de discrimination dans la vie quotidienne, la société est plus tolérante vis-à-vis de l’art.

Le groupe de Ok « est plus professionnel, donc je pense qu’il apporte une réponse positive envers la communauté »,  indique Srorn. « Jusqu’à présent, ses spectacles ne suscitent aucune réaction négative de la part du public ».

Ok affirme que son rôle de professeur de danse rayonne au delà de la salle de classe.

« Les élèves ont appris à voir, ils ont eu le courage de poser des questions et celui d’explorer eux-mêmes différents aspects de la danse. C’est ce qu’un enseignant de toute forme d’art, discipline ou médium, doit inspirer », indique-t-il.

Choung Veasna, 19 ans, originaire de Phnom Penh, déclare que Ok lui a donné confiance : « J’ai appris de mon professeur que, peu importe ce que les gens disent de vous, cela n’a pas d’importance. »

Tes Sokhon, 24 ans, originaire de Pailin, le plus ancien danseur du groupe, avance que son professeur est inspirant. « Il est plus que mon idole », affirme Sokhon. « Il a été et reste le premier professeur à m’avoir formé à la danse classique. Il nous procure des revenus et améliore notre vie. »

La passion de la troupe pour la danse classique khmère n’est pas passée inaperçue

Craig Dodge, directeur du marketing chez l’ONG Phare, la troupe de spectacles du cirque cambodgien à Siem Reap, dit : «Lorsque j’ai visionné la vidéo et que j’ai entendu les jeunes hommes parler de ce que la danse représentait pour eux, leur identité et leur personnalité, ça m’a fait pleurer. »

M. Dodge a travaillé avec Ok pour que les débuts de la troupe à Siem Reap deviennent une réalité dans une ville qu’il décrit comme «le lieu idéal pour entretenir et présenter une nouvelle expression créative cambodgienne traditionnelle ».

Le résident Darryl Collins, historien de l’art, fournit le lieu gratuitement car, « la combinaison de belles et traditionnelles maisons khmères centenaires avec une élégante forme contemporaine de danse classique semblait être  une collaboration passionnante ».

D’autres entreprises de Siem Reap fournissent  gratuitement l’hébergement, les transports, la sécurité et aident à l’organisation des spectacles.

Préjugés

Ok espère qu’un public ouvert d’esprit prendra conscience de la créativité et de l’esprit artistique des LGBTQ Cambodgiens. Le Cambodge ne criminalise pas les relations entre personnes du même sexe, mais des groupes de défense disent que la communauté est encore confrontée à des préjugés les liant à la consommation de drogue et au commerce du sexe et, qu’ils sont souvent caricaturés dans des émissions de télévision populaires.

Pourtant Prumsodun Ok reste plein d’espoir : « Je veux que notre société devienne un modèle de compassion, de courage et de beauté. »

Manilene Ek – VOA Khmer & Cambodge Mag

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