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12e Festival International du Film au Cambodge : La France est notre patrie de Rithy Panh

Le CIFF 2023 présente « France is our Mother Country – La France est notre patrie », un film de Rithy Panh dans le cadre du programme spécial « CROSS VIEWS ON A COMMON HISTORY – VUES CROISÉES SUR UNE HISTOIRE COMMUNE ».

À propos

L’histoire d’une rencontre ratée entre deux cultures, deux sensibilités, deux imaginaires. Une rencontre qui a débouché sur une colonisation non exempte de brutalité alors qu’elle aurait pu éviter les guerres, le chaos et la destruction.

Basé essentiellement sur des extraits de films d’archives tournés principalement en Indochine au début du XXe siècle jusqu’à la chute de Diên Biên Phu, ce film sorti en 2015, est la poursuite d’une longue réflexion cinématographique sur le temps, la mémoire et le regard.

Le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh demeure l’un des grands expérimentateurs qui aborde le thème de l’histoire douloureuse de son pays sous des angles originaux qui bousculent parfois, souvent, la structure classique du documentaire.

Chasser le mythe

Le film est entièrement constitué d’images d’archives de la période coloniale. Le Cambodge, pays natal de Panh, a été un protectorat français de 1863 à 1953, et a passé la majeure partie de cette période dans le cadre de l’Indochine française, une région regroupant également le Laos et le Vietnam. Cette période a été caractérisée par l’exploitation économique, la répression des soulèvements et l’imposition d’une éducation de type occidental. Pourtant, le projet de Rithy Panh n’est pas simplement de mettre en lumière ces abus qu’il dénonce et de ramener un peu d'équilibre dans les perceptions occidentales de la colonisation européenne en Asie.

Son film ressemble à plutôt une provocation, une « mise à jour des esprits », à même de soulever des questions qui bousculent les idées reçues sur la période de l’Indochine française, souvent idéalisée ou présentée comme une belle aventure au travers des écrits de l’époque, et même par le cinéma.

La différence de propos réside aussi dans les intertitres, utilisés subtilement non pas comme une aide à l’information, mais comme un outil rhétorique, peut-être même ironique. Habillés des cadres semblables à ceux de l’époque du muet, ils contiennent des messages tels que « Travailler pour la mère patrie est une fête » et « Il n’y a plus de frontières ».

Rithy Panh
Rithy Panh. Photo Harald Krichel (cc)

Les séquences entourant les intertitres sapent souvent ces affirmations, jettent la vérité crue en pleine figure. Les messages sur la façon dont la France « extrait » les ressources naturelles du Royaume, sont associés à des images de carrières et d’usines, mais aucun des travailleurs chargés de l’extraction n’est français et aucune des richesses, ou si peu, ne sera partagée avec les Cambodgiens.

D’autres expressions coloniales à la mode, concernant le caractère « énigmatique et simple » du peuple, la nature « sensuelle et soumise » des femmes et le statut des cultures indochinoises comme « sans histoire », sont laissées en suspens. Ces mots sont tout aussi propres à polémique et réinterprétation, mais le réalisateur leur laisse infiniment plus de temps pour peser sur l’esprit du public.

La partition, composée par Marc Marder, collaborateur fréquent de Panh, va et vient entre les impressions désuètes et teintées de nostalgie des genres plutôt associés au cinéma muet. Toute envolée dramatique est bannie et remplacée par une tonalité particulière qui livre ainsi une atmosphère aux ambiguïtés inquiétantes.

« Rithy Panh isole l’impérialisme français en le transformant presque comme une irrégularité bizarre qui existerait en dehors du temps. », disait le critique Daniel Walber, impressionné par la prouesse de Rity Panh.

L’indépendance du Cambodge n’a pas résolu tous les problèmes du Cambodge, et les horreurs qui ont suivi sont largement dénoncées plus tard dans les autres films de Panh. Cependant, la conclusion de ce film met en évidence la force de dialogue, entre le son, l’image et le mot, et souligne parfaitement, et enfin, l’impossibilité d’une vision du monde aussi unique que celle du colon.

C’est en ce sens que Rithy Panh demeure non seulement un grand témoin et rapporteur unique de l’histoire, mais aussi un cinéaste puissant qui sait utiliser les techniques les plus simples du 7e art pour délivrer un propos fort et percutant.

 

Dates de projection

Vendredi 2 Juin 10:00 AM | Bophana Center

Samedi 3 juin 16:20 | Institut français

Entrée libre, premier arrivé, premier servi

Bienvenue également au CIFF Cinema Village à Olympia Mall, au rez-de-chaussée :

Mercredi 31 mai - Dimanche 4 juin 2023, de 9h00 à 21h00



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