Arts & Photographie : Les artistes-protégés de Kek Soon au « Fish Island Community Arts Centre »
- Christophe Gargiulo
- 1 nov. 2021
- 3 min de lecture
L’artiste cambodgienne et ancienne guide touristique Kek Soon veille telle une vraie maman sur les destinées du centre d’arts situé sur Fish Island à Kampot.

C’est une initiative qu’il faut encourager. Le Centre d’arts de la communauté de Fish Island à Kampot héberge une dizaine d’artistes en herbe, tous issus de milieux défavorisés ou à problèmes.

Situé à une bonne quinzaine de minutes du centre de Kampot, la communauté vit non loin des salines et rizières qui font le charme de la région. Loin des structures traditionnelles parfois trop bien formatées, le centre d’arts est à l’image de son fondateur, Julien Poulson, et de Kek ; bigarré, coloré et plein de vie et de bonne humeur.

L’endroit privilégie la couleur, la verdure et le sourire. Après l’organisation de la première exposition réalisée à partir de déchets, la communauté est aujourd’hui en mesure d’accueillir les visiteurs, de proposer boissons et repas.
Ici, les matières purement scolaires ne sont pas enseignées.
« Notre objectif est d’apprendre à nos pensionnaires certaines compétences, artistiques et même professionnelles », explique Kek.
« Nous leur apprenons à peindre, mais aussi à cuisiner et servir les clients », ajoute-t-elle avant de proposer la visite de l’entrepôt où sont stockées les œuvres de la précédente exposition. Cette récente manifestation était destinée bien entendu au public, mais aussi aux communautés alentour et aux parents.

« Certains de nos jeunes sont en rupture avec leur famille pour diverses raisons. Cela ne veut pas dire que tout est perdu et le fait de montrer ce dont ils sont capables peut devenir un motif de rapprochement ou de réconciliation peut-être », explique Kek à l’optimisme décidément très contagieux.

Elle explique ensuite que plusieurs projets sont en route, notamment la mise en route d’un studio d’enregistrement situé à proximité de la buvette et qui permettra aux jeunes d’apprendre de nouvelles formes d’art et aussi d’accueillir des résidences d’artistes.

Avec la pandémie et les restrictions qui ont suivi, les projets ont pris du retard. D’ailleurs, les bungalows en bambou aux couleurs vives sont destinés aux artistes invités, mais n’ont pas encore pu être utilisés.

Kek raconte ensuite la genèse du projet, créée par la KAMA (Kampot Arts & Music Association) en 2015 afin de créer un environnement de travail viable dans les domaines de la musique, de la danse, du théâtre et des arts visuels, dans les zones agricoles rurales du Cambodge.

« Il s’agit de susciter l’espoir, la durabilité et l’enrichissement chez une communauté pauvre de pêcheurs et d’agriculteurs à Kampot », confie Kek.
L’association se concentre sur quatre priorités artistiques :
Créer un espace de travail et des équipements pour les céramistes, les sculpteurs et les artistes de médias mixtes.
Mettre en œuvre des projets artistiques développés localement avec des ambitions nationales et internationales.
Développer l’art de la scène, y compris musique, danse et théâtre.
Favoriser un espace de création artistique pour l’expérimentation et le développement de l’art multimédia.

À l’origine, le projet est une initiative artistique conçue par Julien Poulson, plus connu comme fondateur du groupe de rock psychédélique The Cambodian Space Project et comme directeur du Kampot Readers & Writers Festival. M. Poulson voit le FICAC comme un espace de travail et une salle de spectacle qui profitera aux artistes qui pourront trouver l’inspiration tout en vivant et travaillant au sein d’une communauté rurale d’agriculteurs et de pêcheurs.

Le centre artistique peut aujourd’hui accueillir des clients et ce type de visite après une promenade sur l’ile est recommandé tant l’énergie de cette communauté mérite l’attention de tous ceux qui ont la fibre artistique et/ou communautaire.

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