Ce mercredi a débuté le 12ème Forum ASEAN au Sofitel Phnom Penh Phokeethra. L’événement est organisé à Phnom Penh par le Comité Cambodge des Conseillers du Commerce Extérieur.
Le Forum ASEAN a été créé il y a plus de 20 ans avec l’ambition de faire découvrir aux entreprises françaises des opportunités de développement ainsi que ses réseaux de distribution. Depuis 2015, la mise en œuvre de l’Asean Economic Community (AEC) a largement contribué à ouvrir de nouvelles opportunités pour les entreprises françaises.
Début du 12ème Forum ASEAN au Sofitel Phnom Penh Phokeethra. Photographie CCIFC
Mercredi après-midi avait lieu au Sofitel une première rencontre destinée à présenter la brochure « Entreprendre au Cambodge 2019-2020 ». Selon Guillaume Massin, Président de la CCIFC, l’ambition de cette publication est de permettre une « lecture claire et utile de l’environnement et du climat des affaires au Cambodge. » Plusieurs intervenants se sont succèdés, développant chacun quelques indicateurs clés de l’économie du Cambodge.
12ème Forum ASEAN
INTERVENTIONS
Cadrage économique par Camille Louyot, attaché économique de l’Ambassade de France
Selon l’ONU, le Cambodge fait partie des Pays les Moins Avancés (PMA). Deux autres pays de l’Asie du sud-Est le sont également, la Birmanie et le Laos. Bien que le taux de pauvreté connaisse une baisse spectaculaire – de 48% il est passé à 13,5% en 2014 – on considère que 64% de la population est encore vulnérable économiquement. Avec un PIB par habitant encore faible, il semble que le Cambodge ne pourra pas sortir du statut de PMA en 2021 comme envisagé. Néanmoins sa croissance de 7,3 % en fait le deuxième pays le plus dynamique dans la région, juste derrière le Laos. Le pays connaît de plus une belle croissance des investissement direct étrangers, ce qui confirme son attractivité économique.
L’économie cambodgienne repose actuellement sur quatre secteurs clés : le textile qui représente 75% des exportations et 800 000 employés (majoritairement des femmes) ; le tourisme qui connaît une augmentation de son activité de 10,7 % en 2018, grâce notamment à l’accroissement du tourisme en provenance de la Chine ; et enfin les secteurs de la construction et de l’agriculture, qui jouent un rôle important. Cette économie reste encore à faible valeur ajouté.
Son économie libérale ainsi qu’une jeunesse compétitive en font un pays particulièrement attractif. Le Cambodge bénéficie également de l’assistance de multiples bailleurs de fonds internationaux comme la Banque Mondiale, l’AFD, et la Banque Asiatique de Développement. Intégré au commerce international par son appartenance à l’OMC et à l’ASEAN, le Cambodge bénéficie de l’accord Tout Sauf les Armes et d’un régime préférentiel douanier accordé par les Etats-Unis.
Cependant, ces accords préférentiels risquent de toucher à leur fin, ce qui constitue un risque pour la stabilité de la croissance du pays. La Banque Mondiale a montré que les pertes pour l’industries du textile, si les accords préférentiels sont annulés, seraient d’environ 350 millions de dollars. D’autres défis attendent le Cambodge afin de soutenir à moyen et long terme sa croissance économique. Le risque d’une surchauffe du secteur de l’immobilier en est un. Un autre reste la question des finances publiques. Si en termes de mobilisation des recettes fiscales, le Cambodge a connu des améliorations, des progrès restent à faire. La diversification d’une économie encore centrée sur le textile est également un thème récurrent, ainsi que le problème des infrastructures qui peut constituer un frein à la pérennité des investissements dans le pays.
Soreasmey Ke Bin, vice-président de la CCIFC
Le Cambodge est un pays qui possède de nombreux avantages pour entreprendre. Le gouvernement est très favorable à l’accueil d’entreprises étrangères, les impôts sur les bénéfices y sont d’ailleurs assez faibles. Une entreprise étrangère n’est d’ailleurs pas obligée de s’associer avec une entreprise locale pour exercer son activité à l’inverse d’autres pays d’Asie. La digitalisation de l’enregistrement des sociétés rend aussi la création d’entreprise particulièrement aisée au niveau administratif. Actuellement les opportunités y sont très nombreuses. Des zones économiques spéciales existent également, et les projets industriels abondent dans le pays.
Guillaume Perdon, trésorier d’Eurocham et directeur de la Bred Bank Cambodia
Le marché bancaire au Cambodge représente 57 banques et 80 instituts de micro-finance. La concurrence bancaire est assez diverse avec la présence de quelques banques européennes et américaines. Un grand nombre des banques étrangères sont asiatiques : malaisiennes, vietnamiennes, thaïlandaises et chinoises. Le taux d’impayés des prêts est relativement bas, seulement 2,8% tandis qu’en France il est de 4,5%. Des chiffres à relativiser car toutes les banques présentes dans le pays n’ont pas encore assimilé les normes internationales pour le calcul des impayés.
La croissance du marché bancaire s’analyse par l’augmentation des prêts immobiliers personnels -une augmentation de 40% en 2018-, dans le domaine de la construction et aussi le commerce de « gros ». Les secteurs qui font le moins appel au crédit bancaire classique sont l’agriculture, le « manufacturing » et le commerce de détail.
Il est tout à fait concevable de se faire prêter de l’argent au Cambodge. des crédits d’entreprises, allant jusqu’à 15 ans, font partie de la panoplie d’offres disponibles. Cependant la plupart des banques au Cambodge exigent une garantie foncière, ce qui est difficile pour les entreprises étrangères. Néanmoins, la BRED propose d’autres garanties sur des projets de création d’entreprise, des garanties pouvant venir de l’extérieur du Cambodge. De plus il est également possible, sous certaines conditions, que l’AFD partage les risques avec la BRED à hauteur de 50%.
Eric Delobel, Vice-président de la CCIFC et CEO de Cambodia Airport lors de sa présentation. Photographie CCIFC
Eric Delobel, Vice-président de la CCIFC et CEO de Cambodia Airport
Le Cambodge est très bien placé géographiquement, cette position très centrale au sein de l’ASEAN lui confère un rôle clé et constitue un atout pour attirer les marchés dans son pays. En terme de chiffre, le pays est relativement peu peuplé, et possède un marché intérieur assez faible, mais aussi très dynamique. On constate que l’aéroport de Phnom Penh dépasse celui de Rangoon en termes de trafic, et que Siem Reap suit juste derrière.
Les investissements chinois représentant 53,24 % des investissements directs étrangers du Cambodge, notamment dans le domaine du tourisme. Avec des attractions touristiques prestigieuses comme les temples de Siem Reap, de Prasat Preah et Preah Vihear, des côtes aux plages idylliques, ainsi que le développement timide du tourisme écologique, l’offre touristique tend à se diversifier.
Les trois sites touristiques majeurs du Cambodge sont actuellement équipés d’aéroports internationaux. L’offre est diversifiée, avec l’arrivée de compagnies low-cost ainsi que de compagnies aériennes renommées. Le pays est désormais connecté à presque tous les pays de l’ASEAN. Le trafic connaît une croissance de 17% par an depuis 5 années, il provient essentiellement des pays asiatiques et en particulier de la Chine, mais également de la Corée, et du Japon.
Par Hugo Bolorinos
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