Cet article est un extrait du magazine en ligne Cambodge Mag 5, disponible en ligne ici…. Pour télécharger le cahier spécial alumni, cliquer ici…
Arrivée depuis un an dans le royaume, Lucile Seguin est celle qui supporte la gestion et l’animation des deux entités Campus France et France Alumni. Pour comprendre un peu mieux son rôle, Lucile donne quels détails sur son implication avec les alumni, une mission qu’elle ne manque pas de qualifier d’extrêmement intéressante et gratifiante.
CM : Quelle est exactement votre fonction au sein de la représentation française ?
Je suis chargée de mission universitaire et responsable de l’espace Campus France – France Alumni.
Lucile Seguin, chargée de mission universitaire, responsable de l’espace Campus France – France Alumni
CM : Vous avez donc une double casquette…
Oui. En fait c’est dans ma casquette Campus France, qu’il y a la casquette France Alumni. La logique est de se dire que ceux qui partent vont un jour faire partie de France Alumni. L’espace Campus France est au centre de langues de l’institut Français, mais je me rends aussi dans les universités. Nous allons ouvrir un espace France à l’Université des Sciences de la Santé d’ici la fin de l’année. Il y aura des informations sur les études en France, sur les cours de langue à l’Institut, sur la programmation de l’Institut. Et nous projetons d’en ouvrir un à l’Alliance française de Siem Reap.
Et en tant que Chargée de Mission Universitaire au SCAC, je m’occupe aussi de toute la campagne des Bourses du Gouvernement Français. J’ai un rôle d’information et d’animation. Il y a tout le travail administratif, l’étude et la sélection des dossiers, après il y a les commissions, c’est une mission très prenante.
CM : Quelle est votre définition de l’alumni…
Nous avons une lecture assez large. Nous considérons par exemple que ceux qui ont étudié dans les filières francophones, qui ont obtenu des diplômes délocalisés font partie des Alumni. Nous allons également inclure dans les Alumni ceux qui ont été élèves du lycée René Descartes.
CM : Donnez-nous un peu plus de détails sur le fonctionnement de Campus France et de France Alumni
J’ai été recrutée pour apporter un soutien à ces deux entités qui sont très liées. Campus France est un opérateur sous cotutelle du ministère des affaires étrangères et du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans le réseau extérieur de l’Etat il y a des personnes dédiées ou des correspondants de l’opérateur Campus France dans les services de coopération et d’action culturelle. Campus France est chargé de la mobilité, de la promotion, de l’accueil des étudiants et de l’accompagnement des étudiants étrangers avant et pendant leur séjour en France. La structure est aussi chargée de l’animation du réseau des anciens. Par contre, France Alumni est plutôt une marque, un concept, un nom de réseau international qui est décliné dans beaucoup de pays par ses représentants.
CM : Vous intervenez donc aussi au niveau des boursiers, ce sont des gens qui se déracinent pour quelque temps, il y a-t-il des problèmes ?
Pour certains, ce n’est pas toujours évident. Quand on débarque de Kampong Cham et qu’on arrive dans le nord en plein hiver, cela peut surprendre. Mais, il y a peu de problèmes, même si les premiers mois sont difficiles, cela finit par bien se passer. Les éventuels problèmes concernent plus des étudiants partis sans financement, et qui doivent travailler à côté. Pour les boursiers, nous essayons à la base d’évaluer leurs capacités à s’adapter et nous les aidons à se préparer. Et, l’opérateur Campus France est aussi en charge de l’accueil et de l’accompagnement des étudiants sur place. Il y a des gens qui prennent le relais en France et qui s’occupent aussi du suivi.
CM : France Alumni est plutôt un site qui essaie de regrouper, d’enregistrer le maximum d’alumni et, ensuite, d’initier des actions…dites-nous en plus.
En fait c’est une plateforme, avec ses avantages et ses défauts. Nous avons lancé une page Facebook France Alumni et avons déjà organisé un certain nombre d’événements. Le Gala de cette année est un peu un événement de prestige pour marquer le coup, donner un signal, montrer qu’il se passe quelque chose, que la communauté Alumni est en train de se structurer. Nous travaillons également avec la Chambre de Commerce et d’Industrie France Cambodge. Ils ont créé une commission Alumni en interne.
L’idée est d’avoir un réseau d’anciens, qui serait aussi un réseau social, un réseau professionnel, un réseau de contact, et l’objectif est de le construire avec ces alumni. A terme, il est souhaitable que ce soit les alumni eux-mêmes qui donnent une impulsion, et que ne nous soyons là qu’en termes d’appui. Nous en sommes à la phase de structuration, nous commençons par rencontrer les gens, par les connaitre…
CM : Quels sont les premiers résultats ?
En huit mois, nous sommes passés de 0 à presque 900 personnes qui suivent la page Facebook donc cela se construit petit à petit. Cette page dédiée rencontre plus de succès que la plateforme. Nous avons des réponses, des retours, des sollicitations, des gens qui veulent participer à cette initiative.
CM: Dans ce travail avec les alumni, qu’est-ce qui est motivant, qu’est-ce qui est intéressant ?
Nous rencontrons des gens qui ont des parcours absolument incroyables. Ils montrent aussi un réel amour pour la France et une envie de s’investir. Mais, le plus important, c’est avant. Quand ils partent en France, on voit que leur vie change. Une année de mobilité à l’étranger change une carrière, change une vie, change une façon de voir le monde. Et, chez les Alumni, on le ressent encore plusieurs années après. Se dire que, 20 ans après, ils sont encore reconnaissants de l’expérience que leur a apporté la France, c’est assez gratifiant
CM : Dans quel sens ?
Les Alumni ont un vrai discours construit que les jeunes Français n’ont pas toujours. Ceux à qui j’ai parlé m’ont parlé de l’importance de l’éducation à la française, du système français dans le supérieur. Pour être plus précise : Quand on a une bibliothèque pleine on se rend moins compte de la chance qu’on a d’avoir des livres. Ainsi, quand on est étudiant français, on ne se rend pas forcément compte de la chance qu’on a. Les étudiants cambodgiens que j’ai rencontrés sont beaucoup plus conscients de cela.
CM : Avez-vous un exemple ?
Parmi ceux avec qui j’ai pu échanger, il y en a un qui m’a dit que le regard qu’il a sur son pays actuellement n’est plus le même, du fait qu’il soit parti deux ans en France préparer son Master. C’ est quelque chose qui m’a touchée.
Ils ont tous un point de vue différent sur l’expérience qu’ils ont eu. On a tout de même régulièrement des discours qui se recoupent sur la France et sur ce qu’elle leur a apporté. Beaucoup dans leur démarche se demandent aussi comment ils vont tirer profit de leur expérience française pour aider leur pays.
CM: Pour vous sont-ce de bons ambassadeurs de la qualité de l’enseignement supérieur en France ?
Ce sont d’excellents ambassadeurs, de l’enseignement français, tout en étant assez critique. Toute personne qui va vivre à l’étranger ne revient pas en disant que tout est merveilleux. Ils nous aident aussi à prendre du recul sur notre mission.
Propos recueillis par Christophe Gargiulo
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